Sartre : l’âge des passions – Avis +

Synopsis

Carla et Frédéric sont un couple d’étudiants qui suivent les cours de Raymond Aaron (Aurélien Recoing) à la Sorbonne. Mais leur admiration va au couple qui fait grand bruit : Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Cette dernière vient de publier Le deuxième sexe, un hymne féministe avant l’heure.

Sartre s’est attelé à l’écriture du monumental Critique de la raison dialectique. Il se rapproche tant du couple qu’il prend littéralement Carla à Frédéric sous le regard bienveillant de Simone, baptisée « Le castor ». Celle-ci finira par sympathiser à son tour avec Carla.

Mais l’écriture n’empêche pas le couple de s’intéresser activement à la vie politique. Ils ont décidé de lutter contre le Général de Gaulle qui, avec son projet de constitution, tente d’instaurer une monarchie constitutionnelle. Jean-Jacques Servan-Schreiber (Matthieu Delarive) lui offre une tribune quotidienne dans L’express. En 1958, le résultat du référendum est terrible : plus de 85 % ont voté pour le Général ! Le cercle d’intellectuels réuni autour de Sartre et Beauvoir est effondré. Mais le combat continue. Sartre prend fait et cause pour le peuple algérien, sauvagement réprimé même à Paris. Frédéric prend même sous sa protection un membre du FLN.

Avis de Luc

Le téléfilm de Claude Goretta, Sartre l’âge des passions (dont on a vu la première partie lundi soir), nous plonge avec émotion dans le cercle des intellectuels de gauche qui ont toujours mêlé l’écriture à l’action. Sartre et de Beauvoir sont une figure emblématique de ce combat permanent. L’engagement de Sartre contre l’autorité du moment, symbolisée par le général de Gaulle, force l’admiration. Dommage qu’au milieu du téléfilm, la romance entre Carla et Frédéric tombe à plat et cette partie n’est pas du tout dans l’ambiance du reste. Dommage, c’est le seul faux pas de ce téléfilm remarquable.

Les comédiens sont éblouissants : Anna Alvaro campe une Simone de Beauvoir protectrice envers son compagnon qu’elle vouvoie (ce qui lui donne un charme suranné). Quant à Denis Podalydès, il est époustouflant. Il ne se contente pas de jouer Sartre (comme l’avait fait Laurent Deutch précedemment). Il l’incarne avec ses tics.

Les autres personnages sont également importants : Raymond Aaron, Jean-Jacques Servan Shreiber sont aussi des figures intellectuelles qui ont compté. Cela fait d’autant plus de mal qu’aujourd’hui, le rôle (majeur à cette époque) des intellectuels soit aussi peu pris en compte aujourd’hui.

Mardi soir, nous verrons sur France 2 à 20h50 la seconde partie de ce téléfilm remarquable, où Sartre n’arrête pas le combat, en allant rendre visite à Fidel Castro et Che Guevara.

Fiche technique

Genre : chronique politique

Avec Denis Podalydès, Anne Alvaro, Maya Sansa, Frédéric Gorny, Elisabeth Vitali, Nino Kirtadze, Aurélien Recoing, François Aramburu, Emmanuel Salinger, Thomas Cerisola, Alexandre de Marco, Carlo Brandt, Christophe Raymond, Eve Bitoun, Matthieu Delarive, Nour-Eddine Mâamar, etc.