Demoiselles aux moyens modestes – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une guerre vient de s’achever, un monde a disparu. Nous sommes à Londres, en 1945, époque où, à quelques exceptions près, tous les gens bien sont pauvres…
C’est le cas, entre autres, des héroïnes du roman de Muriel Spark, jeunes pensionnaires du club May de Teck, une fondation royale accueillant des  » demoiselles aux moyens modestes « .

Toutes font des prodiges pour joindre les deux bouts en ces temps de disette ; toutes – ou presque – s’intéressent aux hommes. Leur quotidien somme toute assez insouciant semble pouvoir se prolonger indéfiniment, mais, comme la guerre et le monde d’avant, il va brusquement prendre fin – sur une tragédie.

Paru en 1963, ce roman de Muriel Spark, l’une des plus grandes écrivaines écossaises du XXe siècle, est un petit bijou de causticité, dans la même veine que Les Belles Années de Mademoiselle Brodie.

Avis de Claire

La Seconde Guerre mondiale a laissé la capitale britannique exsangue. A chaque coin de rue, ce sont des immeubles délabrés, des bombes sont encore quelque part à l’affût dans des jardins attendant d’être déminées, la population vit au rythme des coupons de rationnement pour manger ou se vêtir… Mais cette jeunesse qui a vécu les privations de la guerre a envie de vivre, d’aimer, d’oublier…

Au club May de Teck (du nom de la reine Mary de Teck, la grand-mère de l’actuelle reine Elizabeth II), vivent des jeunes femmes (bien sous tous rapports), elles viennent d’univers très différents, chacune a son histoire, ses rêves et ses aspirations, le rêve d’aimer et d’être aimée n’est jamais loin pour beaucoup d’entre elles, même si d’autres y ont déjà renoncé. Elles vivent dans une sorte de nouveau monde, où tout est à reconstruire, tout est à repenser.

A l’image de cette robe de soirée griffée Schiaparelli qui passe de fille en fille (aucune d’entre elle n’a les moyens d’une robe haute-couture pour aller en soirée, et elles se prêtent ce trésor à tour de rôle), qui représente le monde d’avant, la vie d’avant-guerre s’étiole peu à peu, laissant la place à l’espoir. Mais la triste réalité ne nous rattrape-t-elle pas toujours quand on s’y attend le moins ?

Dans cette fable aux accents aussi drôles que cruels, Muriel Spark trace le portrait de jeunes femmes qui se réinventent dans une société avant tout faite par et pour des hommes.

Fiche technique

Format : semi-poche
Pages : 191
Éditeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons Poche
Sortie : 31 mars 2022
Prix : 8,90 €