Germania – Avis +

Présentation de l’éditeur

Berlin, été 1944. De jeunes femmes sont retrouvées mortes, nues et mutilées, devant des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. Contre toute attente, le SS-Hauptsturmführer Vogler fait appel à Richard Oppenheimer, l’ancien enquêteur star. Pourtant Oppenheimer est juif et donc officiellement interdit d’exercer…

Tiraillé entre son quotidien misérable dans une  » maison juive  » et le confort que lui offre son nouveau statut, Oppenheimer est de plus en plus inquiet. Tous les indices pointent vers un assassin appartenant à l’élite nazie, si Oppenheimer échoue, son destin est scellé. Mais n’est-il pas encore plus dangereux de démasquer le coupable ?

Avis de Valérie

Les éditions 10/18 excellent à nous emmener ailleurs, que ce soit dans le temps ou dans des lieux dépaysants. Ici, malgré un bond en arrière peu important et que la location de l’action n’est pas très loin de chez nous, nous sommes totalement happés par l’univers dans lequel nous plonge l’auteur : Berlin à la fin de la Seconde Guerre mondiale…

Nous avons donc deux morceaux d’importance, l’intrigue policière puisque c’est tout de même le fil rouge du roman et l’ambiance historique et sociale de cette période. Et bien, ces deux parties sont traitées avec un égal talent de conteur par le journaliste allemand Harald Gilbers.

Le Reich mandante le SS Hauptsturmführer Vogler pour enquêter vite et surtout éloigner les soupçons des membres du parti. Nous sommes en mai 44 et le peuple allemand a besoin de croire à un commandement exempt de monstruosité… même si pour cela Vogler va devoir rappeler un commissaire de la Kripo pour l’aider

Richard Oppenheimer est juif, s’il a échappé à la déportation c’est qu’il est marié à une aryenne. Pour autant, il a été renvoyé de son travail à cause des lois raciales et doit habiter avec sa femme une maison juive et porter l’étoile jaune. Avant sa destitution, ce très bon élément a chassé un assassin dont le mode opératoire et la dépravation renvoie à la sauvagerie des meurtres actuels…

Le lecteur ne s’ennuie jamais et si le tueur en série sème les meurtres, les indices eux sont rares d’autant que les techniques d’analyses médico-légales sont loin d’être suffisantes pour avancer vite. Le travail va être long et minutieux.

Mais ce qui va nous époustoufler c’est la manière incroyable qu’a Harald Gilbers de construire son roman. Il arrive à ne jamais nous perdre avec les détails nécessaires pour que nous ayons vraiment le sentiment d’être à Berlin avant la chute du Reich.

De plus, il instille une ambiance de guerre où le résultat de la Shoah n’est pas encore connu. Nous focalisons alors sur ce que vit le peuple allemand, sans jugement ou minoration des faits, mais avons cette possibilité de prendre du recul, voire même de compatir avec ces autres victimes du nazisme.

Si l’horreur de la guerre comme des persécutions raciales sont présentes, les personnages ignorent l’industrialisation de la mise à mort des minorités. Pour nous Français qui avons subi l’invasion nazie, c’est un moyen de changer le prisme des événements en nous rappelant que si les alliés ont gagné, le peuple allemand a perdu plus d’une fois.

Cet extraordinaire roman apporte une lecture passionnante ! Les éléments historiques sont précis et pointus et l’intrigue est minutieusement montée. Il est captivant et on admire sans réserve l’habilité de l’auteur à nous faire remonter le temps. Le second tome des aventures de Richard Oppenheimer vient de paraître chez Kéro, Les fils d’Odin. Inutile de vous dire qu’il nous tarde de le lire !

Fiche Technique

Format : poche
Pages 480
Editeur : 10 X 18
Collection : Grands détectives
Sortie : 3 mars 2016
Prix : 8,80 €