Rencontre pour le film ‘Plumes’

Lors d’une projection en avant première au Majestic Bastille, nous avons eu l’occasion d’assister à une rencontre avec le réalisateur égyptien Omar El Zohairy pour le film Plumes.

Retour sur les échanges après la projection du film.

Les réponses ont été retranscrites en fonction de la traduction française faite au cours de la soirée, il se peut également qu’elles soient incomplètes.

Présentateur : Première question, depuis le début, le départ du film est la situation de prestidigitation, l’histoire du père qui se transforme en poulet ou est-ce que le scénario partait sur autre chose et cette idée est venue après ?

Omar El Zohairy : Au départ, mon idée était sur la place et le rôle du père au sein de la famille et après je me suis dit que je n’allais pas faire ça, car c’était très cliché. Donc ça a évolué, on voit une mère perdant son mari en se transformant en poulet. A partir de là, j’ai suivi mon intuition et j’ai commencé à prendre des risques et au final le film en est arrivé là.

Présentateur : Quand on part sur quelque chose comme ça, il faut que se soit crédible. Comment peut-on avoir un film réaliste fondé sur une base insensée ? Il y a un grand écart.

Omar El Zohairy : Tout d’abord, le point principal est que j’ai fait appel à des personnes qui ne sont pas des acteurs de base car un acteur fait une performance, et là, je ne voulais pas ça, je voulais des personnes qui savent vivre la chose. La première partie a donc été de trouver des acteurs qui pouvaient jouer et vivre ces personnages. Et je ne voulais pas seulement faire un film drôle sur un homme qui devient un poulet, c’était surtout pour suivre cette femme qui au début semble assez passive, et au final, on remarque qu’elle n’est pas du tout passive et qu’elle devient active à la fin du film. Je voulais me concentrer sur cette femme et son dilemme.

Présentateur : Au niveau du choix des décors, c’est aussi très stylisé, cela créer un effet sortant du réalisme classique. Comment est arrivé ce choix de composition du décors ?

Omar El Zohairy : En fait pour ce film, il était important de s’inspirer de la littérature pour l’atmosphère. Initialement, on vient d’une situation assez basique, la situation d’une femme qui s’occupe de ses enfants et qui n’y arrive pas. Je jouais sur l’image, l’abstrait permettait d’ancrer l’absurdité de la situation et ajoutait un côté horrifique comme du Kafka.

Question du public : J’aimerais savoir combien de temps a duré le tournage, ainsi que le budget du film ?

Omar El Zohairy : Concernant la durée du tournage, ça a duré 5 semaines, et pour le budget, je ne sais pas.

Question du public : Je n’ai pas bien compris ce qu’il arrivait au père, était-il encore dans la boite ?

Omar El Zohairy : C’est quelque chose qui a été fait exprès, le film se développe autour de cette question et cela permet de garder l’attention du spectateur. On se demande ce qui est arrivé, on joue avec l’imagination du spectateur, on crée alors le film ensemble. J’avais une réponse sur ce qui lui est vraiment arrivé, j’ai construit le film autour de cette réponse, mais je ne la donnerais pas car je pense que chacun peut se faire sa propre idée. Il y a aussi une citation de Robert Bresson « Il faut cacher l’information la plus importante au spectateur afin qu’il puisse se faire son propre film ».

Question du public : Il y a beaucoup de thématique concernant les droits de l’homme dans le film, et également la place des animaux, même si c’est assez allégorique. Quel est votre perception des animaux et comment avez-vous pu les gérer ? Et enfin, quels sont vos influences de cinéma Egyptien ou Arabe, mais aussi le cinéma italien, comme le fait de faire appel à des acteurs non professionnels ?

Omar El Zohairy : Pour la première question, il s’agit d’un film concernant la vie, et dans la vie, on va parler des droits de l’homme, on va parler des choses humaines, c’est pourquoi il est important de parler de cela. J’observe beaucoup autour du monde les comportements des individus, et j’ai remarqué qu’au final, on se comporte tous pareil, mais il peut y avoir quelques nuances d’un pays à l’autre.

Pour la deuxième partie de la question, avec les animaux, il y en a souvent, mais je ne voulais pas montrer quelque chose déjà fait auparavant. Ce n’est pas pour être prétentieux, mais je veux innover et proposer quelque chose de nouveau.

Poir mes références, Youssef Chahine dans les années 90 a beaucoup innové dans le cinéma égyptien, justement, il a fait des choses qui m’ont aidé, la comédie notamment. Je me suis beaucoup inspiré de lui. Et Oussama Fwazi, il m’a beaucoup inspiré car il parle de la cruauté et comment on réagit face à cette cruauté et cette violence. Cela m’a aussi inspiré pour la musique du film car les musiques ne vont pas du tout avec le film et c’est ce contraste qui me plaisait.

Question du public : Il y a essentiellement des plans fixes, pourquoi ce choix ?

Omar El Zohairy : Il y a deux raisons à cela, la première est que je voulais créer des plans fixes faisant penser à des photographies, le décors est ainsi un cadre qui ne bouge pas. Et ensuite, je voulais que chaque spectateur se fasse sa propre interprétation, que chacun puisse se concentrer sur ce qu’il veut à l’écran.

Sortie du film au cinéma : mercredi 23 mars 2022