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Présentation officielle

Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu’à ce qu’un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre…

Avis de Claire

Il y a quatre ans, on découvrait une nouvelle voix dans le cinéma européen, avec Girl, le premier film profondément émouvant de Lukas Dhont, sur une jeune danseuse classique trans. Dans ce second long-métrage, le réalisateur flamand questionne les liens d’amitié entre deux garçons et les cueille littéralement au moment où ils basculent de l’enfance à l’adolescence. Les premières scènes les happent dans le scintillement de l’été qui s’achève, dans leurs jeux d’enfants. Entre les courses folles dans les champs, la liberté grisante d’un vélo lancé à toute allure, les soirées passées à discuter tard dans le même lit, les deux amis sont inséparables.

Quand arrive la rentrée un peu redoutée, Rémi et Léo sont heureux d’être dans la même classe. L’école ne les prive pas de ces longs moments qu’ils ont l’habitude de passer ensemble. Les journées se divisent entre les cours, les obligations de Rémi dans l’exploitation familiale où le jeune garçon aide du mieux qu’il peut, délaissant sa famille pour aller passer le reste de son temps libre avec son meilleur ami. Il est même symboliquement « adopté » par la maman de Léo, comme son deuxième (et très dévoué) second fils. Un jour, au collège, une camarade les interroge sur la nature de cette amitié si particulière. Cette question, que Rémi ne s’était jamais posée, vient pourtant ébranler tout ce qu’il croyait savoir…

A travers le regard de Rémi (incroyable duo Eden Dambrine & Gustav De Waele), qui n’est pas conscient du drame prêt à surgir de l’ombre, se posent les douloureuses réflexions de l’acceptation de soi, de la honte liée à l’incompréhension, du poids du jugement des autres alors que l’on est soi-même un être en pleine construction. Même si le thème du film se révèle aussi sensible que queer, jamais les mots ne sont prononcés, tout est perceptible par le prisme de Rémi qui n’a pas tous les codes, qui n’en perçoit pas tous les aboutissants, qui n’a pas la force ni sans doute la maturité nécessaires pour y faire face.

«C’est un film queer parce que tous les thèmes qu’il évoque le sont, parce qu’il interroge le genre et la masculinité. Le sujet, c’est que, dès qu’il y a de la sensualité et de la tendresse entre deux garçons, on a envie de les mettre dans une case».[[Lukas Dhont dans Têtu, automne 2022.]] Voilà sans doute la porte d’entrée vers ce très beau film, et ce qu’il faut avoir en tête au moment de le découvrir pour la première fois. On aurait pu évoquer également l’éloge de la grâce, tant ce film ne laisse transparaître que de l’émotion brute, sans fards, sans fioritures, sans appesantissements. Nul doute que la beauté du casting, sans aucune faute, y est pour beaucoup, avec un mélange savamment orchestré d’acteurs francophones et flamands.

A voir absolument, autant pour la beauté des images que pour le traitement de l’histoire, dans l’émotion et la douceur contenues. Le film a obtenu le Grand Prix au dernier festival de Cannes, mais pour nous il est la Palme d’Or de coeur.

Fiche technique

Sortie : 1er novembre 2022
Durée : 95 minutes
Avec : Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa Drucker…
Genre : drame