La Vie en gris et rose – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Takeshi Kitano. le réalisateur de Sonatine, Hana-bi et Kikujiro, raconte son enfance dans le Japon d’après-guerre. Une enfance en gris et rose, aux couleurs que son père, peintre en bâtiment, essayait sur la porte de la maison avant d’en couvrir les murs de ses clients.

Kitano raconte les jouets, les objets, les fêtes, les rencontres de son enfance et ressuscite toute une époque dans un inventaire à la Pérec qui célèbre l’amitié et les jeux des gosses de pauvres, quand l’imagination et l’invention remplaçaient l’argent.

Si c’est bien l’enfance qui détermine notre sensibilité d’adulte. alors la sienne a aussi les couleurs de son gobelet de cantine en bakélite rouge, des caramels aux prunes, des toupies beigoma à peine plus grosses que le pouce, des cerfs-volants ornés de guerriers du kabuki, de la chasse aux libellules, de son père brutal et ivrogne et de sa mère qui se battait en vain pour que son fils travaille en classe, alors que lui n’aurait jamais arrêté de jouer…

Avis de Valérie

Takeshi Kitano est connu même des spectateurs préférant le cinéma occidental pour des films ayant eu un retentissement international comme Furyo avec David Bowie ou dernièrement l’émission Takeshi Castle’s [[jeu à la manière d’Intervilles en plus violent et plus difficile]] diffusée en France sur W9. Les plus jeunes l’ont apprécié dans Battle Royale, et s’il est aussi connu comme réalisateur de Hana-bi, Dolls ou Zatoichi, il est également peintre et chanteur.

Bref, on attendait de son autobiographie une certaine introspection qui nous aurait permis de comprendre ce génie iconoclaste qui sait jouer de lui et avec lui [[le voir se régaler à « descendre » les gagnants lors de la dernière épreuve de Takeshi Castle’s vaut son pesant de yens]].

Il s’agit en fait d’une conversation entre Takeshi et le lecteur. Il nous raconte ses jeunes années vues par son coeur d’enfant et c’est plutôt ses angoisses, ses hontes, ses frustrations qui nous sont présentées. Par là, il ressemble à chaque enfant pauvre ou défavorisé dans tous les pays. Nous nous retrouvons en lui lorsqu’il doit sortir au déjeuner une tasse rouge, qui est la couleur des filles au Japon, où lorsque son père qui n’est que peintre en bâtiments rentre bourré tous les soirs.

La lecture ne nous délivre aucun secret, ni ne nous brosse un portrait fidèle de cette période d’après-guerre particulièrement difficile à vivre pour les habitants vaincus de l’empire du Soleil levant, mais nous attendrit, nous le rend plus proche de nous. Les petits dessins qui illustrent chaque chapitre sont très naïfs et apportent une touche colorée agréable.

Takeshi Kitano est fidèle à ce que l’on perçoit de lui. Il est à la fois un concentré de toutes ses envies ; des frustrations de son enfance à effacer à coup de jeux, de plaisir, de création ; de violence plus ou moins contenue, tout cela dans un coeur d’enfant qui sait encore et toujours s’émerveiller.

Le seul regret vient du travail du traducteur ou de la volonté de l’éditeur qui n’a pas jugé utile de mettre des notes de bas de page en cas de mots japonais non traduits ou coutumes non expliquées. Il aurait pu également ajouter un lexique en fin de livre. Cela ne rend pas l’ouvrage illisible, mais on ressort quelque peu frustré d’être passé à côté d’informations intéressantes. C’est bien dommage.

(c) crédit photo : Chico de Luigi

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 127
Editeur : Philippe Picquier
Collection : Picquier poche
Sortie : 18 avril 2008
Prix : 7,50 €