Rencontre : Harlan Coben – Avis +

Nous avons à peine le temps de poser nos affaires que Harlan Coben entre en coup de vent. Avec l’énergie qui caractérisera tout l’entretien, il nous fonce littéralement dessus, nous serre pratiquement de force la main en lançant : « Hi, Harlan Coben, nice to meet you« . Il nous entraîne au buffet et avec entrain nous pousse à prendre café ou thé, petits gâteaux. Ainsi qu’il le précisera plus tard, c’est un ancien basketteur, et ce côté sportif prêt à entamer un marathon ressort déjà de manière évidente. Il prend place en souriant au bout de la table, tout en riant, précise qu’il se sent comme un président de conseil d’administration, alors que dans un silence quasi religieux, nous nous asseyons.

Courtois, il demande même si tous les appareils sont bien branchés, s’il n’y a pas de problème, présente sa traductrice avec chaleur. Les plaisanteries fusent, la complicité de leurs relations est telle que nous nous sentons plus détendus, la personne que nous percevons derrière l’écrivain mondialement connu, est accessible, l’empathie presque immédiate.

Il y a des minutes qui peuvent paraître très longues, et là une heure qui s’écoule en quelques secondes. Nombre de petits déjeuners ont été moins passionnants que celui-ci ! En une heure, peut-on se permettre de dire que l’on connaît quelqu’un ? Bien évidemment non, mais c’est un délai suffisant pour ébaucher certains traits de son caractère. Le pire dans une rencontre avec quelqu’un dont on admire le talent, c’est de s’apercevoir que sa personnalité est décevante, mesquine, blasée ou gonflée de vanité. Ici, c’est tout le contraire qui s’est produit. Harlan Coben, est un showman, avec tout ce que cela entraîne de stéréotypé, son côté extraverti, son assurance, ses réponses complètes sans hésitation, sa capacité de nous entraîner ou il le souhaite, mais aussi j’ai constaté avec plaisir, son profond intérêt pour les gens.

Ainsi comme on le verra pour la retranscription de l’interview, il nous dit ce qui l’a animé à écrire Promets-moi, mais aussi son attitude envers nous, répondant aux questions en fixant la personne dans les yeux, accordant son attention avec tact à chacune et chacun, ironisant avec tout le monde. Je ne parlerai que de petits détails, comme de s’arrêter au milieu d’une phrase pour laisser à une personne le temps de vérifier si l’enregistrement se passait bien, ou encore d’accélerer soudain une réponse, parce qu’il s’aperçoit que sa traductrice grignote une viennoiserie. En fait, il souhaite très gentiment la placer dans l’embarras, ce qu’elle relève en plaisantant et qu’il approuve en nous faisant participer avec humour. Cela provoque rire et détente, le respect et la sympathie sont mutuels.

Il est évident qu’il a également apprécié que les premières questions soient toutes axées sur son roman et c’est de lui-même qu’il a élargi parfois le thème, ironisant sur le fait que l’on mette autant de temps à poser une question sur le film Ne le dis à personne. Il remerciera même à la fin pour la qualité des questions… Bien évidemment, on pourra me rétorquer qu’en bon américain, c’est un professionnel du service après-vente. Seulement, je n’ai senti aucune impatience, aucun signe d’énervement ou de tension. Harlan Coben dit lui-même qu’il est un homme qui se nourrit de la simplicité du quotidien, qui aime les gens, et qui s’imprègne de toutes ses expériences relationnelles pour créer de nouvelles histoires avec des personnages qui sont au plus près de la réalité qu’il a perçue.

C’est donc avec une bonne dose d’enthousiasme, que nous sommes sorties de cet interview pas tout à fait comme les autres. J’ai même eu le droit à ma petite réflexion personnelle ! Bon, cet homme n’est pas parfait… pour preuve, il a gardé mon stylo !