Rencontre avec Elizabeth Aston

Pour la première fois au Salon du Livre de Paris, la romance était à l’honneur. Les éditions Milady Romance avaient fait les choses en grand, avec un stand des plus délicats (décoration raffinée, diffusion de period-dramas BBC en boucle, choix considérable de romans variés…), mais surtout en invitant la romancière tête de liste des succès de l’éditeur, la britannique Elizabeth Aston, auteur d’une série de six livres inspirés par Orgueil et Préjugés[[ Elle est aussi auteur de polars sous le nom d’Elizabeth Edmonton, mais n’est pas encore traduite à ce titre en France]].

Née au Chili d’un père anglais et d’une mère argentine, Elizabeth Aston a vécu en Inde, à Malte et en Italie. Passionnée par l’oeuvre de Jane Austen, elle a étudié à Oxford avec lord David Cecil, le biographe de la célèbre romancière. Elle vit aujourd’hui en Angleterre et en Italie [[Source Milady Romance]].

« Tous mes romans sur Jane Austen ont été inspirés par mon amour pour cette auteure, ses héros, ses héroïnes et son incroyable sens de l’humour», explique-t-elle. Et c’est véritablement le fil rouge de toute son oeuvre. Ne cherchant ni à plagier, ni à copier le style de son illustre modèle, elle a su trouver une manière qui n’appartient qu’à elle de croquer des héroïnes tout en contraste.

Lors de la conférence Cinquante nuances de romance, Elizabeth Aston s’est exprimée sur la position des auteurs de romance en Grande-Bretagne, guère plus glorieuse qu’en France, tout le contraire de ce qui se passe aux Etats-Unis.

Jane Austen et les littératures qu’a engendré son oeuvre (courte, puisqu’elle n’a que six romans terminés à son actif), sont un phénomène unique dans le monde littéraire. Pour Elizabeth Aston, tout a commencé lorsqu’une romancière s’est mis dans la tête d’écrire la fin de Sanditon, que Jane avait laissé inachevé.

Elizabeth Aston avoue avoir eu quelques réticences à entrer dans le monde austenien, il faut savoir qu’elle tient son prénom de la fameuse héroïne Elizabeth Bennet, ses deux parents étaient de fervents admirateurs de l’auteur d’Orgueil et Préjugés.

Vexée d’avoir pour prénom celui d’une héroïne fictive, elle a eu du mal à lire les romans, mais une fois qu’elle avait commencé, impossible de s’arrêter. Et surtout, immense frustration de n’avoir que six oeuvres à se mettre sous la dent. D’où son désir de se lancer dans la mêlée, les oeuvres dérivées sont fort nombreuses et variées presque à l’infini !

Pour elle, une des clefs du succès rencontré par Jane Austen (qui ne se dément pas bien au contraire) tient dans le fait que tout public y trouve son compte, tant les milieux universitaires que populaires. Nous ajoutons à cela également, l’énorme potentiel romanesque véhiculé par les séries BBC.

En imaginant un personnage tel que Mr Darcy, Jane Austen a poussé à son plus haut le modèle du héros masculin, estime Elizabeth Aston. Preuve en est qu’il continue de charmer les nouvelles générations, plus de 200 ans après sa naissance.

Il est un objet de fascination pour bien des lectrices, et par conséquent pour bien des auteurs. Dans ses livres, Elizabeth Aston se propose de fantasmer sur ce que pourrait être la génération suivante des Darcy, et pour Elizabeth et son mari, elle avoue n’avoir pu s’empêcher d’imaginer pour eux une suite « à la sauce conte de fées », puisqu’ils se marièrent et eurent… sept enfants !

L’autre talent de Jane Austen réside dans le fait d’avoir su manier satire, humour et sentiments dans un même roman. Et de reproduire ce schéma six fois, en se renouvelant. Elizabeth Aston ne peut s’empêcher de se demander ce qu’aurait pu écrire Jane Austen si elle avait pu vivre plus longtemps[[ Elle est morte à l’âge de 41 ans]], quels auraient pu être ses romans de la maturité.

La romancière est chaque jour éblouie de constater l’immense succès de Jane Austen à travers le monde non anglo-saxon, et notamment en France. Elle était particulièrement ravie de l’accueil chaleureux des fans françaises, qui sont venues nombreuses la saluer au stand Milady Romance, surtout le dimanche à l’issue de la conférence. Nous sommes passés la revoir, tous ses romans Darcy dans l’âme avaient été vendus.

Bravo donc à Milady Romance pour cette merveilleuse initiative, pour son dynamisme et son enthousiasme. Nous savons que le monde austenien chez Milady nous réserve encore bien des bonheurs, puisque nous avons eu la confirmation que toute la série d’Elizabeth Aston sera traduite, tout comme celle d’Amanda Grange, ainsi que bien d’autres surprises encore secrètes à ce jour !

Merci infiniment à Elizabeth Aston, pour sa grande gentillesse, sa patience et son humour.