Après une si longue nuit – Avis +/-

Présentation officielle

Sarah, Samir, Tékitoi et Pierrot se retrouvent dans la salle d’attente d’un hôpital. C’est leur mère adoptive, mourante, qui les réunit. Une décennie qu’ils ne se sont pas vus.
Pourtant, très vite, cette fratrie de cœur se chamaille et se recompose comme au premier jour, au gré de leurs souvenirs d’enfances et de leurs (més)aventures d’adultes.

Avis d’Anna

Après une si longue nuit nous plonge au cœur d’une fratrie atypique.
Pierrot est un effarouché vif et adorateur de Rimbaud, en quête d’une mère qu’il n’a jamais connue. Sarah, elle, est une force de la nature qui cache une sensibilité et une fragilité à fleur de peau. Quand à Samir, c’est un introverti, hanté par l’enfer de son enfance à Bagdad. Enfin, il y a Tékitoi, un jeune garçon noir qui a perdu son prénom.

D’Aubervilliers, à Bagdad, en passant par Jérusalem et le Rwanda, ces orphelins que tout oppose sont réunis par un curieux destin, en la personne de Manu et Jean, leurs parents adoptifs.

Étrangers à eux-mêmes, chacun cultive un attachement particulier aux patries dans lesquelles ils ont perdu leur innocence, leur famille et leur identité.
Blessures et quêtes identitaires sont les fils conducteurs de la pièce.
Leur déracinement et leur besoin de retourner sur leurs terres natales motivent l’existence de Sarah, Samir, et Pierrot. En revanche, pour Tékitoi, il n’y a pas de retour possible.

Le casting de cette pièce sur l’identité, la famille et la fraternité est d’une justesse remarquable. Sarah et Tékitoi, les inséparables et complices de toujours, forment le duo salvateur de l’histoire. Leur complicité sans équivoque est à l’origine de plusieurs beaux moments. Les imperfections d’une fratrie, d’autant plus que celle-ci est recomposée, sont montrées sans ambages. Les tensions sont fortes et les prises de becs nombreuses. Mais quoi qu’il arrive, ils sont uns et font face à l’adversité mains dans la main.

Côté mise en scène, la sobriété est de mise. Cependant, la vivacité des acteurs et de leurs jeux compensent largement ce point.
Par ailleurs, l’alternance entre événements passés et présents est fluide et subtile. On glisse d’une époque à l’autre sans fioriture, au gré de quelques tours de chouchous, et de vestes, de chapeau et de bonnet mis et enlevés en moins de deux.

Une mention spéciale à Maxime Bailleul qui joue Pierrot pour son interprétation magique du cri de la mouette et du bruit de phare.

Après une si longue nuit vous rappellera sans doute votre propre fratrie, avec son lot de bons et de mauvais souvenirs.

Fiche technique

Texte : Michèle Laurence
Mise en scène : Laurent Natrella, Sociétaire de la Comédie-Française
Casting : Maxime Bailleul, Olivier Dote Doevi, Slimane Kacioui, Élodie Menant
Durée : 1h10
Lieu : Off – Avignon – Théâtre du Roi René.
Dates : 7 au 30 Juillet 2017.
Horaires : à 20H30, tous les soirs.
Prix : NC
Informations et réservations : au 04 90 82 24 35 ou sur le site du Théâtre du Roi René
Copyright photos : Rémy Disch