Les rivières pourpres 2

Ce documentaire sur la Lorraine est d’une perspicacité affligeante. En effet, malgré des efforts de documentation évident mais dont la pauvreté jaillit à chaque dialogue, la caméra nous montre une Lorraine telle que personne ne l’a jamais vue. On y découvre ainsi que les policiers travaillent jour et nuit dans un superbe commissariat très proche du loft reconverti en maison d’architecte et décoré par une horde d’étudiants en beaux-arts sous extasy. Chaque détail est dépeint avec la même acuité et c’est avec un dégout évident que l’on apprend que les lorrains parlent aux étrangers en allemand car les germaniques achètent toutes les maisons du département et qu’on ne boit pas de vin blanc dans un bar lorrain car ce n’est pas l’Alsace. Enfin, on en vient à se demander si le département est en France étant donné qu’il fait nuit 90 % du temps et qu’il a plus plut dans tout le film qu’en une année en Europe.

Qu’attendre donc d’un film dont le fond de crédibilité est aussi efficace que le filet d’un panier de basket pour la pêche aux anchois ? L’histoire, ou plutôt les trois lignes de scénarios, est tout autant affligeante. En résumé, Saroumane, à peine remis de sa dernière déculotté, est devenu un ministre allemand qui cherche un livre qui devrait lui permettre d’obtenir une Europe « blanche ». Peut etre le scénariste du film n’est-il pas au courant de notre partenariat avec nos voisins d’outre-rhin ou alors son film vise un public bien précis pour qui le salut olympique évoque un brin de nostalgie. En tout cas, le film s’embourbe dans des références bibliques douteuses, fantaisiste voire complètement fausses. Le film n’est en rien cohérent et il semble que chaque scène a été tournée indépendament avec un scénario différent. Pour ne citer qu’un exemple, des moines à la force surhumaine sèment la terreur en massacrant des frappadingues, un de ces moines se fait descendre. Les spécialistes le dissèquent, analysent son sang et ne trouvent rien. Trente minutes après on découvre qu’en fait ils s’injectent de l’amphétamine de guerre d’il y a 50 ans. Donc soit la police scientifique française est vraiment très nulle, soit les allemands étaient vraiment super forts, soit on se fout de notre gueule. Au vu de l’ensemble, adoptons la troisième possibilité.

Que c’est il donc passé ? Le générique nous apporte la réponse. En effet, les dialogues, si l’on peu appeler ça « dialogues » – disons plutot les échanges verbeux et verbaux à caractères communiquant entre les divers protagonistes mis en scène – et le scénario – souvenez vous, les trois bouts de ficelles – sont issus de la cervelle de Luc Besson. Aie ! Il est presque évident qu’il a du écrire le script sur le trône lors d’une terrible colique. Chaque dialogue est un cri de douleur, chaque scène sent mauvais. Enfin, le réalisateur qui aurait pu eventuellement ajouter un peu de lavande à tout cet ensemble n’est autre qu’Olivier Dahan, celui a qui on doit le somnifère Le Petit Poucet. Cela donne donc des plans soigneusement choisi pour etre pris par la plus mauvaise caméra au plus mauvais endroit. Le seul point qui permet au film de décrocher une note supèrieure à Matrix, est la musique. En effet, la musique donne une ambiance et une texture qui, si elle avait été calé sur une réalisation, un scénario et des dialogues du même niveau, aurait du donner un très grand film.

Finalement, le film a été un bon moment de détente car, pris au 730ième degré, très hilarant. Pour parfaire ce moment comique, il aurait fallu remplacer Jean Reno par Depardieu et Benoit Magimel par Samy Naceri. Le ridicule aurait été à son comble et nous aurions eu alors un vrai et grand film comique.