Raisons d’état – Avis +

Résumé

Edward Wilson (Matt Damon), brillant étudiant en poésie à l’université de Yale dans les années 1930, et membre d’une société secrète, est envoyé en Angleterre pour renseigner les services secrets américains pendant la guerre. Il est ensuite recruté à l’agence de renseignements américaine, la CIA, fondée en 1947, dans laquelle il monte dans l’échelle de cette agence, mais la guerre froide empoisonne les relations : tout le monde se méfie de chacun.

Avis de Luc

Pour sa seconde réalisation (après l’excellent Il était une fois le Bronx), Robert de Niro nous offre, avec Raisons d’état un film sombre et austère, à l’opposé des films d’espionnage que l’on voit habituellement. Le héros, Edward Wilson, semble sorti d’un film de Bresson ou de Bergman. Il est campé par un acteur hors pair, Matt Damon, qui utilise la même expression que le personnage de James Bourne dans la série des La mémoire dans la peau où il incarnait déjà un agent de la CIA rongé par le doute.

Il est continuellement sombre, gris, et la seule scène où son visage se détend est quand il rencontre une étudiante sourde à la bibliothèque. Il vivra avec elle sa seule histoire d’amour, hélas pour lui, très courte. Le reste de sa vie est marqué par la suspicion, la peur de la traîtrise alimentées par la guerre froide. Il néglige son épouse (Angelina Jolie, pathétique en femme blessée) et son fils qu’il nomme Edward jusqu’à ce que son couple vire au drame.

L’ambiance générale du film est donc très sombre et il faut s’accrocher pour tenir pendant les presque trois heures de projection, qui semblent presque aussi longues que la période couverte par le film qui s’étend de 1925 (la jeunesse d’Edward Wilson) au fiasco de la Baie des Cochons en 1961, tentative ratée du débarquement à Cuba des militaires américains.

Pendant toute cette période, on assiste à la transformation de l’agence des renseignements pendant la guerre, l’OSS, en la CIA, fondée par un général rongé par la goutte (interprété par Robert de Niro dans un rôle très court) en 1947 en pleine guerre froide. La tentative de renversement à Cuba est imputée à un traître en interne de la CIA qui a probablement donné les renseignements à Fidel Castro, d’où l’ambiance délétère et pesante au sein de l’agence.

Tout cela est passionnant et on attend la suite couvrant la période de 1961 à 2001.

Robert de Niro, qui récemment n’avait pas retrouvé de rôle à sa hauteur (Mon beau père et moi, etc.) confirme qu’il est un grand réalisateur, même si son long métrage est difficile à suivre.

Les acteurs sont parfaits. Ils ont été récompensés à Berlin en février dernier par l’Ours d’argent de la meilleure interprétation. La liste est impressionnante : Matt Damon, Alec Baldwin, Billy Crudup, Angelina Jolie, William Hurt, Robert De Niro, John Turturro, Joe Pesci, Michael Gambon, etc.

Un grand film dramatique qui manque un peu de souffle mais est passionnant si l’on s’intéresse à l’histoire récente des USA.

Fiche technique

Genre : drame

Durée : 160 minutes

Sortie en salle : 04 juillet 2007

Titre original : The good shepherd

Avec Matt Damon, Alec Baldwin, Billy Crudup, Angelina Jolie, William Hurt, Robert De Niro, etc.