Certains l’aiment chaud et Marilyn – Avis +

Présentation de l’éditeur

« — Vous avez vu cette fille ? — Ouais, ai-je répondu. Je l’ai vue. Comment aurait-on pu ne pas la remarquer ? Elle était à tomber, avec son chemisier translucide qui laissait entrevoir le soutien-gorge. Tandis qu’elle longeait l’immeuble des scénaristes, des têtes se sont penchées aux fenêtres, dans des positions insensées. Sa beauté donnait l’impression qu’elle était intouchable, mais son sourire laissait entendre le contraire. Nous semblions du même âge, même si j’ai découvert plus tard qu’elle avait une année de moins. Nous étions presque nés le même jour – moi le 3 juin, elle le 1er. »

Lorsque Tony Curtis croise Marilyn pour la première fois, il a 25 ans. Elle 24. Ce sont deux gosses habités par le même espoir : devenir des stars de cinéma. Huit ans après, réunis par Billy Wilder au sommet de son art, leur rêve s’est réalisé au-delà de leur espérance. Et ils sont sur le point de tourner dans une des comédies les plus populaires du monde.

Dans Certains l’aiment chaud et Marilyn, Tony Curtis dévoile les secrets de ce film magique. De la scène où, déguisé en femme, il apprend à marcher sur des talons, à l’écriture du scénario qui s’invente au fur et à mesure du tournage, de la naissance des répliques cultes aux histoires d’amour, les retards de Marilyn et les tensions, les scènes d’anthologie. Il raconte aussi pour la première fois la nature de sa relation très particulière avec la star, mélange de désir et de remords.

Un cahier photo de 90 images dont certaines inédites.

Avis de Marnie

Tous les cinéphiles ont entendu parler du cauchemardesque tournage du mythique Certains l’aiment chaud, et notamment ont en mémoire la fameuse réponse lapidaire de Tony Curtis quand on lui a demandé quel effet cela faisait d’embrasser Marilyn Monroe… « Comme d’embrasser Hitler« .

Pendant plusieurs décennies, il parlait d’une façon laconique des retards répétitifs et insupportables de l’actrice sans entrer dans les détails, s’attardant seulement sur le génie de Billy Wilder ou son amitié avec Jack Lemmon. Or, pour la première fois, il livre enfin ses souvenirs, ses sentiments et surtout l’énorme émotion conflictuelle qu’il a ressentie tout au long de ces trois éprouvants mois de tournage, et au fil des pages, la complexité des relations et les caractères décrits vont prendre un relief inoubliable.

Tous les amoureux du cinéma rêvent de lire ce genre de livre. Non seulement, Tony Curtis dévoile peut-être « sa » vérité, cependant il ne cherche pas à cacher ses défauts ou tout simplement ses faiblesses. C’est avant tout sa personnalité que l’on découvre et derrière ce visage de jeune premier, se dessine bien vite une vraie fragilité et un évident manque de confiance en soi aussi désarmant qu’incongru. Que penser d’un des plus célèbres « beau gosse » d’Hollywood qui en fait bave d’envie de devenir tout simplement un grand « acteur » ? De son enfance difficile de voyou new-yorkais au mariage avec la blonde jeune première façon “american dream”, celui qui a alors la réputation d’avoir été un des plus grands séducteurs de starlettes traversant ses films, nous parle sans aucune suffisance, de ce qu’il éprouve alors à la veille du tournage qui a changé sa carrière… et son existence.

Tony Curtis évoque sa profonde et respectueuse admiration pour Billy Wilder, son amitié indéfectible pour le génial Jack Lemmon, et surtout… la fascination, la violente attirance sexuelle, la compréhension mêlée de chagrin, de colère et d’affection, toute une gamme riche de sentiments qu’il ressent pour la très fragile Marilyn Monroe.

Grâce à un langage rafraîchissant, spontané et comme pris sur le vif, nous avons l’impression d’assister à tous ces jours de tournage, où se déroulent de multiples évènements tragicomiques, soulignés par d’innombrables anecdotes toutes plus passionnantes les unes que les autres, en dressant au passage des portraits assez singuliers comme celui d’Arthur Miller, ici, froid, mesquin et ridicule à plus d’une occasion, la dynamique de la formidable osmose entre Billy Wilder et son scénariste Izzy Osmond, celui de la maléfique Paula Strasberg professeur qui vampirise sans complexe Marilyn Monroe ainsi que des dizaines d’autres.

Quel plaisir de découvrir que loin de décevoir les admirateurs du film, ce récit autobiographique contribue à enrichir considérablement le mythe créé autour de cette comédie considérée comme une des plus réussies de tous les temps, que nous n’avons pas eu le droit à des propos de promotion du genre « quelle bonne copine c’était ! » ou encore d’après ladite promotion du style « elle était d’une bêtise affligeante !« .

Si vous vous souvenez d’une des plus célèbres répliques du cinéma du film de John Ford, L’homme qui tua Liberty Valance, «Quand la légende devient réalité, imprimez la légende» , et bien, ici c’est exactement l’inverse : la réalité est encore mieux que ne le laissait entrevoir la légende ! Eu égard à l’émotion, et à la fragilité extraordinairement attachantes qui se dévoilent au détour d’une phrase, jamais la réplique la plus célèbre du cinéma n’a été aussi vibrante de sincérité : nobody’s perfect !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 316
Editeur : Serpent à plumes
Collection : Fiction étrangère
Sortie : 1 avril 2010
Prix : 23 €