Le Miroir aux vampires – Avis +

Présentation de l’éditeur

Pour son année de Terminale, Léa entre à l’internat du lycée de Compiègne. Sa colocataire est une jeune hongroise étrange et ténébreuse, qui semble avoir du mal à s’intégrer. Leur solitude finit par les rapprocher, en particulier lorsque des événements étranges surviennent au lycée. Et si l’incendie qui a ravagé le foyer, le suicide de l’un de leurs camarades de classe et les décisions étranges prises par la direction n’étaient pas uniquement dues au hasard ?

« Bérénice,
Ca y est , j’ai fait ma dernière rentrée à Augustin-Thierry, en internat cette fois. Rien de changé dans ce lycée : Cerise la peste et ses sous-fifres qui font baver les garçons, un beau gosse qui se prend pour Brad Pitt et quelques nouveaux. Parmi eux, Nora, avec qui je partage ma chambre. Il y a aussi Léo. Je ne l’avais pas remarqué au début mais je crois qu’en fait il me plaît bien.

Mais ce n’est pas pour ça que je t’écris… Ecoute, Béré, il se passe des choses étranges dans ce bahut… On a incendié le foyer, je crois avoir une idée du responsable, mais je ne peux rien dire. Depuis, la sécurité a été renforcée et le lycée est en train de devenir une prison. Et moi, j’ai comme des apparitions, des sensations bizarres. Je t’ai parlé de Nora. Et bien, je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose m’attire en elle. Je ne me sens bien que lorsqu’elle est près de moi. Et ce n’est pas tout : il y a ce miroir dans notre chambre d’internat. Parfois, j’ai l’impression qu’il y a une connection entre lui et moi.
Tu crois que je suis vraiment dingue ?
 »

Avis de Claire

Fabien Clavel n’en est pas à son premier coup d’essai. Ce brillant jeune auteur, professeur de français en Hongrie, s’est déjà illustré dans le genre fantasy, avec plusieurs sagas à succès, comme Nephilim : Révélation [[éditions Mnémos, 2002]], La Dernière odyssée [[éditions Mango, 2007, Prix Imaginales 2009 du roman jeunesse pour le tome 2, Les Gorgonautes ]], L’Apprentie de Merlin [[éditions Mango, 2010]]… Avec cet énigmatique Miroir aux vampires, il nous emmène sur les traces d’un mythe ancien revisité avec inventivité et talent.

Son roman explore des territoires monopolisés d’ordinaire par la culture anglo-saxonne. Mais là, l’action se passe bel et bien en France, en Picardie très précisément, et l’effet est on ne peut plus réussi. Entre Pierrefonds et Compiègne, la forêt est reine et suffit amplement à elle seule à créer une atmosphère sombre et onirique.

Léa est interne au lycée privé Augustin-Thierry, immense propriété flanquée d’un château imposant et ténébreux. En rupture involontaire avec sa famille, elle est victime du divorce raté de ses parents, ainsi que de l’absence de sa grande sœur Bérénice, partie étudier en région parisienne. Elle ne trouve pas sa place.

L’internat semble la meilleure solution pour cette forte tête, bonne élève, mais qui cherche toujours à se différencier des autres, à sortir du lot. Elle est à mille lieues par exemple de Cerise, la caricaturale fille à papa et bourgeoise de service qui ne pense qu’au « m’as-tu vu »… Les pages les plus hilarantes du roman sont d’ailleurs celles du ‘blog’ de Cerise, Cherry92, avec ses propos simplistes et ses fautes d’orthographe…

Le climat fantastique s’impose de la meilleure manière qui soit, c’est à dire par petites touches, avec un suspense croissant et d’autant plus ingénieux que c’est Léa qui prend en charge le récit, dans une longue lettre qu’elle rédige à l’intention de sa sœur. Les personnages ne sont pas tous ce qu’ils prétendent être, comme Nora la troublante hongroise, colocataire de Léa, ou encore Léo, le geek italien, devenu subitement beau gosse… Chacun porte sa part de mystère.

A Augustin-Thierry, des évènements bizarres et tragiques commencent à se produire, l’angoisse est palpable… Et si des vampires essayaient de prendre le contrôle de l’établissement, ce serait si surprenant que cela ? C’est en tout cas la conclusion à laquelle arrive rapidement Léa, mais quel rôle joue-t-elle là-dedans ? Que représente ce fameux miroir dans sa chambre d’internat et qui semble avoir des pouvoirs inquiétants ?

L’une des forces du roman est de mettre habilement en scène des lieux susceptibles d’être connus des lecteurs, comme le splendide château de Pierrefonds, le beffroi de Lille, la forêt de Compiègne … Tous ces endroits contribuent à distiller un climat réaliste dans ce texte qui bascule peu à peu dans le surnaturel.

De même, le fait que Léa soit la narratrice permet l’utilisation d’un langage très contemporain, qui peut aisément évoquer une résonance chez le lecteur. La jeune fille est également confrontée aux problèmes de son âge et de notre époque, le divorce de ses parents, les premiers émois amoureux, l’hypocrisie des classes supérieures, le racisme latent…

Malgré le traitement original du mythe vampirique, on peut néanmoins regretter la fin précipitée de l’histoire, un peu expéditive dans son dénouement, et qui sombre trop facilement dans le gore [[On ne peut s’empêcher de penser par moments à Carrie de Stephen King, notamment pour la salle de bal de fin d’année, mais aussi au comics Blade ou encore à la série télévisée à succès Buffy contre les vampires de Joss Whedon]]. Des points obscurs subsistent, qui nous laissent une légère impression d’inachevé. Toutefois, une fois commencé, impossible de se détacher du récit de Léa, tant celui-ci est rondement mené et admirablement écrit.

Espérons que l’auteur nous livrera très prochainement le secret de quelques pistes demeurées inexplorées dans une suite aux aventures de sa courageuse héroïne. On le souhaite en tout cas ! Et en attendant, précipitez vous sans hésiter sur ce roman fantastique !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 447
Editeur : Baam!
Sortie : 1er juin 2011
Prix : 13 €