Jacquou le croquant – Avis +

L’histoire

La lutte anti-bonapartiste fait rage dans le Sud-ouest de la France profonde en ce début du XIXème siècle. Une des victimes (Albert Dupontel) vit dans une ferme avec sa femme (Marie Croze) et son fils, Jacquou (Léo Legrand), poursuivi par les hommes du terrible comte de Nansac (Jocelyn Quivrin). Il est envoyé au bagne et y périt. Sa femme meurt de chagrin. Le petit Jacquou, devenu orphelin, erre sur les routes de France. Il est recueilli par le bon curé Bonal (Olivier Gourmet) qui l’élève. Devenu adulte, Jacquou (Gaspard Ulliel) rencontre à nouveau le comte lors d’une fête villageoise animée par Le chevalier (Tchecky Kario). Leur affrontement, d’abord amical, sera terrible. Aidé par ses amis d’enfance Toufu (Malik Zidi) et Le Bigleux (Gérald Thomassin), ainsi que son amour de jeunesse, Lina (Judith Davis), la lutte sera sans merci.

Avis de Luc

Pour le centième anniversaire de la mort de son créateur, Eugène Leroy (1836-1907), Laurent Boutonnat, réalisateur des premiers clips de Mylène farmer, réalise un film flamboyant et animé, une plongée somptueuse dans le début du XIXème siècle au cœur de Périgord. Les images sont superbes, la musique entraînante, les comédiens parfaits, et l’action permet d’adhérer à ces aventures feuilletonesque sans qu’on s’ennuie une seconde
pendant les plus de deux heures de projection.

Le film est composé de deux longues parties de plus d’une heure, la première entièrement consacrée à la jeunesse tragique de Jacquou interprété par le très jeune comédien en herbe Léo Legrand. A ma grande surprise, Gaspard Ulliel (Les égarés, Embrassez qui vous voudrez, Un long dimanche de fiançailles) n’apparaît qu’au bout d’une heure, et on a raison de l’attendre, il est, comme toujours, magnifique. Son affrontement avec l’autre beau gosse du cinéma français, Jocelyn Quivrin (Louis l’enfant roi, L’empire des loups, Syriana) a de l’allure.

Les autres comédiens sont eux aussi épatants : Albert Dupontel et Marie Croze dans le rôle des parents, Olivier Gourmet en soutane ! (tordant), les amis d’enfance Malik Zidi et Gérald Thomassin, hélas sous employés, excellents, et, touche finale, le conflit amoureux entre la fiancée de Jacquou (excellente Judith Davis) et la fille du comte (Bojana Panic, à la beauté sauvage) donne une note glamour à ce récit épique.

Le seul reproche que je pourrai formuler est le manque de profondeur du scénario. L’aspect historique (la lutte contre les bonapartistes) n’est qu’effleurée au début. Le reste est un immense clip de plus de deux heures, ce qui est normal pour un réalisateur de clips, mais qui donne à l’ensemble un côté clinquant et un peu creux.

Qu’importe. Le plaisir que l’on peut éprouver en voyant Jacquou le croquant est du même ordre que dans Les brigades du tigre, sorti l’an dernier, dont l’action se déroule un siècle plus tard, et, là aussi, composé deux deux longues parties distinctes.

La musique et les paysages sont fabuleux. Le château du comte de Nansac (Jocelyn Quivrin) au bord de la Dordogne est aussi beau que les châteaux de Bavière.

Aux débuts des années 1970, Steilio Lorenzzi a réalisé un feuilleton télévisé de Jacquou le croquant (disponible aujourd’hui en DVD) aux tonalités plus sombres que le film. Laurent Boutonnat a choisi la légèreté, le panache et l’action, qui donne à son film un côté aérien et festif qui m’a enthousiasmé.

A voir, donc !

Fiche technique

Réalisateur, scénariste, compositeur : Laurent Boutonnat

D’après : Eugène Le Roy

Durée : 145 minutes

Sortie : 17 janvier 2007

Avec Gaspard Ulliel, Léo Legrand, Jocelyn Quivrin, Albert Dupontel, Marie-Josée Croze, Olivier Gourmet, Tchecky Kario, Malik Zidi, Gérald Thomassin, Judith Davis et Bojana Panic