Marie-Antoinette- Avis +/-

Synopsis

À peine sortie de l’adolescence, Marie-Antoinette, la dernière reine de France (de la dynastie des Bourbons) épouse un adolescent lui-même emprunté et n’ayant visiblement aucun intérêt pour sa jolie femme.

Avis de Valérie

La délicatesse de Sofia Coppola se cisèle tout au long de la première partie du film pour transcender le destin de cette gamine donnée contre une alliance qui fera sa perte. On découvre avec étonnement (ou horreur) les fastes et l’étiquette de la cour de France. Il est difficile d’imaginer comment la jeune Autrichienne a pu survivre au sein de ce panier de crabes qui ne l’a épargné en rien.

Selon l’Histoire, elle s’est mêlée aux potins et affaires d’état pour favoriser sa famille maternelle dans la politique étrangère ce qui lui vaudra les foudres de ses détracteurs. Selon le récit de Sofia Coppola, son ennui transformé en spleen puis en débauche mène la jeune femme à vieillir prématurément et être le bouc émissaire des Français en furie. Antithèse de l’autre princesse autrichienne (Sissi) qui se faisait aimer partout où elle passait malgré ses défauts et son inconstance, la pauvre petite fille riche est incomprise et se grise d’abord dans les fêtes puis dans la nature au petit Trianon. Son aventure avec Alex de Fersen est à peine évoquée, alors que la réalité en fait son compagnon de coeur et d’infortune jusqu’à la fin.

Ce que le film ne montre pas, c’est ce qui passe après les dernières images, c’est à dire les négociations avec les patriotes. Marie-Antoinette refusera tout compromis avec le peuple et poussa à la guerre son frère (l’empereur d’Autriche) et ses alliés pour qu’ils viennent rétablir la situation à Paris. Pendant 4 ans, elle refusera toute aide extérieure conduisant à la mort famille et proches.

En France, la révision de l’histoire est sévèrement punie, mais pas la licence poétique. Dans ce cas, le film de Sofia Coppola est d’une beauté esthétique rare, d’une sensibilité fine quelques fois, mais la seconde partie (la sacralisation de Marie-Antoinette) devient vite aussi ennuyant que la vie de l’héroïne à la cour.

Le récit incrimine Louis au sujet de leur problème de conception. On nous le montre poltron et sans intérêt pour les choses du sexe. Par contre, l’archiduchesse d’Autriche nous est décrite comme une maîtresse de patience. En réalité, selon les rapport de la cour, le roi était trop bien équipé pour la jeune femme qui elle avait un problème d’étroitesse… Ils finiront par avoir quatre enfants (seulement trois mentionnés dans le long métrage) dont deux mourront en bas âge. Le roi Louis XVI est mal joué par le cousin de Sofia Coppola, Jason Schwartzman (fils de Talia-Aaadrian!-Shire), qui n’a rien du roi débonnaire que l’on disait grand et intelligent, aux yeux clairs et au tein frais.

La réalisatrice fait donc preuve de népotisme le plus primaire et le reste casting est soit ridiculement français (avec quelques fois un accent désagréable en VOST) ou trop anglo-saxons (certains visages, malheureusement, sont si anglais ou américains que ça en est gênant).

La Du Barry, interprétée par Asia Argento, est outrée mais finalement crédible ainsi que Louis XV joué par Rip Torn. On note également Steve Coogan en mentor patient et Rose Byrne, vue dans Troie, habite ici la dévoyée princesse de Polignac.

Au final, la pourtant talentueuse réalisatrice s’est embourbée dans ses descriptions du désoeuvrement et là où elle magnifiait ce passe-temps dans Virgin Suicides et Lost in Translation, ici il ne nous reste plus que l’exquise Kirsten Dunst à admirer sous toutes les coutures. Et il faut l’avouer, sans le charme de la jolie blonde, le film aurait manqué singulièrement de sel. Sofia Coppola n’a donc pas su gérer la pression d’un gros budget, et nous donne plutôt l’impression d’avoir idéalisé une période et un pays. Mais si l’ennui est présent (les spectateurs en viendraient même à hurler « coupez ! » tant la fin se fait attendre), la grâce y est aussi bien représentée à la fois par les décors, les costumes, le jeu de Kirsten et la musique quelques fois violente qui permet un changement de rythme bienvenu. A vous, donc, de faire votre choix.

Fiche Technique

Genre : Biographie historique

Avec Kirsten Dunst, Jason Schwartzman, Rip Torn

Durée: 123 minutes

Date de sortie: 24 Mai 2006

Budget: 40 millions de dollars