Les Orphelins du rail – Avis +

Présentation de l’éditeur

La vie de Meli de Budapest est bouleversée quand elle fête ses 13 ans. Comme tous les orphelins de son âge, elle est invitée à participer à une chasse au trésor à travers l’Europe : la course à l’Adamant !

On donne à Meli un passegare qui va lui permettre de vivre comme les richissimes Voyageurs qui sillonnent l’Europe à bord de trains gigantesques et fabuleux.

Mais pour certains orphelins, la course est plus qu’un jeu et ils sont prêts à tout pour s’emparer des pièces du puzzle qui indique l’emplacement du trésor.
On murmure même que le terrible Lafcadio serait de la partie…

Avis de Valérie

Méli, une jeune orpheline de Budapest, approche les 13 ans, âge où on ne peut plus l’accepter au sein de l’établissement qui l’a recueillie. Les pensionnaires vivent dans le froid, le dénuement et la faim, et le travail obligatoire. Tibor, son petit protégé, est un rayon de soleil dans un présent bien difficile, d’autant qu’elle est handicapée par une jambe abîmée par la poliomyélite.

Leur vie est réglée par les trains, de forme et de taille disproportionnées, symbole de richesse et des hautes classes. Leur puissance est synonyme de la différence économique qui écrase les plus faibles. D’ailleurs, les institutions abritant les jeunes enfants sont installées dans d’anciennes structures ferroviaires, et les gares, majestueuses et fourmillantes de vie, sont le centre de toute vie sociale.

Le jour de ses 13 ans, elle apprend qu’elle a été désignée pour participer à une grande course au trésor, sans pouvoir vraiment refuser, comme de très nombreux orphelins du même âge. Ils vont pouvoir monter dans les machines monumentales et merveilleuses, dont chacune est décorée thématiquement selon les salles abritées : un train école, bibliothèque, sport, gourmet, etc.

Méli va se révéler beaucoup plus futée que son apparence le laisse penser, et elle va devoir faire alliance avec certains comme se méfier d’autres. Fera-t-elle les bons choix ?

Ce monde imaginaire est à la fois uchronique et légèrement steampunk. Cela permet à l’imaginaire de voiler la réalité crue de couches de cuivre, d’argent, et d’or. Puis de transformer l’Europe en vassal de la France d’où le Magnat (personnage mystérieux et tout-puissant) dirige la compagnie ferroviaire qui rayonne sur le continent. Mais le joyau du roman est Méli, comme Séraphine, son amie, et les jeunes participants à la course.

Si c’est un livre d’aventure, c’est aussi une fable à la George Orwell qui stigmatise les Voyageurs, sorte de noblesse égoïste et méprisante, en mettant en avant ceux qui souffrent du manque de tout. C’est écrit d’une manière si fine que cela n’écrase en rien le plaisir de la narration. On se régale, on vibre, et on s’attache à chacun des personnages.

Les plus âgés verront peut-être arriver les retournements de situation, mais Fabien Clavel a pensé son ouvrage pour la jeunesse. Les magnifiques machines font rêver, mais les situations de pauvreté ou de danger ne sont pas affadies pour permettre la réflexion. On peut également apprécier que Méli, l’héroïne, soit handicapée mais combative. On peut être touchée par ses faiblesses, mais on admire ses qualités, sans jamais qu’elle fasse pitié.

C’est une belle réussite, un roman à offrir à tous (à partir de 10 ans).

Fiche technique

Format : broché
Pages : ‎288
Éditeur ‏: ‎Rageot
Sortie : 20 avril 2022
Prix : 14,90 €