Courbet /Marden, Steichen/Kirili : une confrontation au musée d’Orsay

Extremes

Artiste américain, né en 1938, vivant et travaillant à New York, Brice Marden a choisi La Truite de Gustave Courbet (1873). Emblématique de la dernière partie de sa vie, cette toile fait écho à la détention de l‚artiste à la prison de Sainte-Pélagie et à ses conséquences sur ses ultimes créations. Cette oeuvre marque un profond renouvellement du sujet et de la forme. Par l‚impression d’angoisse réelle qui se dégage de la toile, Courbet transcende totalement le thème traditionnel de la nature morte de pêche.
Ce choix de Brice Marden peut étonner, tant on a tendance à voir en lui un tenant de l‚abstraction minimaliste et littérale. Mais Marden a su aussi tirer parti de ses confrontations avec l’oeuvre de Jasper Johns, Alberto Giacometti, Robert Rauschenberg, ainsi qu’avec l’architecture et l‚art gréco-romains découverts à Rome et Pompéi. Délaissant peu à peu l’encaustique monochrome qu‚il avait subtilement utilisée dans les années 197 0, il a emprunté les chemins d’une abstraction gestuelle, redonnant souffle à ses toiles, où les mouvements de la peinture s’individualisent de plus en plus nettement. Comme aérée, la toile devient un espace où laisser les yeux errer entre les couches de matière, dans un jeu complexe de linéaments et d’alvéoles.

Un coup de dés jamais n’abolira la sculpture

Vivant entre Paris et New York, Alain Kirili, né en 1946, a célébré, à travers expositions et conférences, les artistes qui accompagnent son propre itinéraire : les sculpteurs, David Smith, Alberto Giacometti, Julio Gonzalez, Pablo Gargallo, Medardo Rosso, mais aussi Henri Matisse, Barnett Newman, Louise Bourgeois. Une place toute particulière est dévolue à Rodin. Dès 1985, une exposition – dialogue entre les oeuvres du maître et celles de Kirili, est organisée au musée Rodin. C’est à nouveau la figure de Rodin qui est évoquée à travers les photographies d’Edward Steichen (1879-1973), publiées dans Camera Work en 1911, et consacrées aux vues du Balzac prises à Meudon. Depuis les années 1970 et jusqu’à la récente commande publique Ascension pour l’abbaye de Montmajour en 2002, l’art de Kirili s’est notamment développé en une statuaire verticale et monumentale qui vient trouver ici un référent sensible dans le chef-d’oeuvre de Rodin. Auprès des photogravures tirées de Camera Work est placé un ensemble récent de cinq sculptures de la série des Segou et des Totems, dans cet élancement des formes propre à l’oeuvre de Kirili qui souligne combien le renouvellement de la verticalité dans la sculpture est inséparable de la statuaire, la musique et la danse.

Musée d’Orsay – Entrée par le parvis – 1, rue de la Légion d’Honneur – Paris. Tél : 01 40 49 48 00

Tous les jours de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45. Fermeture le lundi

Musée : Plein tarif : 7,50 euros

Tarif réduit et dimanche : 5,50 euros

Gratuité moins de 18 ans. Adhérents Carte blanche du musée d’Orsay , MuséO, La Carte jeune du musée d’Orsay.