La Fillette au Drapeau blanc – Avis +

Présentation officielle

Avril 1945, Okinawa. Tandis que le Japon est entré en guerre depuis quelque temps déjà, la petite île tropipicale nippone semble encore épargnée par les conflits. C’est là-bas que vit la petite Tomiko, dans la joie et la bonne humeur, malgré l’absence de sa mère.

Pourtant, quand les bombardements commencent et que son père doit partir sur le front, son quotidien bascule et… Désormais, il faudra survivre… Survivre, envers et contre-tout !!

Avis de Chris

La Fillette au Drapeau blanc est un récit unique qui retrace l’enfance de Tomiko Higa. Tiré de son histoire vraie et du livre éponyme, ce manga scénarisé et dessiné par Saya Miyauchi est un témoignage poignant. L’éditeur a fait un choix éditorial engagé.

En effet, ce manga narre le seul combat terrestre qui eut lieu sur le sol nippon à Okinawa entre avril et fin juin 1945. Malgré la courte période, 180 000 personnes ont perdu la vie. Pire, la majorité n’étaient que des civils. Mais c’est une période sombre de l’histoire qui est très peu connue hors Japon, et qu’il était important de rendre public, ne serait-ce que pour la mémoire des victimes.

Nous suivons donc la jeune Tomiko, alors âgée de 6 ans, encore naïve, mais qui va, par la force des choses, devoir faire le combat de sa vie : survivre. Alors que les bombardements se rapprochent, le père de Tomiko doit partir pour trouver de la nourriture. Seulement, jamais il ne revint et ce fut alors à Yoshiko, l’aînée de la fratrie d’éloigner ses frères et sœurs de la guerre. Ils vont se diriger vers le Sud dans l’espoir incertain de retrouver leur père partit à Makabe. Malheureusement, leur route sera semée d’embûches et surtout recouverte du sang de leurs compatriotes.

Saya Miyauchi réussit avec brio à nous montrer la réalité de la guerre, sans omettre de faits. On y voit la cruauté et l’injustice dû cette guerre qui finit par rendre fou les soldats japonais. La fillette, du haut de ses 6 ans, va découvrir toutes les horreurs les plus inimaginables et, à travers un dessin qui ne cache rien (on y voit des cadavres, des marres de sang) la folie des hommes… On entre littéralement sur le champ de bataille. L’émotion est palpable à mesure que l’on tourne les pages. On s’attache à la fillette mais aussi aux insulaires qui tentent de se cacher par tous les moyens mis à leur disposition.

A travers des personnages authentiques, la fin de la lecture de ce volume unique ne nous épargne pas. On n’en ressort pas indemne. Les images de cette bataille contre les américains restent présentes dans notre esprit. Il faut dire que le travail de recherche a été parfaitement retranscrit dans cette œuvre. Entre des scènes particulièrement intenses et fortes en émotion, l’auteur ne nous ménage pas.

Pourtant, elle n’entre pas dans l’excès d’images violentes. Il y en a, mais elles ne sont pas là pour en rajouter, pour que le lecteur ait pitié. Ces cases montrent seulement la réalité que la fillette et des milliers d’autres Japonais ont dû vivre, sans filtre et sans exagération.

En cela, ce manga est adressé à un public averti, féru d’histoire et qui souhaite en apprendre davantage sur un pan de la Seconde Guerre mondiale passé sous silence dans le reste du monde.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 187, noir et blanc
Sens de lecture : japonaise
Éditeur : Akata
Collection : shojo, autobiographie, guerre
Sortie : 12 octobre 2017
Prix : 7,95 €