La Dominique

La Dominique

Si vous avez vu Pirates des Caraïbes, vous avez dû apercevoir des paysages de ce lieu. Imaginez une île volcanique, très montagneuse avec des collines couvertes d’une végétation dense et luxuriante qui dévalent jusqu’à la mer. C’est ça La Dominique !

Si vous recherchez des plages interminables de sable blanc, des complexes hôteliers ultra-modernes, la foule des touristes, oubliez tout de suite La Dominique ! De toute façon, c’est une destination qui se mérite ! Pas de vols directs car aucun des deux aéroports de l’île ne peut accueillir de gros porteurs. On ne peut atteindre l’île que par bateau ou par petits avions. Je me souviens encore de la première fois, il y a deux ans. J’arrivais avec un vol d’American Eagle depuis Porto Rico et l’avion a commencé par piquer vers le sol, rasant les cocotiers de si près qu’on distinguait les habitants au dessous, un virage sur l’aile et la piste…face à la mer, le tout sur une piste pas très grande, le pied pour les pilotes et un grand moment pour les passagers !

Je ne sais par quoi commencer pour vous parler de mon voyage. Le plus simple serait peut être de dire que l’île est à elle-seule un concentré de plusieurs mondes. Il faut savoir d’abord que selon que vous vous trouvez sur la côte ouest baignée par la mer des Caraïbes ou sur la côte est par l’Océan Atlantique, vous n’aurez pas le même climat et la même mer. Autant la mer de Caraïbes est calme autant l’Océan est agité avec de superbes rouleaux ! Pas question pour autant de faire du surf, les plages sont la plupart du temps constituées de galets…

Un des endroits les plus spectaculaire de l’île pour voir le contraste entre les deux mers se trouve à la pointe sud de l’île à Scotts Heads. Là au bout d’une bande de terre (des galets en fait), d’un côté vous verrez la mer paisible et turquoise des Caraïbes tandis que de l’autre vous pourrez admirer les vagues de l’Océan Atlantique venir se fracasser sur le rivage !

La plus grande partie de l’île est recouverte par une végétation particulièrement riche. On y trouve la forêt tropicale dans toute sa splendeur, mais également beaucoup de plantations de divers fruits tropicaux (bananes, pamplemousses, limes, mangues, ananas) mais aussi des caféiers et des cacaoyers. Ajoutez à cela des fleurs de toute beauté comme les balisiers et, poussant au bord des routes des plantes que vous essayez péniblement de faire prospérer dans votre salon tels des crotons ou des maranthas.

Au cours de marches plus ou moins longues dans la forêt on découvre de superbes cascades nichées dans des écrins de verdure. Une des plus célèbres est celle de Trafalgar mais étant facilement accessible on y trouve une concentration de touristes. Car si l’île est difficilement accessible en avion, elle est devenue depuis quelques années une escale des bateaux de croisières américains. Alors régulièrement on voit dans le port de la capitale (quizz express : quelle est la capitale de la Dominique ?), de très gros bateaux déverser des flots de touristes. A leur descente, ils sont accueillis par des guides locaux qui vont les emmener dans des vans vers les cascades ou le Carib Territory, le seul endroit où vivent encore des indiens caraïbes. Alors, suivant l’heure où vous arrivez on se trouve pris dans le flot ou bien on est seul pour admirer la nature et savourer le silence.

La Dominique c’est aussi le royaume des amoureux des fonds marins qu’on soit adepte de la plongée avec bouteilles ou que l’on se contente comme moi d’un tuba (le snorkelling). Les fonds sont superbes et pas besoin d’un être un pro pour apprécier la beauté de la faune sous-marine tropicale. Par moment, on croirait même voir des dessins de poissons faits par des enfants tellement ils sont colorés ! Ils sont de toute beauté : ceux que j’avais surnommés « les bagnards : noirs rayés de larges bandes jaunes, certains bleu profond avec des points turquoise tellement lumineux qu’ils semblent phosphorescents, des mauves, des rouges et jaunes. Et encore cette année j’ai eu moins de chance qu’il y a deux ans car la mer étant plus agitée et le ciel plus couvert on pouvait moins bien les observer.

L’île est le paradis de tous ceux que la nature fascine, que cela soit sur terre avec des balades dans les forêts, à la découverte de soufrières rappelant le passé volcanique de l’île mais également une fête pour les yeux. La flore est proprement extraordinaire de par sa richesse et sa variété. Les couleurs éclatent et le vert explose en multiples nuances. On a presque le vertige en regardant le fût d’arbres remarquables par la pureté de leur ligne, leur hauteur… et leur âge !

Mais le spectacle est également en mer. On peut aussi partir à la « chasse » aux baleines (le whale watching car les eaux de Dominique sont un lieu où les mamans baleines viennent élever leur petits). Disons le tout de suite, il faut beaucoup compter sur la chance…et un hydrophone ! Il y a deux ans, j’avais embarqué dans un petit bateau et nous étions partis pour une balade de 3 heures. Nous avions sillonné la côté, plongeant régulièrement l’hydrophone dans l’eau espérant les entendre. Lorsque nous croyions entendre un bruit qui y ressemblait nous foncions vers le lieu et…nous ne voyions rien. Et puis 10 minutes avant de rentrer, nous avions eu la chance de tomber sur une qui venait juste de remonter à la surface. Il faut savoir qu’en gros, la baleine passe son temps sous l’eau et qu’environ 1 fois par heure (là je dis cela de mémoire, je demande l’indulgence du jury si je fais une erreur), elle remonte à la surface pour respirer et elle y reste environ 10 minutes ! Échancrure plutôt étroite, n’est-ce pas ? Donc il y a deux ans, j’ai eu la chance d’apercevoir une baleine peu de temps avant qu’elle ne replonge. Cela s’est traduit par un dos luisant à la surface de l’eau et une superbe queue juste avant qu’elle ne plonge. Il y avait matière à une magnifique photo mais hélas nous l’avons ratée ! Cette année, j’étais bien décidée à repartir à la chasse à la baleine mais faute d’hydrophone (il était en panne) nous avons erré pendant trois heures sur l’eau pour rien ! Enfin, il était dit que malgré tout ma constance ne serait pas récompensée car en rentrant de ma sortie de snorkelling, le « capitaine » du bateau s’est mis à foncer comme un malade vers la haute mer alors que nous longions la côte pour rentrer. Quelques minutes plus tard, j’ai eu l’explication. Il avait repéré un banc de dauphins et c’est ainsi que j’ai pu assister au jeu d’une bonne quinzaine de dauphins autour du bateau. Ils s’amusaient à faire la course avec nous, seul ou par deux, sautant, zigzaguant, en un mot s’amusant comme des petits fous et c’est une vision que je ne suis pas prête d’oublier !

Mais je crois par dessus tout qu’avant toute chose La Dominique est une destination qui se vit ! Certes la nature est superbe, les paysages fantastiques mais ce qui m’a marqué le plus c’est tout ce que je n’ai pas photographié, des instants saisis au vol qui ont rendu mon voyage inoubliable. C’est par exemple, ces groupes d’enfants se rendant à l’école, chacun portant fièrement l’uniforme impeccable de son école. Ce sont ces maisons peintes de couleurs pastels ou éclatantes avec leurs encadrements blancs et côtoyant de misérables bicoques faites de bric et de broc avec un toit de tôle ondulé tout rouillé et qui tiennent encore debout parce que c’est la mode ! Mais c’est aussi un iguane vert jouant à l’équilibriste sur une petite branche pour aller manger la dernière feuille à l’extrémité de la brindille ou bien ces chiens prenant le soleil tranquillement au milieu de la route et se déplaçant sans la moindre agressivité pour nous les laisser passer. Nous les avions surnommés les « cool dogs » !

Mais que serait un pays sans ses habitants ? Plus que la beauté des paysages, de sa faune et de sa flore, je crois que ce qui m’a le plus marqué dans cette île, ce sont les gens ! C’est un homme ou une femme marchant sur la route, surgissant de nulle part un sac plastique noir à la main et allant Dieu sait où ou encore ce vieil homme coupant avec sa machette une grande feuille pour s’abriter de la pluie ! C’est aussi toujours sur une route perdue au milieu de nulle part, rencontrer un groupe, une famille vêtue de ses habits du dimanche (même si c’était samedi !), les femmes en robes à fleurs, les hommes en chemise blanche et pantalon sombre, les chaussures impeccablement cirées, une bible à la main et se rendant à l’office. Vision parfaitement surréaliste qui reste gravée sur ma rétine. C’est Docteur Birdie, notre guide garde forestier nous entraînant dans la forêt de Syndicate à la découverte des perroquets de l’île, tout heureux de nous faire observer les deux sortes de perroquets de l’île, le Jako et le Sissirou mais également de nous faire goûter des oranges juste cueillies. Mais c’est aussi le Premier Ministre en exercice venant dîner au restaurant de l’hôtel sans le moindre déploiement de force de sécurité et dînant en toute simplicité au milieu des clients, à la fois simple et digne, conscient de sa fonction sans pour autant s’en servir. Ce soir-là j’ai compris ce que le mot dignité signifiait.

C’est tout cela La Dominique et bien plus encore. Ce n’est pas une destination « facile » et pas seulement parce que y accéder est relativement peu aisé et coûteux mais bien plutôt parce que c’est avant tout un coup de coeur !

Infos pratiques

Pas de vols directs depuis l’Europe. En 2006, j’étais passée par New York d’où j’avais pris un vol pour Porto Rico. Puis, à Porto Rico, un vol (American Eagle) pour Melville Hall, l’un des deux aéroports de la Dominique.

En 2008, j’ai pu faire le voyage dans la journée. Donc un vol Londres – Antigua (Antigua & Barbuda) puis un second vol vers La Dominique (vol par la LIAT). J’ai eu beaucoup de chance, car niveau temps pour la correspondance c’est plutôt tendu ! Jouable mais un tantinet risqué !

Depuis la Martinique ou la Guadeloupe, on peut prendre le bateau. Le problème est que la correspondance entre les avions arrivant de métropole et le bateau oblige à passer au moins une nuit sur place. L’avion arrive dans l’après-midi alors que le bateau part le matin, sans parler de la difficulté d’acheter un billet depuis la métropole.

Monnaie : l’eastern caribbean dollar ou EC $ (prononcez dollar), monnaie commune à La Dominique, Antigua & Barbuda, Montserrat, Anguilla, St Kitts & Nevis, Sainte Lucie, St Vincent & les Grenadines, Grenada. Par expérience, sur place mieux vaut payer en EC dollar ou en US dollar.

Sur place on peut louer une voiture MAIS attention, comme dans nombre d’ex-colonies anglaises, on roule à gauche ! On peut également emprunter les Taxis Co qui tiennent lieu de transport en commun. Ce sont des vans qui assurent les liaisons dans toute l’île. Dépaysement et frissons garantis surtout lors des premiers croisements ou des dépassements. Attention aussi aux routes qui sont étroites, sinueuses et pas toujours en très bon état, en bref pas question de jouer les Fangio !

Durant nos deux séjours, nous avons toujours logé dans le même hôtel le Sunset Bay Club qui se trouve sur Batalie Beach. Il est constitué de petits bungalows nichés dans un très joli jardin tropical. Le restaurant est l’une des meilleures tables de l’île et j’y ai fait une orgie de fruits frais et de poissons. Outre sa cuisine et la gentillesse de son personnel, l’hôtel est tenu par un couple de Belges et on y parle donc le français. Par ailleurs, l’hôtel offre un tarif all inclusive, ce qui nous convenait parfaitement. Je ne peux conclure sur l’hôtel sans évoquer Frédérique qui s’est mise en quatre pour nous (trouver un guide pour les promenades, l’adresse de la boutique pour acheter les tee-shirts, le tissu de madras ou m’expliquer comment faire du chocolat avec le chocolat de La Dominique…)

Pour finir, la réponse au quizz express, la capitale de cette île est : Roseau !