Suprême NTM en live à Bercy – Avis +

Quelle délectation que de commencer une critique sur un sujet que je sais détesté par la quasi-totalité des autres chroniqueurs d’Onirik.net. Et oui, c’est du Suprême NTM dont je vais vous parler…

Si j’abhorre globalement les productions actuelles de rap français, j’avoue avoir une affection particulière pour les « vieux » et en particulier pour le Suprême NTM que je classe sans honte à côté de mes Beastie Boys, Cypress Hill, Public Enemy et autres Run DMC.

Il me faut bien avouer que l’annonce d’une reformation de NTM, 10 ans après leur séparation, me laissait perplexe. Parfois, il ne vaut mieux pas réchauffer une vieille soupe (adage ouzbèque dont la traduction française perd malheureusement tout le relief). Pire, j’avais entendu sur Nova un micro-trottoir d’après concert où une auditrice se plaignait de leur performance scénique, leur reprochant de faire chacun un concert de leur côté, sans véritable interaction. J’y allais donc avec des a priori, prêt à être déçu.

Mais ce fût un très bon show que nous ont livré Kool Shen et Joey Starr. L’expression « mouiller le maillot » est particulièrement appropriée tellement ils se sont donnés à leur public pendant plus de deux heures. J’en ressors plus que satisfait.

D’abord un POPB qui tarde à se remplir pendant les deux premières parties: Dragon Navy ? puis Lord Kossity. On est impatient qu’ils terminent rapidement.

La population, en tout cas dans les gradins, c’est pas trop le style « racaille » mais bien plus bobos trentenaires (oui, je grossis les rangs). Je suppose que dans la fosse c’était un peu plus jeune.

NTM débarque vers 21h30, bondissant dans les coins de l’estrade, s’haranguant continuellement : tirage de maillots, bousculades… La complicité est peut -être feinte, mais elle est crédible. Leur interaction est complète, la sauce prend rapidement.

Ils démarrent sur un Seine St Denis Style très puissant. Des gradins (et oui, on est vieux nous), le son manque vraiment d’aigus et les basses bien trop grosses, sont d’une qualité inacceptable dans une salle comme Bercy, je pressens l’acouphène à la sortie. Néanmoins leurs flows restent clairs (autant que possible). DJ James et Naughty J sont positionnés en hauteur par rapport à la scène et c’est un mur de lumière qui les entoure, diffusant tour à tour des villes la nuit, un immense ghettoblaster, des flammes ou du métal en fusion… Rien à reprocher non plus du côté des danseurs, la même équipe depuis 20 ans, mais ils ont encore la forme (eux…). Côté danseuses, hmmm, c’est bien aussi, mais par contre il semble évident qu’elles était à peine nées, il y a deux décennies de cela.

L’énergie qu’ils dégagent en live est impressionnante. Ils demandent la participation constante du public, allant même jusqu’à le punir par un « besoin de rien envie de toi » si ils pensent que la foule n’est pas assez bruyante. Ils ont même arrêté le show un instant pour s’en prendre à leurs proches dans les loges VIP, ces derniers ne témoignant apparemment pas assez d’enthousiasme alors qu’ils n’ont « même pas payé le billet ».

Ils joueront tous les grands classiques : Paris sous les bombes, Ma Benz, C’est clair, Tout n’est pas si facile, Qu’est-ce qu’on attend, Laisse pas trainer ton fils, La fièvre, Pose ton gun, C’est arrivé près d’chez toi, Police, etc.

Ils ne se contentent pas de rejouer les morceaux comme dans les albums, mais ils leur donnent une sonorité différente, rejouent des parties pour faire participer la foule, insèrent des breaks… Ils dépoussièrent leur discographie pour notre plus grand plaisir.

A noter, une participation remarquable du beatboxer Eklyps, qui fait un battle avec les deux DJ. Le mélange human beatbox/scratch est une démonstration de technique vraiment bluffante. Ensuite, NTM joue un bon tiers des morceaux avec un groupe de « vrais » musiciens (batterie, basse, guitare, clavier), changeant radicalement le style des morceaux : parfois beaucoup plus reggae, parfois beaucoup plus rock. Pendant les rappels ils vont même nous sortir un bootleg du Smells like teen spirit des Nirvana avec Seine Saint Denis Style. C’est un peu brouillon mais très original, la foule est ravie.

Heureusement, les passages où ils infligent leurs productions solos sont assez rares (je n’aime vraiment pas ce qu’ils ont fait séparément, pas plus 4 my people que B.O.S.S.). On est là pour entendre du NTM, et même si mon voisin râle un peu (grand fan du premier album et qui m’a très généreusement invité pour ce concert), je suis complètement satisfait par la prestation qu’ils ont livrée pendant plus de 2 heures.

Le message anti-Sarkozy, anti-Edvige, … laisse un peu tiède le trentenaire++ que je suis devenu. On pourrait même objecter que c’est bien gonflé de dénoncer le système avec une montre Hublot Big Bang à 11.000 € au poignet. Mais ce n’est pas important, c’est leur fond de commerce et c’est ce qu’attendent les fans.

C’était la dernière date parisienne, maintenant commence une tournée dans toute la France. Ils sont de retours, ils sont en formes et ils vont mettre la fièvre aux fans de rap.