Les Espionnes racontent – Avis +

Editeur : Steinkis/Arte Editions

de Chloé Aeberhardt

Présentation officielle

Les femmes sont de longue date actives voire décisives au sein des services secrets du monde entier, bien au-delà des clichés sur leur capacité de séduction. De Washington à Moscou, Paris, Munich ou Tel-Aviv, une jeune journaliste part à la recherche d’espionnes qui ont connu la guerre froide de l’intérieur. Témoignages à l’appui, elle décrit à quoi ressemblait la vie de ces professionnelles du renseignement au service de la CIA, du KGB, de la DST ou du Mossad.

De la pénétration des cercles du pouvoir occidental par les agents soviétiques à la traque des anciens nazis en Amérique latine en passant par l’exfiltration des juifs falashahs d’Ethiopie vers Israël dans les années 1980, elles lui ont raconté le rôle décisif qu’elles ont joué dans le conflit Est-Ouest, loin du cliché de la James Bond girl.

Les Espionnes racontent, c’est aussi un récit d’apprentissage ou comment une journaliste, peu versée dans les questions de sécurité et de défense, a dû mener une enquête complexe pour trouver les espionnes et déceler les leviers pour les inciter à lui raconter leur histoire.

Avis d’Artémis

Les Espionnes racontent est d’abord un essai de Chloé Aeberhardt paru en 2017 chez Robert Laffont (et qui vient tout juste de sortir en poche). La journaliste y raconte son enquête : pendant 5 ans, elle a tenté de comprendre l’espionnage au féminin, en s’affranchissant des clichés du genre (l’espionne sexy et intrigante, Mata Hari) et surtout en cherchant à rencontrer et passer du temps avec les principales intéressées. C’est la grande force et l’originalité de ce livre : ce sont les anciennes espionnes qui se racontent, certes avec leur subjectivité, mais loin des fantasmes. Et chacune a raconté à l’autrice une de ses affaires. Cela donne un texte incarné.

Cet essai a donné lieu à une web-série sur Arte (que vous pouvez retrouver en cliquant ici), et c’est à partir de celle-ci qu’a été créé ce livre. On retrouve donc les illustrations d’Aurélie Pollet et sa colorimétrie si particulière (chaque espionne est définie par deux couleurs), évoquant l’esthétique d’un roman-photo.

<img21360|right>Le livre est structuré en six grandes parties (plus une introduction et une conclusion), chacune étant consacrée à une espionne différente. Toutes celles rencontrées ont travaillé pendant la guerre froide, à une époque où l’espionnage reposait plus sur des moyens humains et des techniques artisanales qu’aujourd’hui (où la technologie occupe une place prépondérante). Elles représentent des métiers variés (de l’analyste à la personne de terrain), des pays et des activités très différentes (DST, DIA[[agence du renseignement américain de la Défense]], CIA, STASI, KGB ou encore Mossad).

Chaque chapitre commence par un texte dans lequel l’autrice raconte le cheminement et les difficultés pour rencontrer l’espionne, et nous résume son rôle et le contexte. Puis nous entrons dans la partie BD : la rencontre entre Chloé (l’autrice est en effet représentée) et l’espionne est en noir et blanc, puis nous passons à la couleur pour le récit d’une affaire ou un dossier marquant (voir la Présentation officielle ci-dessus).

Le format BD/roman graphique se prête vraiment bien à cette enquête, et on passe très facilement d’un niveau de lecture à l’autre grâce à ces codes graphiques. La mise en scène est dynamique, le dessin stylisé et expressif. Une fois plongé dedans, on n’a plus envie de le lâcher !


Fiche technique

Format : broché
Pages : 175
Editeur : Steinkis/Arte Editions
Sortie : 28 janvier 2021
Prix : 20 €

La bande-annonce de la web-série