M : I : III – Avis +

Avis de Cécilia

J. J. Abrams a pris les commandes de Mission : Impossible : III. Scénaristiquement plus crédible que la version de De Palma mais moins impressionnant que la réalisation de John Woo, il signe pourtant la meilleure adaptation cinématographique de la série culte et un film d’action impeccable. Du coup, il prouve qu’un blockbuster américain – avec tout ce que cela implique – peut être génial.

Le prégénérique frappe d’un grand coup : Ethan Hunt et Julie, sa fiancée, sont retenus par l’affreux méchant. A l’instant où ce dernier s’apprête à tirer pour tuer, le coup de feu part simultanément à l’allumage de l’allumette. Cette séquence choc calibrée au millimètre donne le ton de l’ensemble. Comme je m’y attendais, les scènes d’action sont spectaculaires (courses-poursuites, explosions, destructions et dégats divers) ou surprenantes (comment l’équipe d’Ethan Hunt entre et sort du Vatican après avoir rempli sa mission reste un grand mystère). L’alternance entre les « boums » et l’intimité permettent de mieux surprendre.

Cet opus est également très drôle avec, notamment, la chute du héros qui s’arrête à deux centimètres du sol les bras en croix.

Une scène dans le troisième quart du film est hilarante uniquement pour moi. Elle revoit directement à l’une de mes fixations existentielles : le téléphone portable de Jack Bauer. Le héros de la série 24 – en pour parler pour une adaptation cinématographique – possède un super mobile : il capte partout et ne se décharge jamais. Or, dans un tunnel de Shangaï, lors d’une poursuite automobile explosive, le cellulaire d’Ethan Hunt n’a plus de réseau. Une conclusion simple s’impose : le mobile de Jack Bauer est plus performant que celui d’Etahn Hunt.

Pour terminer la fin du film n’est pas claire et annonce une possible mission impossible IV.

Le lendemain de la projection presse, une conférence au Ritz – place Vendôme – Paris. Quelques informations tirées à Michelle Monaghan (Julie), J. J. Abrams et Paula Wagner, coproductrice.

Quand Tom Cruise demande à J. J. Abrams de réaliser le troisième opus, ce dernier fut ravi car il rêvait de montrer une version de la série culte encore jamais vue à l’écran. Il prétend avoir adoré les deux premières adaptations. Pourtant, il souhait montrer la vie privé d’Ethan Hunt, qui était l’homme derrière l’espion.
Le choix par la production de J. J. Abrams n’est pas innocent. Il est issu de la télévision (Alias, Lost) et réalise chaque épisode comme un long métrage.

J. J. Abrams apprécie les personnages féminins forts : les femmes objets ne l’intéressent pas. Or les deux actrices que l’on voit le plus à l’écran sont réellement mises en valeur pour leur capacité de jeu.

Selon le réalisateur, les scènes « relationnelles » sont les plus difficiles à tourner. Les sènes d’actions sont des challenges techniques. Les scènes intimes portent l’émotion qui doit se voir l’écran.

L’influence de la musique – surtout du thème princiaple – sur la réalisation est important. Parallèlement, il souhaitait ajouter le thème principal ailleurs qu’au générique. Résultat : deux mois de boulot.

Sur le long métrage, J. J. Abrams est entouré des ses collaborateurs télévisuels. C’est très important à ses yeux car le temps est limité sur le tournage d’un film. Une équipe bien rodée permet de gagner un temps considérable.

Michelle Monaghan considère son personnage intéressant. Car, la transition entre la normalité et la découverte d’une autre vie donne de la profondeur. Selon elle, certaines femmes, dans une contexte particulier, sont prêtes à tout par amour.

Tom Cruise effectue toutes ses cascades et inquète de ce fait tous ses collaborateurs (existe-t-il d’ailleurs encore un volontaire pour l’assurer ?). Selon J. J. Abrams, l’acteur est fou de vouloir lui même gérer toutes les scènes dangeureuses. D’un côté, cela rend toutes les scènes d’action crédibles. En même temps, et à l’instar de John Woo, J. J. Abrams ne voulait pas être à la une de la presse pour avoir été le réalisateur qui avait tué Tom Cruise. Cela dit, l’acteur est très bien entouré par une équipe de professionnels et très concentré.

Chacune des adaptations est indépendante : l’histoire, le réalisateur et le point de vue sont différents. Il s’agit plus d’une série de films que des suites.

Cécilia

Avis de Valérie

Question espion, le cinéma a connu des époques plus prolixes. Après l’effondrement du mur de Berlin et du communisme, Hollywood s’est retrouvé à réchauffer quelques braises pour finir par laisser le feu mourir à l’exception de la franchise James Bond.

Puis vint Mission Impossible. Le premier opus fut quelque peu confus et ne rappelait que de très loin la série éponyme. Ce fut pourtant un succès. Tom Cruise s’éclatant dans le rôle de Ethan Hunt (ce Superman de 1m70) continua avec un deuxième épisode qui n’eut que comme qualité de montrer que Tom savait vraiment faire ses propres cascades et prendre de réels risques. Enfin, un petit film qui n’espérait pas tant de succès déboula dans les box offices du monde entier avec une gueule d’ange en guise d’espion formé pour tuer : Jason Bourne (interprété par Matt Damon, tout étonné qu’il fût par le succès rencontré). Bourne Identity a réellement donné un souffle nouveau au genre avec non seulement un scénario moins fantoche, contrairement aux James Bond et des cascades plus proches de la réalité. D’ailleurs, comment croire qu’un Anglais pourrait avoir autant de sex appeal qu’un Sean Connery (Ecossais) ou Pierce Brosnan (Irlandais) ? Pour preuve, Johnny English (interprété par Rowan Atkinson) est en tout point ce à quoi doit ressembler un vrai espion anglais (les gaffes en moins, on l’espère). Pour terminer avec ce tour d’horizon des agents secrets, il ne faut pas oublier Austin Powers avec une franchise florissante dans laquelle, Tom Cruise est apparu en forme de clin d’oeil parodique ! La boucle est bouclée.

Tom Cruise a su tirer la bonne leçon des expériences précédentes en choisissant un scénario qui reprend les bases de la série (l’équipe polymorphe et pratiquement omnisciente) et mélange mission et vie quotidienne. La direction des acteurs à été attribuée à JJ Abrams qui s’en sort parfaitement et nous offre pour l’occasion un très bon film d’action, crédible (enfin, le rythme soutenu nous pousse à pardonner certaines incohérences trop visibles) ou Ethan Hunt/Tom Cruise est enfin humain, excellent à de multiples niveaux, mais ayant un coeur, une âme, des larmes… Un homme quoi. Le couple formé avec Michelle Monaghan (très bonne, on l’avait déjà remarqué dans Kiss Kiss Bang Bang et L’affaire Josey Aimes) fonctionne à merveille même si leur bonheur radieux est parasité par le couple Holmes/Cruise par la ressemblance de la compagne de Cruise avec la jeune actrice qui joue sa fiancé dans le film.

L’intrigue est relativement classique et n’offre que peu de surprises. Par contre les cascades toutes effectuées par le producteur/acteur sont exceptionnelles et l’interaction avec l’équipe réchauffe l’ambiance. On peut enfin s’intéresser à l’équipe de surdoués de l’espionnage avec notamment Ving Rhames (le nouveau Kojak) qui a été de toutes les aventures, Keri Russell (héroïne de Felicity de JJ Abrams) extraordinairement convaincante dans son registre, Jonathan Rhys Meyers dont le physique à la limite du fluet a pourtant rempli son rôle et la magnifique Maggie Q qui complète à merveille l’équipe. Dans les bureaux on retrouve Laurence Fishburne, ambigu à souhait, Billy Crudup, un peu trop transparent et interchangeable, et Simon Pegg (Shaun of the dead) dans le rôle de l’anglais débrouillard et emprunté.

Le méchant lui se distingue par ses très mauvaises manières que toute mère digne de ce nom réprouverait. Il est vilain, sadique et sans pitié. Philip Seymour Hoffman prête ses traits d’ange blond légèrement fané à ce personnage pour en faire un affreux notable, bien que peu présent. On en aurait redemandé sans souci.

La fin du long métrage laisse penser à une nouvelle ère et visiblement à une suite (impression confirmée lors de la conférence de presse du lendemain). Ce troisième tome est le meilleur, de loin, est devrait plaire aux fans des films d’aventure qui n’apprécie que peu les Bondieuseries à la limite du ridicule. Véritable blockbuster de qualité, il n’y a aucune raison de ne pas se faire plaisir en allant le découvrir en grandes salles pour profiter du son et de la qualité de l’image.

Valérie

Fiche Technique

Date de sortie : 03 Mai 2006

Avec Tom Cruise, Ving Rhames, Philip Seymour Hoffman, Michelle Monaghan, Keri Russell, Jonathan Rhys Meyers, Billy Crudup, Simon Pegg, Maggie Q, Laurence Fishburne…

Genre : Action, Espionnage

Durée : 2H06