Interview de Willy

Onirik : Le stand-up à l’américaine semble sous-représenté en France. Nos comiques ne semblent pas aimer les échanges avec le public ou du moins avec parcimonie. Vous au contraire vous n’hésitez pas à beaucoup interagir avec votre public. Pourquoi ce choix ?

Willy : Contrairement à vous, moi je trouve que le stand-up, dit « à l’Américaine » est très représenté en France depuis ces 3 dernières années. Je trouve d’ailleurs que c’est un terme un peu galvaudé car le stand-up finalement existe depuis toujours chez nous. Fernand Reynaud dans les années 50, et Guy Bedos depuis toujours, font du stand-up. Disons que depuis 3 ou 4 ans, des jeunes qui débarquent dans le métier choisissent de faire ce genre de spectacle peut-être par mode, ou par facilité. C’est en effet plus « facile » de s’adresser directement au public que d’écrire des sketchs à personnage. Mais pour répondre à votre question, j’ai du mal, pour ma part, à faire abstraction des gens qui se trouvent à quelques mètres de moi. Actuellement, je joue dans de petites salles, mais même lorsque je jouerai dans de grandes salles, je suis sûr que j’arriverai toujours à avoir de beaux échanges avec le public. Parce que j’aime viscéralement cela, et que je sais aussi que le public est friand de ce genre d’échange. Ensuite, tout est question de dosage. Il faut en faire, un peu, mais pas trop non plus ! Sinon ça devient une kermesse !!!

Onirik : Avez-vous déjà eu des surprises avec les réactions du public ? Y a t’il des personnes qui réagissent mal ? Avez-vous des anecdotes pour nous faire participer à l’expérience ?

Willy : Des surprises oui, bien sur. J’ai un sketch entier, à la fin de mon spectacle, qui est une impro totale avec le public sur le thème de : « je dois faire un mot pour le mariage de ma sœur, aidez-moi à l’écrire. ». Et là, chaque soir est différent. Entre ceux qui participent volontiers et qui me sortent des mots que je n’ose même pas vous redire ici, et ceux qui, trop timides, ou pas concernés ( !), ne disent rien, c’est assez marrant à vivre. Vous savez, pour l’instant le public qui vient me voir ne me connaît pas forcément. Alors bien sur, il peut arriver que certains se braquent pour pas grand-chose, tandis qu’avec d’autres, au contraire, plus vous chargez la mule, et plus ils sont contents. Hier soir par exemple, une grande bourgeoise était assise au premier rang. Je l’ai appelée « Miss prout-prout » pendant 1 heure et quart, et elle était morte de rire. Je dois vous faire une confidence, les grandes bourgeoises c’est mon kiff !

Onirik : Quels sont vos références en terme de stand-up ? Avez-vous des maîtres à penser ?

Willy : Bizarrement, je n’ai pas véritablement de maîtres à penser dans le stand-up. Si aujourd’hui je fais du stand-up, c’est juste que depuis toujours j’ai l’habitude d’écrire à la première personne et de m’adresser directement aux gens. Je viens de la chronique radio et télé, et par conséquent, j’ai toujours écris en disant « je » et en parlant aux auditeurs ou aux téléspectateurs. C’est donc pour moi ma « manière normale » de parler. Mes références comiques sont plutôt ailleurs. Muriel Robin, je la vénère. Palmade, c’est mon idole. Louis de Funès, je me serai damné pour le rencontrer au moins une fois. Et sinon, Alex Lutz, qui est mon metteur en scène (ainsi que celui de Sylvie Joly et du dernier spectacle de Pierre Palmade « le comique ») est un comédien hallucinant de justesse dans ses personnages. Il joue actuellement au Point Virgule à Paris. Allez le voir un de ces jours…enfin, non, venez me voir avant quand même !

Onirik : Pouvez vous résumer votre parcours ? Avez-vous toujours voulu être comédien de stand-up ou est-ce qu’une facette de ce que vous voulez être ?

Willy : J’ai toujours voulu être humoriste, et pour moi, que je le sois en télévision, en radio, ou sur scène, c’est la même chose. Cela fait 10 ans que je suis dans les médias. J’ai travaillé sur TF1, Canal +, France 3, et entre autre à France Inter dans « Le fou du roi » pendant 5 saisons. Que de belles expériences, enrichissantes à tout point de vue. J’ai bossé avec les plus grands, Julien Courbet, Stéphane Bern, Samuel Etienne…J’ai donc appris mon métier, doucement mais sûrement, car ma plus grande crainte est de n’être qu’ »un coup », une étoile filante. Alors pour ne pas l’être, il faut être patient. Apprendre, regarder, observer, et attendre son tour. Alors c’est vrai qu’aujourd’hui ma notoriété dépasse à peine mon quartier de Paris, mais être un second rôle comme je l’ai souvent été par le passé, ne me gêne pas. Je vais bien finir par être le roi du monde, allez, encore un peu de patience…

Onirik : Radio, télévision, one-man-show. Quels sont vos objectifs ? Obtenir une émission en prime-time ou continuer votre carrière d’entertainer sur les planches ?

Willy : Je voudrai continuer mon parcours partout où je peux le faire. Je rêve de bosser avec Ruquier en télé ou en radio par exemple. Mais ma grande priorité aujourd’hui, est de faire mon trou sur scène. Je prends un pied monstre quand je joue. J’aime les rires, les applaudissements. Je sais que je suis fais pour ça, que j’ai une place à prendre. J’ai un univers bien à moi, une personnalité différente, et je suis sûr que petit à petit je finirai par vous séduire…

Oui, je voudrai être comme Molière, ou Dalida selon vos références, et mourir sur scène…

Onirik : Quelle a été l’expérience la plus valorisante pour vous ?

Willy : Quand on me dit « merci, j’ai passé un bon moment », je crois que c’est ultra valorisant pour moi. Quand on me dit ça, je crois que je me la pète un peu !!!