Vertigo 34 – Avis +

Avis de Marnie

Pour ce numéro spécial Japon, la revue d’esthétique et d’histoire du cinéma Vertigo a décidé d’accompagner le festival d’automne pour son édition 2008, du 13 septembre au 21 décembre 2008. Donc, il vous reste quelques jours pour en profiter. Pour vous y aider, voici les reportages, analyses, synthèses, entretiens et portraits présentés par la revue qui s’est plongée avec enthousiasme et finesse dans ce Japon d’aujourd’hui, toujours traumatisé par son passé et tourné pourtant vers le futur !

Dans ce numéro 34, nous découvrons dans un entretien avec Alain Crombecque, Marie Collin et Joséphine Markowitz, l’importance du Japon pour le Festival de Paris… plus spécifiquement s’agissant des arts scéniques mais aussi de l’art contemporain !

La première partie intitulée Ici commence un voyage, analyse le film L’ouïe de Toru Takemitsu, et dresse le portrait nuancé du compositeur de musique contemporaine Toshio Hosokawa, avant d’évoquer le mouvement butô (mouvements spécifiques post-modernes de chorégraphie). Ce qui nous entraîne de façon cohérente et naturelle vers un entretien passionnant avec Boris Charmatz, dans sa préparation de la chorégraphie La danseuse malade, avec Jeanne Balibar à partir des écrits de Tastsumi Hijikata. C’est ainsi le moyen de poursuivre cette synthèse et cette évocation de ces recherches chorégraphiques, une vraie étude assez pointue qui nous donne envie de poursuivre par nous-mêmes en évitant tout exotisme vulgaire nos connaissances.

Le dossier Le Japon et son double met en évidence la jeunesse et l’inventivité de la chorégraphie d’aujourd’hui avec les solos de Hiroaki Umeda (autour du ballet : Duo) mais aussi un portrait du très discret compositeur Ryoji Ikeda. Pour montrer l’éclectisme du choix éditorial, est décrite la rénovation de la péniche Louise-Catherine amarrée quai d’Austerlitz à Paris, projet de Le Corbusier, dont les travaux actuels de rénovation sont pensés et revisités par Shunei Endo. Vient le cinéma, celui de Hirokazu Kore-eda, de Kiyoshi Kurosawa, un portrait de de l’écrivain contemporain de la scène Toshiki Okada, avec même une rencontre cinéma/théâtre entre ce dernier et le cinéaste Nobuhiro Suwa, assez fascinante dans les pensées exprimées.

Enfin, le magasine se penche plus précisément sur Shinji Aoyama, sa vie, son oeuvre, ses idées, ses obsessions, l’analyse de certains de ses films, la musique, les plans, mais aussi les impressions artistiques ressenties, avec pour finir et pour mieux comprendre ce cinéaste sans concession qui puise son inspiration dans son enfance mais se transpose dans un avenir avec ses questionnements sur la mort du cinéma japonais… voici la très intéressante et révélatrice carte blanche donnée à ce cinéaste. Un extrait de la littérature de Shinji Aoyama conclura cette plongée captivante dans un univers si différent de notre pensée occidentale.

Honnêtement, vous pouvez vous sentir peut-être rebuté par le vocabulaire quelque fois trop intellectuel plutôt que ressenti ou passionné pour nous faire partager cet attrait pour les mouvements artistiques qui anime la culture japonaise. C’est un petit bémol ! Toutefois, la précision, la vraie analyse qui accompagne le propos très fouillé et diversifié de tous ces sujets évoqués nous font adhérer à ce magasine pas comme les autres… Un ouvrage que vous reposez dans votre bibliothèque et que vous prenez avec vous en vous promenant le long des manifestations du Festival d’Automne… ou en allant voir certains films japonais contemporains !

Abonnement : Capricci ou sur www.revuevertigo.com

Thème du prochain numéro : Le Japon