Blackwater : La crue – Avis +

Présentation officielle

Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du Sud de l’Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue.

Mené par Mary-Love, la puissante matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s’apprête à se relever. Mais c’est compter sans l’apparition aussi soudaine que mystérieuse, d’Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s’immiscer au cœur de la famille Caskey.

Avis d’Emmanuelle

Elinor : voilà un prénom qui passionnera bien des personnes. Apparue miraculeusement après l’effroyable crue qui a ravagé la ville de Perdido, elle charme beaucoup de cœurs naïfs, inspire de la peur chez certains, de la haine chez d’autres. Dès les premières pages, le malaise s’installe avec elle sur les rives du fleuve.

La Crue est le premier tome d’un roman feuilleton qui, des décennies après sa première publication, rencontre à nouveau un franc succès. La cause ? Un superbe travail d’impression de l’éditeur, qui a donné une esthétique particulière pour la couverture, reconnaissable entre toutes, une ambiance lourde propre au sud des Etats-Unis, une héroïne belle et inquiétante, des disparitions, et un enchaînement des tomes ne laissant pas le temps aux lecteurs de passer à autre chose.

Malgré ses 256 pages, ce roman est dense. L’atmosphère y est pesante, l’écriture offre pourtant de belles phrases malgré un vocabulaire et une construction simples. Il est plaisant de passer un moment de grâce doublé d’horreur.

Très vite, on devine quel est le mystère entourant Elinor, mais l’attrait ne se situe pas uniquement sur ce personnage. Toute la ville comme le lecteur est en attente de quelque chose : la baisse des eaux pour la première, un accident, une disparition ou un meurtre pour le deuxième.

La Crue est clairement un tome d’introduction. Il ne peut pas se lire seul, et on pourrait être vite lassé par ce qui n’y figure pas (de l’action, du suspense, du sang). Mais l’écriture de Michael McDowell nous pousse à en vouloir plus, par sa maîtrise du langage et sa délectation à insuffler un soupçon de surnaturel en fin de volume.

Avis de Chris

En 1919, la rivière sort de son lit et déverse quantité d’eau et de boue dans la ville boisée de Perdido. La crue est telle que tous les habitants ont dû fuir rapidement vers les hauteurs afin de sauver leur vie. Alors qu’Oscar Caskey tente de voir l’étendue des dégâts de la crue sur sa scierie à bord d’une barque dirigée par Bray, un domestique, une étrange rencontre fera basculer la vie des Caskey à tout jamais.

Après être restée trois jours dans sa chambre d’hôtel sans vivres et les pieds dans l’eau, Elinor Dammert est sauvée par Oscar Caskey. Cette femme, que personne ne connaît et dont les affaires personnelles ont disparu, s’immisce un peu trop au goût de Mary-Love Caskey, la doyenne de la famille, dans les affaires de son beau-frère et surtout dans celles de son fils bien aimé. Et, bien que cette dernière sente le vent tourner en sa défaveur, rien ni personne ne la fera chavirer. Ou, peut-être que si justement…

Ce premier tome introductif, où la vie quotidienne, la mort, les commérages, conflits et manigances sont légion, est aussi fluide que l’eau de la Blackwater. L’écriture de McDowell, traduit par Yoko Lacour et Hélène Charrier, amène le lecteur dans une fresque teintée d’horreur et d’un soupçon de surnaturel. Bien que l’histoire paraisse gentillette dans les premiers chapitres, parfois prévisible dans la tournure des événements, le dernier quart de La crue nous plonge dans une violence à laquelle on ne s’attend pas. Même si la fin peut nous laisser pantois, ce serait mentir de ne pas la trouver cohérente. Ainsi, on a hâte de découvrir les conséquences de telles révélations.

Première fois publié dans la langue de Molière, l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture a choisi de mettre les petits plats dans les grands pour rendre hommage à l’auteur qui inspira Stephen King pour la publication de la La ligne verte. En réunissant en six volumes, tous les chapitres de la saga Blackwater – originellement parue en six mois en 1983 – l’éditeur français a décidé de publier un volume tous les quinze jours. Le dernier sortira le 17 juin 2022. Le format est légèrement plus petit qu’un poche classique et plaira aux globe-trotteurs de la lecture. Enfin, une petite biographie de l’auteur est présente également à la toute fin.

Outre une intention de garantir les volontés de l’auteur sur cette saga littéraire, décédé en 1999, les couvertures sont magnifiques et d’une rare originalité. On ne peut déambuler dans un rayon sans être inéluctablement attiré par ces dernières. Ce travail d’orfèvre a été réalisé par Pedro Oyarbide. Par ailleurs, chaque illustration est un détail de l’histoire et semble avoir été choisie avec réflexion. Nul doute qu’une fois La crue achevée, vous y verrez bon nombre de références sur sa couverture et quatrième de couverture.

Fiche technique

Format : poche
‏Pages : ‎260
Éditeur ‏ : ‎Monsieur Toussaint Louverture
Sortie : 7 avril 2022
Prix : 8,40 €