Leila Josefowicz

_ Onirik : Que trouve-t’on sur votre nouvel album ?

Leila : Il s’agit d’un enregistrement Warner Classic dans lequel les morceaux sont parmis ceux que je joue en live assez souvent. Il mélange plusieurs styles différents de musique classique. Il y a deux inédits sur cet album : un de Esa-Pekka Salonen (chef d’orchestre du LosAngeles Philharmonic) et un de Mark Grey. Et ce morceau de Mark Grey a été écrit spécialement pour moi. Le reste des morceaux sont de Beethoven, Brahms, Messiaen et Ravel. Il y a ainsi pas mal de musique française sur cet album. J’aime beaucoup jouer de la musique contemporaine et des morceaux peu connus de compositeurs connus comme par exemple la sonate de Beethoven qui est sur mon album. Il y a beaucoup de violonistes dans le monde et c’est la différence entre eux et moi. J’aime faire de nouvelles et intéressantes expériences. En effet c’est notre devoir de jouer à la fois ce que tout le monde connait mais aussi de faire découvrir au public ce qu’il ne connait pas.

O : Et vous n’avez aucun problème avec la Warner ? Ils vous laissent jouer ce que vous voulez ?

L : Ils sont très respectueux de moi en tant qu’artiste. Bien sûr je dois faire des compromis et jouer des choses qu’ils pensent que je dois jouer mais le plus important est qu’ils savent qu’elle sorte d’artiste je suis. De plus j’ai maintenant une certaine rennomée et donc ils savent qu’il ne faut pas attendre de moi que des concertos de Mendelsohnn.

O : Nous allons parler maintenant de votre enfance et de vos débuts au violon. Avez vous décidé de vous même de jouer au violon ?

L : Non c’est mon père qui a voulu. J’ai commencé à 3 ans, j’étais trop jeune pour décider. C’est lui qui a commencé à m’enseigner. J’aimais beaucoup ça et il m’a énormément aidé.

O : Conseillerez vous la méthode Suzuki à d’autres enfants (NDLR : La méthode Suzuki est celle qu’a suivi Leila).

L : Je pense que c’est une méthode qui peut vraiment être très bonne. Ca dépend beaucoup de qui est l’enseignant car avec la méthode Suzuki certains sont très stricts, très dur. J’ai suivi la méthode pendant 5 à 6 ans et mes professeurs étaient assez souples. Ils me laissaient jouer de la manière la plus naturelle possible pour mon corps. Ils ne me répétaient pas sans arrêt : « Tiens ton violon comme ça ! Tiens ton archet comme ça ! ». Ils étaient vraiment très bons et m’ont aidés à me sentir bien en jouant.

O : Vous avez eu de la chance.

L : Oui je suis d’accord. Suzuki a quand même beaucoup de qualités. Les leçons se passent en groupe et je pense que c’est amusant pour les enfants. J’ai moi même un fils de 5 ans.

O : Joue t-‘il au violon ?

L : Non, je crains qu’il ne subisse trop de pression.

O : Et vous comment gérez vous la pression ?

L : C’est un défi parfois mais j’aime la musique et donc malgré les voyages, les concerts nombreux mais j’aime le show, j’aime jouer en public et donc au final je m’en sors bien.

O : Jouez vous d’autres instruments ?

L : Non, quand j’étais petite je jouais de la trompette et un peu de piano mais maintenant je suis trop occupée. Je continue à beaucoup étudier et à étoffer mon répertoire et cela prend beaucoup de temps.

O : Continuez vous l’entrainement avec un professeur ?

L : Non, j’ai arrété cela il y a 10 ans maintenant.

O : Cela signifie t’il que vous estimez n’avoir plus rien à améliorer ?

L : Oh non ! Je sais ce que je veux améliorer, je suis mon propre juge et professeur. Quand je joue je m’écoute beaucoup pour m’améliorer. Des fois je joue aussi pour les gens que je respecte mais je n’ai plus de professeur officiel.

O : Composez vous de la musique ? Sur un de vos albums (Violin for Anne Rice) vous jouez du Eugene Ysaie qui était un grand violoniste tout en étant un grand compositeur.

L : J’y ai pensé à cela mais je dois dire que c’était une autre époque. Il y avait plus de violinistes qui composaient mais les temps ont changés. Je n’ai encore rien écrit à présent que je me sentirai suffisemment à l’aise de jouer en public.

O : Pourquoi à votre avis les violonistes actuels ne composent plus comme c’était le cas à cette époque ?

L : Je pense que tout est vraiment différent maintenant notamment tout ce qui tourne autour du business de la musique. Ont se déplacent plus vite maintenant. On prend l’avion au lieu de prendre le bateau ce qui fait qu’il y a beaucoup plus de spectacles qu’avant. La demande est aussi beaucoup plus grande ce qui engendre plus de concerts, plus de voyages. C’est donc très dur pour un violoniste qui est en voyage toute l’année d’être aussi un grand compositeur. Composer est un vrai engagement sur la durée et cela nécessite aussi un entrainement et un enseignement adapté. J’ai moi-même du suivre dans mon cursus un enseignement à la composition mais cela n’est pas suffisant pour que je me sente à l’aise pour vraiment commencer à composer. Les compositeurs que je connais ne font que ça.

O : Ne trouvez vous pas ça dommage sachant que c’est intéressant de connaître les rouages de la composition pour comprendre ce que voulait le compositeur ?

L : Oui et non. Je ne pense pas que parce que l’on ne compose pas très bien on ne peut pas forcément comprendre la partition. J’ai justement passé beaucoup de temps lors de mon enseignement à faire cela, comprendre ce que voulait le compositeur. Je pense que cela est possible sans être soi-même un grand compositeur. Enfin j’espère sinon cela veut dire que beaucoup d’entre nous ne savent pas ce qu’ils font.

O : Je vous assure que lorsque je vous ai vu à la télé (Leila jouais l’Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saëns) vous aviez l’air d’avoir compris.

L : Rire. Merci. Oui c’est très important.

O : Avez vous d’autres passions dans la vie ?

L : Mon fils, Lucas, qui est à lui seul un emploi à plein temps. Je m’entraine quand il est l’école. Sinon j’aime beaucoup le sport. Evidemment pas trop le sport en équipe car je voyage beaucoup. Le sport m’aide à calmer mon esprit et à me concentrer. J’ai beaucoup d’amis et j’ai besoin de les voir souvent quand je suis chez moi.

O : Quel genre de livres lisez vous ?

L : J’aime les livres sur le boudhisme ou des biographies de compositeurs. J’aime aussi énormément l’architecture.

O : Être une femme dans ce métier, est-ce aussi difficile que dans n’importe quelle autre métier ?

L : Le plus grand défi que nous avons en tant que femme, surtout quand on est attirante, est d’obtenir des autres qu’ils s’intéressent à votre art et non à votre physique. Il faut donc faire très attention à l’image que l’on renvoie aux autres. Il ne faut donc pas s’habiller de manière provoquante. L’autre difficulté est de concilier une vie de famille avec la quantité de voyages que l’on réalise par an en tant qu’artiste. Voilà les deux grands défis et pour supporter cela il faut une famille solidaire.