La Forêt des disparues – Avis +

Editeur : Bayard

roman de June Hur

Présentation de l’éditeur

Sans nouvelles de son père, parti enquêter un an plus tôt à Jeju, Hwani décide de se lancer à sa recherche. Mais sur l’île de son enfance, c’est le cadavre d’une fille qu’elle découvre. Plus troublant encore, cette mort serait liée à la disparition de treize autres jeunes femmes…

Hwani en est certaine : si elle veut retrouver son père, elle doit résoudre cette énigme. Pour cela, elle n’a d’autre choix que de s’allier à sa petite soeur, perdue de vue voilà des années et réticente à l’aider. Ensemble, elles vont devoir faire face à des souvenirs depuis longtemps enfouis…

Et si la clé de tous ces secrets se trouvait dans la mystérieuse forêt qui hante leur passé ?

Avis de Thérèse

Corée, 1426. Déguisée en garçon, Min Hawni se rend sur l’île de Jeju à la recherche de son père, l’inspecteur Min disparu depuis un an. Elle y retrouve sa jeune sœur, Min Maewol, dont elle est séparée depuis cinq ans, depuis le jour où, dans la forêt, elles ont assisté au suicide d’une jeune femme. Retrouvées inconscientes près du corps, les deux sœurs ne gardaient pratiquement aucun souvenir de ce qui s’était passé, si ce n’est la présence à proximité d’un homme portant un masque blanc.

June Hur, à l’occasion de cette enquête menée par les deux sœurs, aborde avec délicatesse la question des rapports entre sœurs et vis-à-vis des familles, des histoires familiales sur lesquelles chacun peut porter un regard différent.

Sur Jeju, Hawni découvre que treize jeunes filles ont disparu au cours des dernières années. Est-ce ce qui a conduit l’inspecteur Min à aller enquêter sur place ? Et y aurait-il un lien avec « l’incident de la forêt » survenu cinq ans plus tôt ? Pour espérer retrouver son père, Hawni décide de reprendre son enquête. Mais elle doit d’abord réussir à renouer le lien avec sa sœur, après une telle séparation.

Née en Corée du Sud et installée depuis au Canada, June Hur évoque dans ce roman un pan réel de l’histoire coréenne. En effet, du 13e au 15e siècle, la Corée devait chaque année remettre à la Chine un certain nombre de jeunes filles vierges (les plus belles, de préférence) en guise de tribut humain. Comme on le découvre dans La forêt des disparues, cela conduisait les parents coréens à cacher leurs filles, même à leurs plus proches voisins, ou à les déguiser en garçons. Certains parents en arrivaient à des décisions beaucoup plus radicales pour protéger leurs filles, comme leur infliger des cicatrices sur le visage et sur le corps. Mais, comme dans le roman, certains trouvaient d’autres solutions, des arrangements obscurs.

Le roman met en avant, à travers la chamane qui a recueilli Maewol, les croyances, superstitions et rites qui rythmaient la vie des villageois.

Tout en maintenant un rythme fluide et dynamique, June Hur nous fait découvrir la condition des jeunes femmes coréennes, soumises à leur famille et aux traditions, sous la menace pendant toute leur adolescence de l’arrivée des émissaires chinois, puis mariées contre leur gré. A travers Hawni, Maewol et quelques autres personnages, elle met en scène des personnages féminins forts, décidés, en lutte pour exister.

Même s’il est classé dans la littérature jeunesse, La forêt des disparues est un polar à la fois historique et familial qui peut facilement intéresser des lecteurs de tous âges.

Un coup de chapeau à la superbe illustration de couverture, délicate et élégante.

Fiche technique

Format : broché
Pages ‏: ‎432
Éditeur ‏: ‎Bayard Jeunesse
Sortie : 26 octobre 2022
Prix : 17,90 €