Microserfs – Avis +

Présentation de l’éditeur

Narrated in the form of a Powerbook entry by Dan Underwood, a computer programmer for Microsoft, this state-of-the-art novel about life in the ’90s follows the adventures of six code-crunching computer whizzes. Known as « microserfs, » they spend upward of 16 hours a day « coding » (writing software) as they eat « flat » foods (such as Kraft singles, which can be passed underneath closed doors) and fearfully scan the company email to see what the great Bill might be thinking and whether he is going to « flame » one of them.

Seizing the chance to be innovators instead of cogs in the Microsoft machine, this intrepid bunch strike out on their own to form a high-tech start-up company named Oop! in Silicon Valley. Living together in a sort of digital flophouse –« Our House of Wayward Mobility » — they desperately try to cultivate well-rounded lives and find love amid the dislocated, subhuman whir and buzz of their computer-driven world.

Funny, illuminating and ultimately touching, Microserfs is the story of one generation’s very strange and claustrophobic coming of age.

Avis de Nicolas

Microserfs se présente comme le journal intime d’un développeur de Microsoft dans le milieu des années 1990. A cette époque, nous ne sommes plus à l’age des pionniers, l’usage de l’internet se popularise mais nous sommes encore avant que la bulle ne devienne trop volumineuse et le grand n’importe quoi des web-compagnies de l’an 2000.

Initialement, il s’agissait d’un article pour la revue américaine Wired, et Douglas Coupland décidera d’en faire une nouvelle éditée chez Harper-Collins.

La narration est très linéaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue ou de coup de théâtre. Dans une certaine mesure, Microserfs ressemble au Less than Zero de Bret Easton Ellis. On se demande souvent où il va avec ce récit et il est probable que ceux qui attendent un dénouement quelconque seront déçus par la conclusion du livre. C’est juste un témoignage de son temps, dans un environnement social particulier.

Plus que dans l’histoire, l’intérêt réside dans la description, les interactions et le développement des personnages. Nous sommes en 1993-1995 à Redmond dans l’état de Washington. Daniel est colocataire d’un appartement peuplé uniquement de développeurs de Microsoft. Leur vie est dédiée quasi-exclusivement à leur job, dans le building Seven (bâtiment qui n’existe pas en réalité), mais les postes qu’ils occupent ne semblent pas vraiment passionnants. Dan est testeur, et aspire à passer dans une équipe de développement. Les colocs sont Todd (grand amateur des salles de gym, obsédé par le développement de son corps), Bug (homo caché qui finira par faire son coming-out), Susan (à l’initiative d’un mouvement de féministes codeuses), et enfin Michael, le plus brillant de tous, celui qui sera tour à tour descendu en flamme par Bill, puis assigné à un projet secret par Bill. Car Bill est idolâtré et craint comme Dieu lui-même. «Bill is wise. Bill is kind. Bill is benevolent. Bill, Be My Friend… Please!». Bill est le maître dans ce royaume et tous les employés sont à mi-chemin entre des serfs et des fanatiques sectaires. Un personnage important s’ajoutera au groupe : Karla, comme les autres, est employée par Microsoft. Elle deviendra la petite amie de Dan, évènement considérable dans sa vie d’informaticien.

Michael travaillera jours et nuits, puis disparaitra de la circulation et enfin quittera Microsoft pour monter sa propre compagnie en Californie, préfigurant l’age d’or des start-ups de la Valley. La deuxième partie du journal décrit l’aventure de la bande dans la société Oop!. Basée d’abord dans le sous-sol des parents de Dan, en attendant que soit prêts les bureaux, construit uniquement avec des pièces de Lego. Les parents de Dan sont également des personnages intéressants. Le père est un ancien cadre d’IBM, licencié après de nombreuses années de service, et luttant pour retrouver un job dans un univers professionnel en complète révolution.

Le journal est écrit, bien avant l’heure, comme un blog. Certains jours, le narrateur se contente de lâcher une série de mots, parfois il colle deux pages d’un texte en binaire. L’écriture du jour peut se résumer à un simple « Thursday : no nightmares last night. » ou s’étaler sur plusieurs pages. Le journal est tapé sur son PowerBook, et il utilise différentes polices de caractères, différentes tailles de fontes et parfois une pagination (alignement à droite) déroutante.

Il est plaisant de voir que 13 ans après, Microserfs n’a pas pris une ride. Une description de la vie de geeks comme d’autres avant et d’autres aujourd’hui… Quiconque travaille dans le monde du développement logiciel se retrouvera dans les différents traits de personnalité des personnages. En 2006, Coupland écrira jpod considéré comme la suite de Microserfs pour les années Google.

Quelques citations : « TV and the Internet are good because they keep stupid people from spending too much time out in public », «Sometime when you’re all alone in a room, ask yourself if what you do for a living
can be done by someone in India. If there’s even a flicker of doubt, then you have to admit that you’re doomed.
».

Fiche technique

Format : broché
Pages : 371
Editeur : Harper-Collin
Sortie : 1 juin 1996 (réédition)
Prix : 9,66 €