Marée funèbre – Avis +

Présentation officielle

Quand une demande de rançon tourne au meurtre, William Monk fait face à l’impensable : la trahison de l’un de ses propres hommes…

L’île Jacob est une zone insalubre sur les berges de la Tamise, un quartier glauque où le danger peut aussi bien venir de la fange et des marées que des criminels qui se tapissent dans l’ombre. Les kidnappeurs ont justement choisi ce dédale de taudis et de ruelles obscures pour rendre Kate Exeter à son riche mari contre une grosse somme d’argent. Harry Exeter demande alors à la police de superviser secrètement l’échange. Mais, la nuit du rendez-vous, le plan tourne mal.

Le commandant Monk et ses meilleurs hommes sont pris à partie, une échauffourée éclate, semant la mort et la désolation. Qui a bien pu les trahir ? Et quand un de ses informateurs confie à Monk que l’argent de la rançon provenait de fonds détournés impliquant Harry Exeter, l’affaire prend un nouveau tournant…

Avis d’Artémis

Après un tome de Noël déroutant dans lequel l’enquête inexistante laissait place à des questionnements spirituels voire mystiques [[Vous pouvez retrouver la chronique du roman en cliquant ici.]], Marée funèbre revient à un schéma plus traditionnel avec un récit centré sur William Monk et son équipe – son épouse Hester et son fils adoptif Will (surnommé Scuff lorsqu’il était enfant) jouent cette fois-ci un rôle accessoire.

Anne Perry a un talent pour raconter des histoires et créer des atmosphères. C’est ce qui se passe ici encore dès les premières pages. C’est l’hiver, il y a du brouillard, Monk va devoir intervenir dans un des quartiers les plus pauvres et délabrés de Londres… L’ambiance est à la fois glaciale et terriblement pesante.

Et il ne s’agit pas que de climat. Rathbone, l’avocat et ami de Monk, fait appel à lui dans une affaire d’enlèvement. Son client Harry Exeter, un riche promoteur immobilier, est désespéré : son épouse Kate a été enlevée et la rançon – un montant énorme, mais qu’il déclare pouvoir réunir rapidement – doit être remise sur l’île Jacob, un labyrinthe des plus dangereux, entre misère et marées qui noient les lieux à intervalles réguliers. Il a besoin d’aide pour se repérer sur place et s’assurer que tout se passe bien.

Monk se sent immédiatement touché par la détresse de l’homme. Ce n’est pas de la simple empathie : la situation que Exeter traverse fait écho à la douleur violente de l’enlèvement de sa femme Hester dans Le couloir des ténèbres. Il monte une petite équipe constituée des hommes de sa brigade en lesquels il a le plus confiance.

Mais une fois sur place, rien ne se passe comme prévu. A peine arrivée, l’équipe de Monk est attaquée avec une précision qui ne peut signifier qu’une chose : un des membres de l’expédition les a trahis. Et dans ce lieu sordide, la mort frappe soudain…

L’enquête s’annonce lourde : enlèvement, meurtre et trahison. Monk est sérieusement ébranlé. Renforcés par le poids de l’échec, les doutes s’insinuent partout et l’obsèdent : qui a trahi ? pourquoi ?

Le roman tourne autour de ce questionnement lancinant de Monk, mais qui devient répétitif pour le lecteur. Si l’une des forces des romans d’Anne Perry est de présenter un personnage à multiples facettes, de montrer ses faiblesses et ses peurs autant que ses qualités, ici on est tout de même surpris de l’aveuglement de Monk. Sans aller plus loin dans les détails pour ne pas dévoiler trop d’éléments de l’intrigue et vous gâcher le plaisir de la lecture, on a l’impression cette fois-ci que Monk, perturbé par l’enlèvement et le meurtre initial, n’est pas en pleine possession de ses moyens et n’étudie pas objectivement toutes les pistes, comme il a l’habitude de le faire.

Au final, on peut avoir la sensation d’un entre-deux : l’atmosphère est fort bien évoquée et le lecteur ressent la même oppression que le personnage tout au long des pages. C’est très réussi. Toutefois, le roman présente quelques longueurs et certaines formulations semblent des répétitions plutôt inutiles. A cette lecture, on peut s’interroger sur le rythme des parutions : avec un rythme de trois livres par an (ce qui semble énorme !), Anne Perry a-t-elle vraiment le temps de peaufiner ses manuscrits ?

Malgré cette réserve, on est fort attaché aux personnages d’Anne Perry, aux problématiques humaines qu’elle soulève (et notamment le sens de responsabilité) et on attend la suite avec beaucoup de curiosité…

Fiche technique

Format : broché
Pages : 378
Editeur : 10/18
Collection : Grands Détectives
Date de sortie : 16 août 2018
Prix : 14,90 €