La poupée brisée – Avis +

Présentation de l’éditeur

Ce visage… Cette robe rose…Cela ne peut pas être une coïncidence. Claire Doucett est sous le choc. Cela fait sept longues années que sa fille Ruby a mystérieusement disparu, et qu’elle essaie de surmonter sa peine. Mais aujourd’hui, le passé refait brusquement surface lorsqu elle découvre, dans la vitrine d’un magasin de La Nouvelle-Orléans, une poupée de porcelaine qui reproduit les traits de Ruby à la perfection.

Une poupée qui porte la même robe que sa petite fille adorée, le jour du drame… Après tout ce temps passé dans l incertitude, se pourrait-il que cette poupée livre enfin à Claire la clé du mystère? En compagnie de Dave, son ex mari, un flic miné par le chagrin, Claire est prête à tout pour comprendre ce qui a bien pu briser la vie de leur fille. Mais la poupée est enlevée à son tour, comme Ruby sept ans plus tôt. Volée par un homme que la beauté de la petite fille avait autrefois fasciné et dont l’obsession n a jamais pris fin…

Avis de Marnie

En fait, je pourrais commencer cette critique par l’avertissement final : âmes sensibles, s’abstenir ! Pour décrire le ton de ce thriller, nous devrions écrire que les amateurs de romantic suspenses seront quelque peu choqués, mais ceux qui ont appris à apprécier un auteur comme Alex Kava, trouveront cette intrigue glauque à souhait.

Même si l’intrigue progresse, les deux héros ne se retrouveront en face l’un de l’autre qu’à la page 290. C’est dire à quel point, introspection, évènements de toute sorte, regrets, émotions, péripéties s’accumulent sans flash-back récurrent. Mais Amanda Stevens aime s’attarder sur le ressenti de ce couple torturé, et un peu trop parfois. Lorsque Claire essaye d’entrer dans la boutique, ou alors qu’en pleine nuit, entend du bruit au rez-de-chaussée de sa maison, nous attendons plus de quatre pages avant que l’héroïne se décide à voir ce qui se passe, tout en hurlant de peur à l’intérieur d’elle-même… le lecteur est plus que frustré !

L’aspect le plus intéressant et même passionnant du roman, est surtout la personnalité des deux héros. Claire n’a rien de l’intrépide mère courage que l’on nous montre tout le temps dans ce genre d’intrigues. C’est une femme brisée, au bord de la rupture, en pleine procédure de divorce après l’échec de son second mariage auquel elle n’a participé qu’en simple spectatrice. Introvertie, continuant d’espérer irrationnellement que sa fille est vivante, son comportement est celui d’une survivante qui erre sans but, cherchant dans chaque regard croisé dans la rue, les yeux de son enfant.

Dave, son premier ex-mari est lui, fascinant. Le scénario de sa descente aux enfers semble limpide : muré dans le chagrin à cause de la disparition de sa fille, le policier a tenté de se consoler en trompant son épouse et en sombrant dans l’alcoolisme avant de démissionner. Or, c’est faux. Le tempérament auto-destructeur de Dave l’a déjà mené très loin sans qu’il en comprenne la raison avant même que sa fille ne soit enlevée, la suite représente seulement la conséquence de ce qui l’a poussé à tout faire exploser autour de lui. Sobre depuis seulement quelques mois mais fragilisé et toujours sur la corde raide, il retrouve assez de lucidité pour tenter de faire face aussi bien à ses monstres intérieurs, qu’à ceux qu’il a laissé s’échapper sept ans auparavant.

La double intrigue est assez prévisible, mais se laisse découvrir sans ennui ou surprise, seule l’atmosphère de la Nouvelle-Orléans imprègne le roman. L’ouragan Katrina est passé par là, et deux années plus tard, même si le centre ville attire toujours les touristes, les destructions semblent avoir laissé comme un gouffre. Personne n’a oublié le drame… ce qui accentue l’aspect macabre du roman. [[A titre d’information, précisons que ce n’est pas en allant sur le site de l’auteur que l’impression noire et presque malsaine de son livre va disparaître]]. Les héros ont vécu une tragédie, ils ne s’en remettront jamais, et apprendront seulement non à surmonter ce qui leur est arrivé, mais à vivre avec, au jour le jour.

Les personnages secondaires sont complexes et intéressants, mais là aussi frustrant. Des portes seront ouvertes sans que l’auteur éprouve la nécessité de les refermer, ce qui pourrait nous faire penser qu’une possible suite serait ébauchée. Les proches ne sont pas toujours ce que l’on croit, ou ne font pas ce que l’on attend d’eux. En fait, la frustration est un thème récurrent dans cette histoire. Nous sommes très loin de l’univers que l’on s’imagine asseptisé des romans Harlequin. Comme d’habitude, la collection Best Sellers continue de nous surprendre.

Au final, ce roman n’est pas à lire si votre moral est en berne. L’auteur est sans cesse sur le fil du rasoir et parfois flirte avec la complaisance quant à la douleur des héros. Toutefois, les caractères sont vraiment réussis avec une intrigue bien maîtrisée, aidée par une écriture très travaillée, ce qui en fait un thriller horrifique de très bonne qualité. Une bonne pioche de l’année, même si elle reste assez éprouvante !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 400 pages
Editeur : Harlequin
Collection : Best-sellers
Sortie : 1 septembre 2007
Prix : 6,60 €