L’avocat de la terreur – Avis +

L’histoire

Jacques Vergès est né d’un Réunionnais et d’une Cambodgienne : il est donc l’enfant du colonialisme. Dès le départ, il défendra ceux qui se battent pour leur liberté, à commencer par l’Algérie où il deviendra avocat à 30 ans. Il y défend le FLN, dont les membres en métropole sont traités comme des terroristes, mais en Algérie comme des patriotes. Il défend un groupe d’activistes du FLN condamné à mort … et les sauve ! Il épousera l’une d’elle, la très belle Djamila Bouhired (devenue l’égérie de la révolution) et s’installera en Algérie, mais sa nouvelle vie monotone lui pèse. Alors, tout naturellement, il ira défendre les palestiniens, puis Pol Pot, la bande à Bader, le terroriste Carlos, et même Barbie.

Avis de Luc

L’avocat est une énigme. Est-il un ange (comme ses interventions aimables voudraient nous le faire croire) ? Est-ce un démon manipulateur, capable de laisser femme et enfants sans nouvelle pendant sept ans et de revenir avec une valise de billets ? Qu’a-t’il donc bien pu cacher pendant cette durée ? Mystère. Le personnage, fascinant, gardera tous ses secrets.

En tous cas, la première demi-heure est bouleversante. On y voit la prise de conscience de Jacques Vergès devant les atrocités provoquées par l’armée et la police françaises, dirigée par un gouvernement cynique à Paris (avec Michel Debré en premier ministre, qui décide de mettre à mort quatre avocats, dont Jacques Vergès, qui a échappé de justesse à la condamnation).

Cette empathie pour le peuple algérien est le point fort du film. On y voit des images d’actualité insupportables, et de larges extraits de La bataille d’Alger. C’est bouleversant et on comprend qu’il se soit impliqué de toute son âme pour défendre le FLN.

En fait, le film de Barbet Schroeder, à travers le portrait de Jacques Vergès, est la mise en lumière de toute la période du terrorisme depuis cinquante ans et c’est un choc. La dernière partie, avec la valise de billet (après sept ans d’absence), la défense de Carlos et de Barbie montrent la face noire, nettement moins sympathique du personnage, mais cela fait partie de sa légende.

Le film est donc une véritable claque qu’on prend en pleine figure. Résumer cinquante ans d’histoire internationale en 2h15 est un gageure que Barbet Schroeder a pleinement réussi. Son film paraît même beaucoup trop court ! Vivement les bonus dans le DVD à venir l’an prochain pour tenter d’en savoir plus sur le terrorisme international, et son avocat très contesté, Maître Jacques Vergès.

Un grand film, sans doute le meilleur de ce premier semestre 2007.

Barbet Schroeder, 30 ans après le portrait du dictateur africain Amin Dada, confirme qu’il est un très grand documentariste. Aucun commentaire ne vient perturber les images souvent brutales.

Fiche technique

Réalisation : Barbet Schroeder

avec : Jacques Vergès

Genre : Document

Durée : 2h15

Pays : France

Sortie en salle : 06/06/2007