Le club des incorrigibles optimistes – Avis +

Présentation de l’éditeur

Michel Marini avait douze ans en 1959. C’était l’époque du rock’n’roll et de la guerre d’Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l’arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres.

Ces hommes avaient passé le Rideau de Fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, trahi leurs idéaux et tout ce qu’ils étaient. Ils s’étaient retrouvés à Paris dans ce club d’échecs d’arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu’ils étaient tous d’incorrigibles optimistes.

Portrait de génération, reconstitution minutieuse d’une époque, chronique douce-amère d’une adolescence : Jean-Michel Guenassia réussit un premier roman étonnant tant par l’ampleur du projet que par l’authenticité qui souffle sur ces pages.

Avis d’Enora

L’histoire se déroule de 1959 à 1964 ; Michel, le narrateur, élève au lycée Henri IV, est un mordu de littérature – il lit en marchant- mais aussi de babyfoot. Dès la sortie des cours il se réfugie au Balto, un café proche de Montparnasse, pour jouer. Un jour il y découvre une arrière-salle occupée par des passionnés d’échecs et y reconnait Sartre et Kessel jouant ensemble.

Peu à peu il va s’intégrer à ce club de férus d’échecs, essentiellement constitué de réfugiés d’Europe de l’est. Ces hommes pour la plupart sans statut et sans papiers, au destin précarisé par l’histoire, qui s’accrochent à l’optimisme pour ne pas désespérer, vont devenir pour Michel, une sorte de seconde famille.

« – Demain sera meilleur. Je suis désolé de le constater, Igor Emilievitch, tu es négatif. Moi je suis un optimiste.

Je suis un optimiste aussi, répondit Igor. Le pire est devant nous. Réjouissons-nous de ce que nous avons. »

Il faut dire que la vie de famille de Michel est chaotique, marquée par les non-dits, les secrets, les mensonges et la situation politique difficile avec la guerre d’Algérie.

Parcours initiatique donc pour Michel qui découvrira durant ces années, l’amitié et ses limites, les premières amours, les premières désillusions et la trahison. Car ce récit tourne aussi beaucoup autour du thème du mensonge et de la trahison ; tous les personnages à un moment de leur vie vont trahir quelqu’un ou quelque chose.

Ce roman passionnant, magnifiquement écrit, se dévore et malgré ses 750 pages ne se laisse refermer qu’à regret tant on aimerait suivre encore et encore tous ces personnages attachants et en particulier ces déracinés aux histoires humaines si fortes.

Histoire très actuelle, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec notre époque et si la nationalité des sans papiers a changé, la problématique, elle, est restée la même, on pourrait même dire qu’elle ne cesse d’empirer ! Ce récit nous interroge aussi sur les illusions perdues du XXe siècle et la difficulté pour les hommes de trouver une solution collective au bonheur.

Livre magnifique, Le club des incorrigibles optimistes ouvre néanmoins vers l’espoir et comme le dit Michel « Ce qui relève de la conviction et de l’espoir échappe à la logique. Quand un homme accomplit son rêve, il n’y a ni raison, ni échec, ni victoire. Le plus important dans la Terre promise, ce n’est pas la terre, c’est la promesse. »

Ce superbe roman qui a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2009, est un vrai plaisir de lecture, un de ces ouvrages rares qui transporte le lecteur dans un pur moment de bonheur.

A noter qu’il sortira en format poche, courant avril 2011 !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 750
Editeur : Albin Michel
Sortie : aout 2009
Prix : 23,90 €