A qui le tour ? – Avis +

Présentation de l’éditeur

Ce sont 5 gagnants du Loto, des GRANDS gagnants, plus d’un million chacun, voire plusieurs dizaines. Ils se rencontrent par l’entremise de la Française Des jeux, sympathisent et vont jusqu’à passer des vacances ensemble… et puis patatras, la vie les rattrape et c’est la cata. Sont-ils victimes d’une malédiction ?

On mène sa vie, soit toute calme et sagement rectiligne, sans tangage ni trompette, soit bien foldingue, dure ou difficile, quand soudain, brusque, effrénée, la chance dévaste tout, ne laisse rien debout. Le doigt de Dieu vient de vous toucher, bagué de toute une série de zéros, ceux d’un gros, très gros lot du loto. Dès lors, il faut gérer vertiges et frénésies : tout devient possible.

Une catastrophe dorée, c’est ce que vivent les cinq héros de Murielle Renault : Chantai, employée de préfecture ; Bruno, SDF ; Capucine, jeune fille moderne ; Roger, retraité ; Carine, la meuf à Tony. Le quintette redoublé des amis et conjoints se retrouve au Ritz, assemblé là par la Française des Jeux, pour un round d’observation. Démarre ensuite le parcours du gros gagnant : gestion, patrimoine, placement. On investit dans la pierre, on dépense du kilomètre, on écoule du grand cru, et surtout on endure l’autre, le proche, l’ami, l’amant, l’enfant.

Chantal tente de faire digue face à cette crue de félicité en invitant la brochette d’élus. Rien n’y fait. Et tout dégénère. Après tout, ça vaut sans doute mieux. La chance, comme le diable biblique, «rôde, cherchant qui dévorer». A qui le tour ?

Avis d’Emilie

On a trop de bonnes choses à dire sur ce roman, il faut faire une liste au fur et à mesure de la lecture pour ne rien oublier !

Commençons par le plus évident : le titre. Avouez, vous n’avez jamais rêvé de gagner le pactole au Loto ? Jamais joué à « et si… » ? Bien sûr ! Le titre même fait rêver et parle à tout le monde. On voit le livre, et on le prend, comme si lire le résumé allait en quelque sorte nous donner une recette miracle.

Il est bien sympa ce résumé d’ailleurs. Il nous parle de 5 gagnants. 5 c’est beaucoup. Et il nous parle aussi de conseils financiers. Des conseils sur l’argent, tout le monde en a besoin en ces temps difficiles. Et surtout, il nous parle de dépenser et de dégringolade. Fabuleux, ça va sans doute être aussi un assez drôle !

Donc on passe au roman proprement dit. C’est bien simple, dès la première page, nous sommes happés. Parce que les gens qui gagnent, c’est nous. C’est Chantal, 40 ans, divorcée, qui mène une vie morne, qui se fera accompagnée par son fils, cupide et méprisant.

C’est Capucine, jeune femme qui rêve de luxe et de voyages, dont la meilleure amie, avide de partager cette aubaine même si le sale caractère de sa copine la rebute.

C’est Roger, retraité, dont le seul but est de partir en vacances avec son copain Lucien, mais qui regrette que sa femme soit morte, ça aurait été mieux avec elle.

C’est Tony, un beau jeune homme, mais violent, qui demande sa chérie en mariage mais précise qu’il fera un contrat de mariage parce qu’il ne veut pas qu’elle touche au magot.

Et c’est Bruno, le plus attachant de tous, qui est SDF et qui a donc l’habitude d’être invisible.

Mais au delà de cette identification instantanée aux personnages, il y a aussi l’écriture. Compréhensible, directe… Cette écriture au présent nous touche immédiatement, rend le texte dynamique et nous donne l’impression que c’est nous qui sommes en train de penser, en train de raconter.

Le point de vue omniscient (on connait les pensées des personnages mais le texte n’est pas écrit à la première personne) donne du relief aux relations entre les personnages.

Martine, chargée d’accueillir les gagnants, est divine : elle les déteste tout en les aimant à la fois. Elle ne gagnera jamais, elle n’a pas le droit de jouer en tant qu’employée de la Française des jeux. Et elle voit défiler chaque mois ces nouveaux millionnaires, dont certains sont franchement antipathiques. Son boulot, c’est de rester polie et de les amener à prendre conscience de leurs gains. Mais quand on vient de gagner 54 millions d’euros, qui veut écouter ?

C’est un roman jubilatoire. On joue à « Et si je gagnais ? » du début à la fin. On se retrouve dans les réactions des joueurs quand ils apprennent leur chance. On se retrouve également dans leur bêtise. Nous aussi on achèterait des bêtise juste pour le plaisir de les acheter non ? Et on serait jaloux si c’était un proche qui gagnait.

Délicieusement humains, et donc faillibles, ces personnages, aussi odieux qu’ils puissent se montrer parfois, sauront vous faire sourire, vous indigner, vous faire rire, et avec tout ça, vous ne pourrez plus lâcher le roman !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 288
Editeur : Le dilettante
Sortie : 2 mars 2013
Prix : 18 €