Une ombre, sans doute – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un homme arrive dans un village du Nord. Ses parents se sont suicidés. Il n’en connaît pas la raison. Commence alors une quête aux souvenirs. Flash-back : nous sommes pendant la Seconde Guerre mondiale, les parents du narrateur viennent de se rencontrer. Ambiance d’un atelier de couture où les ouvrières chantent, aiment et pleurent leurs amours défuntes. Tout est prétexte à oublier les noirceurs de la guerre. Arrive un espion anglais qu’il faut cacher, mais un Allemand n’est pas loin qui peut mettre en péril cet élan généreux.

Michel Quint convoque son héros, un homme ambigu qui avoue ses faiblesses, révèle sa part d’ombre et devine le moment où il n’existera plus de retour en arrière possible. Il jette ainsi, dans ce beau texte d’une densité remarquable, tout son potentiel de compassion et d’empathie.

Avis d’Enora

Michel Quint n’est en général connu du grand public que pour un seul de ses romans : Effroyables jardins. C’est dommage, car ce professeur de lettres classiques qui a commencé par écrire pour le théâtre puis s’est tourné vers le roman noir (il a même obtenu le Grand prix de la littérature policière en 1989) est l’un des grands écrivains français de notre époque.

Dans son dernier roman, Une ombre, sans doute, Michel Quint ré-explore la Seconde guerre mondiale au travers des secrets, des lâchetés et surtout la complexité des êtres.

Un homme de cinquante-neuf ans, revient dans son village natal, pour régler différents papiers administratifs à la suite du décès de ses parents. Pour un « s » qui manque à la fin de son prénom sur son certificat de naissance, Georges va devoir remonter le fil de son destin, jusqu’à ce bal en 1936 ou ses parents se rencontrèrent. Nous sommes tous des monstres issus de cataclysmes anciens, dit-il dans les premières lignes.

Alternant les flash-backs, le narrateur nous emmène dans une véritable enquête familiale au cœur de la Seconde guerre mondiale. Entre culpabilité et lâcheté, passion et jalousie, délation et affabulation, nous suivons cette chronique douce amère, dans laquelle chacun des personnages, morts ou vivants va dévoiler peu à peu sa complexité. Nul héros ici, tous portent un coté sombre et pourtant malgré sa vision plutôt pessimiste de l’espèce humaine, l’auteur sait faire naître une profonde empathie pour ces doubles de nous-mêmes.

Les rebondissements se succèdent à un rythme effréné, jusqu’au dernier chapitre ahurissant, digne des plus grands romans noirs.

Avec une écriture sobre mais en même temps empreinte d’humour et d’émotion, Michel Quint nous livre une intrigue captivante, intense qui se lit comme un roman policier mais qui est aussi une analyse profonde sur la nature humaine et sur le poids du passé qui forge à chacun sa personnalité.

Fiche technique

Format : broché
Pages 2006
Editeur : Joëlle Losfeld
Collection : Littérature française
Prix : 16.00 €
Sortie : 10 avril 2008