Bled number one – Avis +

Synopsis

Après un séjour en prison en France, Kamel (Rabah Ameur-Zaïmeche), victime de la double-peine, doit retourner en Algérie. Il s’y sent très mal. Il trouve le réconfort auprès de Louisa (Meriem Serbah) qui a fui la France avec son enfant pour fuir son mari violent Ahmed (Ramzy Bedia). Une courte idylle naît entre ces deux déracinés.

Avis de Luc

Kamel, son bob orange vissé sur la tête, encore interprété par le réalisateur (tout comme Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?) se fait traiter par ses cousins et amis de « Kamel le français ». Ils ont raison, Kamel est bien plus français que Algérien. Il se sent étranger dans ce pays ballotté entre la tentation de la modernité et les traditions. Les jeunes s’habillent en Nike, se moquent de la religion et boivent de la bière, ce qui met en fureur un petit groupe d’intégristes qui veut faire régner l’ordre. Heureusement, la résistance s’organise dans la communauté pour lutter contre ce petit groupe d’exaltés minoritaires.

Le film, comme dans Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?, dénonce l’imbécillité de la double-peine (qui est, hélas, toujours en vigueur), mais va plus loin dans la contestation. Le personnage le plus émouvant est Louisa (merveilleuse Meriem Serbah), rejetée par son mari (interprété par un impressionnant Ramzy Bedia, loin de ses pitreries), puis par sa famille, sous prétexte qu’elle veut être libre. Elle veut être chanteuse. Kamel la pousse avec des musiciens rock. Le film s’achève sur des notes égrenées à la guitare électrique, loin, très loin de la musique arabe qui sert de bande son au début, dans une sorte de rêverie mélancolique. Le coeur des Algériens ne bat plus ni pour l’islam ni pour la France, mais rêve d’un ailleurs, outre-atlantique.

Très beau film qui laisse une impression d’amertume dans la bouche.

C’est la seconde fois cette année que l’Algérie est au coeur du cinéma français, après le très beau et très douloureux La trahison de Philippe Faucon. En attendant Flandres de Bruno Dumont où un jeune du Nord part en guerre dans un pays arabe (peut-être l’Algérie) et Indigènes de Rachid Bouchareb qui rend hommage aux soldats maghrébins pendant la seconde Guerre mondiale.

Les destins de la France et de l’Algérie sont indissolublement liés et je suis content que le cinéma français prenne enfin à bras le corps la description de cette relation d’amour et de haine qui nous unit depuis des siècles.

La sincérité du propos de Bled number one est évidente à l’écran. Les acteurs, à part les trois ou quatre personnages principaux, sont tous non-professionnels, ce qui donne un côté très chaleureux au film. Beaucoup sont de la famille du réalisateur, comme pour Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?.

A ne pas rater !

Fiche Technique

Date de sortie : 07 Juin 2006

Avec Rabah Ameur-Zaimeche, Meriem Serbah, Abel Jafri, Ramzy Bedia, etc.

Genre : Drame

Durée : 97 minutes