L’homme qui en voulait trop – Avis +

Présentation de l’éditeur

En Auvergne, la police découvre un hameau entièrement décimé. Sept habitants morts, tous assassinés, à l’exception d’un seul, décédé d’un infarctus. Nulle trace d’un assassin dans les parages. L’un des acteurs et témoins, Alex, « bellâtre vagabond », nous raconte ce qui s’est passé quelques jours avant la tragédie…

Comment il a séduit Alexandra, superbe Hollandaise exilée au hameau des Combes après un drame personnel. Comment il a rencontré les voisins de celle-ci. Comment des liens se sont peu à peu tissés entre eux et lui à coups de verres d’alcool et de discussions au coin du feu. Comment insidieusement la météo, par l’emprise grandissante des éléments ? tempête de neige, vent d’une force inouïe, froid polaire ?, a exacerbé leur solitude commune, les calfeutrant dans une maison des heures durant.

Comment un inconnu est venu troubler le calme apparent des choses, confrontant chacun à ses petites mesquineries, faisant tomber, un à un, les masques. Et pourquoi la neige immaculée alentour est devenue soudain rouge sang…

Avis de Marnie

Comme quoi avec une idée, une intrigue des plus classiques sans aucune pointe d’originalité, des personnages banals, en aucun cas charismatiques, un auteur peut réussir un bon vieux thriller sans qu’il paraisse avoir été mille fois écrit. Dans ce cas précis, cette histoire « bateau » dont Patrice Pelissier se réapproprie tous les codes généraux, est totalement enthousiasmante… et pleine de fraîcheur dans cette envie d’écrire perceptible de bout en bout !

Décidément, celle collection Terres de France – avec cette étonnante diversité de genres et de talents – nous réserve d’excellentes surprises avec comme grande idée éditoriale de s’éloigner de l’esprit « pépère » de roman du terroir.

L’homme qui en voulait trop est totalement dans cette nouvelle lignée. Patrice Pelissier qui fut longtemps libraire à Clermont-Ferrand, nous parle, certes de sa région, mais pour y planter juste un décor qui sonne juste, qui enrichit totalement son récit, sans alourdir le propos ou même ralentir l’action.

Nous voici donc en Auvergne alors que l’hiver est précoce, en compagnie des cinq habitants d’un petit hameau dans le massif de Sancy qui soudain pour cause de tempête, cohabitent dans le même gîte. S’ajoute un « invité » amant occasionnel d’une des résidentes, et un mystérieux inconnu.

Voici donc les grands points positifs de ce roman, et tout d’abord la construction : de tous petits chapitres alternés, où l’on suit les trois derniers jours avant la « tragédie », parallèlement aux deux jours d’enquête. Peut-être est-ce le côté cinéphilique qui ressort, mais nous avons un peu l’impression de revoir le début de Sunset Boulevard, où avec une sorte d’ironie amère, le « mort » raconte en fait… ce qui l’a amené à se retrouver noyé dans une piscine.

Ici, toutes les minuscules scènes de flash-backs sont narrées par cette victime « extérieure » entre la vie et la mort, une sorte de sympathique et séduisant glandeur professionnel comme il se définit lui-même, parasite vivant des largesses féminines avec l’aplomb de celui à qui on pardonne tout. Alors, nous nous demander qui a orchestré ce massacre ? Qui est témoin ? Qui est dommage collatéral ? Qui est la victime ? Qui est l’assassin ?

En quelques tracés de crayon, les enquêteurs sont vite et très bien campés, Patrice Pelissier possédant assez de talent pour éviter certains clichés ou même des traits trop grossiers. Il y a assez de nuances pour apporter à ces hommes, une vraie profondeur intéressante à laquelle nous nous identifions.

Et tout va alors se dérouler avec une efficacité redoutable. C’est la grande qualité du roman que ce style qui va à l’essentiel, sans amertume, sans jugement, juste une forme de narration assez froide mais qui nous fascine. En fait, le lecteur voudra savoir jusqu’à la fin : ce qui s’est donc passé au hameau. Certains de ces détails nous seront révélés, mais échapperont pour toujours aux enquêteurs dont certaines questions resteront éternellement posées.

Cela fonctionne de façon impeccable… Rien de remarquable c’est totalement exact, mais un roman vraiment captivant, grâce à l’évolution des personnages, au rythme, à la montée de la tension, et même au sympathique coup de théâtre final, une petite cerise sur un gâteau que l’on dévore à belles dents !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 240
Editeur : Presses de la Cité
Collection : Terres de France
Sortie : 6 octobre 2011
Prix : 18 €