Les hommes invisibles à la télévision

David Mc Callum est un acteur au physique identifiable (des cheveux blond comme les blés coupés au bol ) s’est longtemps fait connaître sous les traits d’un agent secret d’origine Russe travaillant pour les hommes d’Uncle (Ilya Kuryakin) aux côtés de Robert Vaughn. En 1975, il fit un retour fracassant dans le rôle du Docteur Daniel Westin, un scientifique qui devint invisible à la suite d’une expérience ratée. Sa femme, Kate, est la seule à être au courant et l’aide à recouvrer un semblant de vie en fabriquant des masques en latex pour qu’il puisse apparaître en public. Il utilisera ce pouvoir très pratique pour résoudre des enquêtes tout en tâchant de mettre au pont un antidote. La série ne dura qu’une saison, mais depuis a souvent été rediffusée.

En 1976, Gemini Man mettait en scène un autre homme invisible, mais celui-ci était déjà agent secret . Après avoir été exposé à des radiations suite à une explosion sous-marine, il devient invisible. Seul un stabilisateur placé dans un bracelet-montre lui permet de rester présentable. Il utilise cette aptitude pour ses enquêtes, mais il ne peut rester transparent que 15 minutes, sinon il ne pourrait jamais plus se matérialiser. Ben Murphy (un acteur très prolixe à la télé) interprétait Sam Casey pour 12 épisodes d’une heure, après quoi la série fut stoppée.

On ne peut pas dire que le concept ai porté chance aux producteurs et c’est dommage car l’idée est excellente. Elle permet de créer de l’imaginaire sans trop d’effets spéciaux (quelques fils pour faire bouger des objets, un fond bleu…) et permet de tourner des scènes entières sans acteur. De plus, avec le voyage dans le temps, l’invisibilité est l’un des sujets les plus appréciés du milieu fantastique, on pourrait croire que les téléspectateurs se presseraient pour transformer ces essais en victoires… Que nenni !

Pour fêter l’arrivée du nouveau millénaire, la chaîne Sci-Fi lance un nouveau programme en 2000. Invisible man (Le nouvel homme invisible) reprend le thème de la malédiction liée à ce super-pouvoir (ici,la victime s’est vu greffer une glande appelée Quicksilver qui lui permet d’activer un processus physique le rendant invisible. Mais le produit étant instable, il est lié à ses « bienfaiteurs » qui l’oblige à revenir régulièrement le voir et tenir ses engagements en contre-partie d’une injection bloquante). Après avoir exploré le cas du scientifique, de l’agent secret, les créateurs décident de mettre en scène un cambrioleur purgeant une peine de prison à vie après une erreur judiciaire. Il accepte la transplantation en échange de sa liberté et doit collaborer avec des agents gouvernementaux pour espérer recevoir sa dose d’antidote. Les effets spéciaux sont particulièrement beaux et impressionnants. Le personnage se couvre d’une sorte de liquide réfrigérant qui le rend totalement diaphane. Darien Fawkes (Vincent Ventresca) se distingue par sa haute taille et un physique moins consensuel que les deux précédents. De plus, son côté maudit (un rien peu le renvoyer en prison ou au cimetière) lui donne une aura bien plus attrayante. L’acteur, peu connu, est à l’aise dans son rôle et son comparse (Paul Ben-Victor) est l’exact pendant qu’il lui fallait. Il est petit, potelé, dégarni et loyal. Au fur et à mesure, les scénaristes ont créé une mythologie riche et bien faite et tout en restant proche des démêlés du héros avec sa conscience. Chaque épisode reprend une mission ou enquête tout en nous apprenant plus sur le procédé Quicksilver, les différentes agences qui s’opposent à ce sujet,

Son némesis (toute bonne série se doit d’avoir un anti-héros qui challenge le protagoniste principal) est une femme, Allianora. Elle aussi a implémenté la glande Quicksilver mais appartient au mauvais côté de la force. Ils n’auront de cesse que de s’attirer/repousser, chacun tentant de convaincre l’autre de rejoindre son bord. L’agence qui a recrutée Allianora possède un prototype de Quicksilver plus malléable et n’ayant besoin que de peu d’entretien. La tentation est grande pour Fawkes de tout plaquer car il se sent prit au piège et mal-considéré par ses employeurs. Le rôle de son binôme est alors déterminant car il apporte un affection et une loyauté qui poussera le mutant à prendre les bonnes décisions.

Les créateurs de la série pratiquent la private joke insidieusement. Notamment, les noms des docteurs à la base du projet scientifique ont tous les noms des différents avatars du docteur Who de la série britannique éponyme. Puis, Darien Fawkes ayant infiltré des dossiers secrets lit un passage à haute voix : « Stacy Meyer m’a trompée ». Cette jeune femme est la présidente du fan club officiel de la série. L’humour est souvent présents et mérite que l’on se penche sur la version originale sous-titrée pour en apprécier tous les tenants.

Au bout de deux saisons, la série a été annulée. Un échec supplémentaire pour le genre mais qui bénéficie maintenant de trois bonnes séries à regarder lors des rediffusions (merci le câble ou la TNT, d’ailleurs la série est actuellement diffusée sur 13e rue !) ou à se procurer en DVD (pour le troisième opus). On se prend tout de même à rêver d’une tentative aboutie qui durera dans le temps…

Une première série a vu le jour en 1959 au Royaume-Uni avec un peu moins de trente épisodes. Basée sur le roman de H.G.Wells, L’homme invisible est ici en noir et blanc. Et si, pour l’époque, le programme est d’excellente qualité, il appartient à une autre génération et a trop vieilli.

Fiche Technique

Le nouvel homme invisible

Producteurs : Jonathan Glassner, Matt Greenberg et David Levinson
Nombre d’épisodes : 46 épisodes sur 2 saisons

Avec Vincent Ventresca, Paul Ben-Victor, Shannon Kenny, Rebecca Chambers, Eddie Jones, David Burke…