Interview de Charlaine Harris

Onirik : En France, nous connaissons uniquement votre héroïne Sookie Stackhouse. Nous l’aimons particulièrement pour sa capacité à prendre position pour ses amis, même à ses risques et périls et aussi parce qu’elle est comme nous. Lorsqu’elle prend un coup, elle a un bleu, que ce soit physiquement ou moralement.

Charlaine Harris : Merci ! C’est aussi pour ces raisons que je l’apprécie.

Onirik : Vos romans sont passionnants, car ils mélangent la vie de tous les jours avec des vampires, des loups-garous, des fées et autres êtres surnaturels. Cela pourrait se passer de nos jours. Vous faîtes également un parallèle entre la manière dont les vampires sont traités et celle dont le monde traite ses minorités. Cela donne un second degré à vos récits et les rend, par conséquent, plus profond. Est-ce la manière dont vous construisez habituellement vos livres ? Avec quoi commencez-vous une histoire ?

CH : J’ai voulu écrire l’histoire d’une jeune femme qui sortait avec un vampire. J’ai commencé à imaginer les raisons qui la pousseraient à préférer un vampire à un humain (NDLT : Sookie est télépathe. Elle ne peut fréquenter trop longtemps des humains parce qu’elle entend leurs moindres pensées et qu’elles se révèlent être très souvent peu ragoûtantes. Les vampires n’émettant pas les mêmes ondes cérébrales, notre héroïne ne perçoit alors qu’une vague émotion. C’est pour elle un vrai soulagement). Peu à peu, Sookie arrive à maîtriser ce qu’elle considère être un handicap et la série s’est développée autour de ce cadre.

Onirik : Est-ce que le personnage de Sookie contient une part de vous-même ? Avez-vous une affection particulière pour l’un de ses prétendants ?

CH : J’aimerai beaucoup être un peu plus comme Sookie ! Mais, bien évidemment, elle a un peu de moi comme d’ailleurs chacun de mes personnages. Je n’ai pas de préférence concernant ses petits copains, tous ayant de bons ou mauvais côtés.

Onirik : Quel style littéraire préférez-vous écrire ?

CH : j’apprécie tout particulièrement le fantastique. J’écris des romans à suspense depuis des années et j’aime cela. Mais le fantastique me procure beaucoup de plaisir.

Onirik : Maintenant une question qui me titille. Comme vous le savez, il y a un peu de la France à la Nouvelle Orléans et en Louisiane. Pourquoi y-a t-il tant de romans fantastiques se déroulant là-bas ?

CH : Effectivement, l’influence française tend à donner une couleur différente à la Louisiane par rapport au reste du Sud des Etats-Unis. Par contre, la moitié nord de l’état est moins touchée que la moitié sud. C’est d’ailleurs pourquoi je situe l’action de la Communauté du Sud (Southern Vampire) dans le nord (NDLT : entre Shreveport (LA) et Jackson (MI)). Pour la petite histoire, Anne Rice place ses romans dans le sud, autour de la Nouvelle Orléans. Je suis donc l’anti-Anne-Rice ! D’ailleurs, ce surnom m’a déjà été donné. Par contre, le sixième roman mettant en scène notre télépathe se déroulera dans le sud, c’est tout un événement : Sookie monte à New Orléans !

Onirik : Vous nous offrez un miracle avec le personnage de Bubba. Il est particulièrement amusant et c’est chaque fois un plaisir de le retrouver, notamment dans le troisième opus (Mortel corps à corps) lorsqu’il va faire la fête avec les vampires de Jackson. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Avez-vous vu le film avec Bruce Campbell, Bubba Ho Tep ?

CH : J’ai adoré Bubba Ho Tep ! Je regardais un autre de mes films préférés, Men in Black, lorsque l’idée de Bubba m’est venue. Je réfléchissais au sujet des extraterrestres qui se déguisait en humains célèbres (NDLT : comme Michael Jackson, dans le film Men in Black) et hop !, Bubba a éclos dans mon imaginaire. D’ailleurs, ma trouvaille explique tout… Malheureusement, Bubba a été réanimé par un vampire alors que l’étincelle de vie était pratiquement éteinte. Le résultat donne un vampire pas comme les autres…

Onirik : Seule la série La communauté du Sud est publiée en France. Avez-vous des pistes sur des éditeurs francophones qui seraient susceptibles d’éditer vos autres romans ?

CH : Je suis sure que mon agent est en train d’en rechercher. Mes œuvres les plus anciennes sont des policiers conventionnels. Je suis écrivain depuis plus de 25 ans, j’ai donc déjà suffisamment de quoi offrir en terme de continuité.

Onirik : Le sixième roman avec Sookie va sortir en mars. Pouvez-vous nous le présenter ?

La Reine des Vampires (Deninitely dead) est le seul livre qui nous offre une visite de la Nouvelle Orléans. Sookie doit s’y rendre pour fermer l’appartement de sa cousine Hadley, décédée. Bien sûr, il lui arrive de nombreuses aventures. On y retrouvera Quinn le tigre-garou (NDLT : somptueux) mais aussi Eric le Viking et Bill ainsi que la reine de Louisane : Sophie-Anne.

Onirik : Alan Ball (HBO) vous a contacté pour créer une série télévisée à partir du personnage de Sookie. Pouvez-vous nous dire ce qui vous plait le plus dans ce projet ? Avez-vous quelques infos sur le casting et la manière dont le sujet va être traité ?

CH : Alan Ball est excessivement talentueux et je suis particulièrement impatiente de visionner la série. Il est attentif à me tenir informé de la poursuite du projet en m’écrivant par email, par exemple. J’avoue que je ne m’y attendais pas car ce n’est pas exactement les habitudes de ce milieu. Le choix des acteurs s’effectue courant de ce mois (NDR : janvier 2007). Je suis persuadée que Alan gardera l’ambiance des romans, c’est à dire ce mélange d’horreur et d’humour qui les caractérisent.

Onirik : Viendrez-vous en France pour rencontrer vos lecteurs ?

CH : J’adorerai, bien sûr, tout étant une question de temps…

Onirik : Nous souhaitons que les Français vous connaissent mieux. Merci pour votre travail et votre temps.

CH : Merci à vous de m’avoir contacté !

Avis des cinq premiers tomes de La communauté du sud.