L’amour caché de Charlotte Brontë – Avis +

Présentation de l’éditeur

1842. Deux des soeurs Brontë Charlotte et Emily, âgées de 26 et 24 ans, quittent leur foyer austère pour Bruxelles, où elles vont suivre des cours de français. D’un naturel enjoué et curieux, Charlotte rêve de conquérir sa liberté.

Sur place, elle et sa soeur font connaissance de Claire Héger, la directrice du pensionnat qui les héberge, et de Constantin, son époux, qui y enseigne le français. Charlotte voit en cet homme le symbole de l’intelligence et de la virilité. Ce maître, qui joue de son pouvoir sur ses jeunes élèves, devient vite l’objet de ses fantasmes, tant intellectuels, physiques que sentimentaux.

Le retour en Angleterre est rude, d’autant qu’avant son départ Constantin lui a avoué qu’il partageait ses sentiments. Charlotte n’aura dès lors qu’une idée : fuir et retourner à Bruxelles pour vivre sa passion, quitte à s’y consumer…

Une histoire d’amour, teintée de scandale, qui inspirera Jane Eyre et son premier roman, Le Professeur (Archipoche), paru après sa mort survenue en 1857.

Avis de Claire

Les soeurs Brontë, et même toute la fratrie -l’impétueux Branwell inclus-, est sans doute l’un des plus grands mystères littéraires de Grande-Bretagne… Leur vie fascine autant que leur oeuvre. 2016 est une année spéciale, car elle marque les deux cent ans de la naissance de Charlotte Brontë, la National Portrait Gallery lui consacre d’ailleurs une rétrospective jusqu’au 14 août 2016.

Comment ces enfants, qui ne sont pratiquement jamais sortis de leur Yorkshire natal, ont-ils pu engendrer une oeuvre littéraire si complexe, si foisonnante, si enivrante ? D’origine irlandaise par leur père et des Cornouailles par leur mère, ils ont été à la fois façonnés par une éducation religieuse plutôt rigoriste, un profond amour des livres, et une intense solidarité familiale, meurtrie à intervalles réguliers par la perte d’êtres aimés.

Quelle âme tourmentée a pu donner naissance à Wuthering Heights ? Ou combien faut-il avoir aimé pour écrire un chef d’oeuvre comme Jane Eyre ? Peu de lecteurs savent ce que ces romans doivent à la ville de Bruxelles, et comment l’atmosphère de cette capitale étonnante à plus d’un titre, pour qui vient du petit presbytère de Haworth, a pu être déterminante…

La romancière néerlandaise Jolien Janzing, spécialiste de littérature anglaise du 19e siècle, revient sur ce séjour bruxellois, décidé par Charlotte, dans le but d’apprendre le français pour créer, avec ses soeurs, sa propre école. Charlotte et Emily doivent passer un an dans l’honorable pensionnat de monsieur et madame Héger, rue Isabelle au coeur de Bruxelles, afin de se perfectionner. Mais ce que les deux jeunes femmes ignorent, c’est qu’après Bruxelles, rien ne sera plus jamais comme avant…

Cet épisode a sans aucun doute influencé l’oeuvre des deux soeurs. Si Emily souffre de quitter son univers, il n’en est pas de même pour Charlotte, qui rêve d’ailleurs et surtout, d’émotions. Son âme intrépide a soif d’aventures et de brûlures au coeur. Si bien qu’assez rapidement, quelques regards appuyés de son professeur, quelques pressions à son poignet un peu trop suggestives ont vite raison de son sang-froid. Elle doit se rendre à l’évidence, elle est profondément amoureuse…

Brodant avec talent autour de cette parenthèse belge, somme toute encore assez mystérieuse, Jolien Janzing imagine pour nous une relecture des faits qui auraient amené Charlotte Brontë à rédiger son chef d’oeuvre, Jane Eyre. En effet, les parallèles sont nombreux entre les deux romans, ainsi apparaissent ça et là, à l’instar d’un palimpseste, tel détail ou tel fait qui font hausser le sourcil, le lecteur aguerri s’amusera à reconnaître les clins d’oeil.

Dans un style qui lorgne du côté de celui de son illustre modèle, la romancière a trouvé sa propre voie. Elle nous offre ainsi un instantané de la capitale belge durant cette période courte dans le temps, mais incroyablement présente dans la suite des événements. On y croise également le Roi Léopold, veuf de Charlotte, princesse de Galles et oncle du futur prince consort Albert, mari de la Reine Victoria, comme un rappel des relations étroites entre les deux royaumes.

Ce roman, passionnant de bout en bout, donne envie de se replonger dans les oeuvres des soeurs Brontë et leurs adaptations. Notez à ce sujet que les droits de ce livre ont justement été achetés par le producteur David P. Kelly (Fleur du désert, 2009), la famille Brontë n’a pas fini de nous faire rêver !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 336
Éditeur : L’Archipel
Sortie : 16 mars 2016
Prix : 22 €