Je suis une légende – Avis +/- et –

Résumé

Après qu’un nouveau vaccin a été trouvé pour guérir le cancer, quelques années plus tard, les personnes vaccinées développent une pathologie qui les font muter.

Le colonel Robert Neville recherche un antidote, mais avant qu’il ne trouve quoi que ce soit, 90 % de la population mondiale est éradiquée. Les survivants sont pour la grande majorité des infectés qui vont dévorer les autres. Robert Neville se retrouve seul à New York. Accompagné de sa chienne, Sam, il survit en se servant des provisions qu’il trouve dans les appartements délaissés et en tentant de chasser les animaux qui ont pullulé en l’absence de prédateurs de jour.

La nuit, il se barricade dans son appartement pour éviter que les infectés trouvent son repère…

Avis d’Enora

La première question qu’on se pose après avoir vu ce film, est de se demander si le scénariste et le réalisateur ont lu le livre ! Mais lorsqu’on apprend que Smith, Goldsman, Lassiter et Lawrence ont enchaîné des réunions de travail, pendant des mois, pour tomber d’accord afin de remplacer Los Angeles par New York, cela laisse sans voix ! New York, Los Angeles ou Thorigné-Fouillard quelle importance ? Matheson, dans son livre, nous permettait de réfléchir de façon intemporelle et universelle sur le problème des minorités « Le problème des vampires, espèce minoritaire s’il en est !…ma thèse tient en quelques mots : les vampires sont victimes de préjugés. Or la source des préjugés raciaux réside dans le postulat que la peur engendre la haine » ; sur ce qui définit la normalité « c’était lui le monstre. C’est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés » et la difficulté de l’homme à s’adapter au monde qu’il transforme en le détruisant. Comme dans tous les mythes du fantastique, les figures monstrueuses étaient là pour amener une réflexion sur la différence entre l’autre et soi, sur les rapports de l’homme à la société, à l’histoire, au sacré. Ici rien de tel, pas de philosophie chez ces mutants qui comme le soulignent Val et David n’apportent de surcroît aucune originalité au genre.

Bref, un film ennuyeux à mourir, avec des effets spéciaux ratés, de grandes scènes sans paroles qui auraient nécessité un acteur d’une autre envergure que Will Smith, une référence à Dieu et à Ses messages subliminaux qui donnerait envie de rire si on pouvait se sortir de la léthargie dans lequel ce film nous a plongé et pour couronner le tout une fin grotesque ! Les seules minutes qui m’ont réveillée sont celles ou Will Smith entretient sa forme… il a de beaux restes depuis Ali…

Avis de Valérie

Quelle déception ! Ceux qui ont connu la version de 1971, avec Charlton Heston, ont encore en mémoire cette ambiance si dérangeante – angoissante – qui baignait chaque image. Il était pourtant facile de faire mieux, mais il semblerait que deux choix malheureux ai ôté toute chance de réussite à cette nouvelle adaptation :

– les mutants sont ici réduits à des zombies sans philosophie que leur soif de viande fraîche rend effrayants mais qui sont loin d’avoir cet esprit de revanche, cette condamnation morale qui animaient les précédents survivants des années 1970. De plus, le choix des producteurs de les représenter par le biais d’images de synthèse enlève toute réalité et gomme la menace amenée par l’humanité maudite.

– Will Smith a beaucoup de talents, mais il n’est pas un bon acteur. Lorsqu’on lui demande d’offrir une palette plus large d’émotions, il retombe sans coup férir sur les deux ou trois à son actif. C’est pourquoi, si la première partie tient la route, dès lors qu’il doit exprimer des sentiments plus forts, plus poignants, il nous lâche en route et nous fait perdre tout le bénéfice acquis. Néanmoins, il y a deux très bons comédiens à l’affiche : Alice Braga que l’on voit une dizaine de minutes à la fin et la chienne Samantha, qui est parfaite, émouvante, sensible, opportune, tout ce que n’est pas Will Smith.

Les plus jeunes spectateurs sans référence trouveront sûrement ici un bon film d’action, mais avec la matière du roman de Matheson, les possibilités offertes par les effets spéciaux actuels nous aurions dû assister à un véritable chef d’oeuvre.

Avis de David

Malgré la médiocrité du jeu de Will Smith et de la réalisation de ce film, on peut quand même en tirer quelques points positifs. Bon gré ou mal gré ce film condense l’ensemble des absurdités qui régissent notre quotidien. Ainsi, pendant plusieurs minutes on voit ce brave Will essayer de chasser un daim. On se demande pourquoi puisqu’il a amplement de quoi se nourrir avec des légumes. Mais cela fait parti du mythe du survivant : l’homme échappé d’une catastrophe doit affronter la nature qui est par essence hostile. On doit le voir chasser plutôt que pratiquer la cueillette. Sinon ça ne serait pas un homme, un vrai.

L’autre imbécillité réside dans sa démarche pour trouver un vaccin. Il pratique intensivement l’expérimentation animale et quand il pense avoir trouvé essaie sur un mutant et s’étonne que un résultat positif sur un rat soit négatif sur un humain. Peut-être ses années d’études ne lui ont pas appris l’inutilité de tels tests sur les animaux. On pourrait presque en sourire si cela ne se passait pas réellement dans les laboratoires et universités chaque jour, dans la vraie vie.

Pour revenir au film, les effets spéciaux sont de surcroît assez médiocres et peu créatifs : les mutants sont une sorte de CGI mêlant ceux de la Momie et ceux des goblins dans le Seigneur des Anneaux, notamment le passage dans la Moria. Du déjà-vu.

En résumé : un produit de divertissement qui passe à côté.

Fiche Technique

Sortie : 19 Décembre 2007

Avec Will Smith, Alice Braga, Charlie Tahan

Genre : Science fiction

Durée : 100 minutes

Titre original : I Am Legend