Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde – Avis +

Présentation officielle

Cette exposition explore l’aesthetic movement qui, dans l’Angleterre de la seconde moitié du XIXe siècle, se donne pour vocation d’échapper à la laideur et au matérialisme de l’époque, par une nouvelle idéalisation de l’art et de la beauté.

Peintres, poètes, décorateurs et créateurs définissent un art libéré des principes d’ordre et de la moralité victorienne, et non dénué de sensualité.

Des années 1860 à la dernière décennie décadente du règne de la reine Victoria, qui s’éteint en 1901, ce courant est étudié à partir des oeuvres emblématiques de Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones et William Morris, James McNeill Whistler, Oscar Wilde et Aubrey Beardsley.

Tous sont réunis dans une même quête associant la création artistique à l’art de vivre et qui trouve des terrains d’expression féconds dans les domaines de la photographie, des arts décoratifs, du vêtement et de la littérature.

Avis de Claire

La beauté a autant de significations que l’homme a d’humeurs. La beauté est le symbole des symboles. Elle révèle tout, parce qu’elle n’exprime rien. Quand elle paraît, elle nous montre le monde entier éclatant de couleurs, écrivait Oscar Wilde en 1890. Et cela tombe bien, car cette nouvelle exposition du Musée d’Orsay est d’une beauté exceptionnelle.

Suite logique de la précédente exposition temporaire, Une Ballade d’amour et de mort, qui mettait en lumière l’art préraphaélite, encore trop méconnu en France, cette nouvelle saison « à l’anglaise » sur l’aesthetic movement, confirme la volonté d’ouverture du Musée d’Orsay [[l’exposition est réalisée conjointement par le Fine Arts Museum of San Francisco, le Victoria and Albert Museum & le Musée d’Orsay]].

Et qui d’autre qu’Oscar Wilde [[l’exposition est ponctuée d’aphorismes du dandy, comme autant de manifestes de « l’art pour l’art »]] aurait pu mieux représenter ce mouvement à la fois décadent et raffiné, sensuel et sensible, aussi superflu que nécessaire ? Pour la première fois en France, une place d’honneur est réservée à l’avant-garde britannique du XIXe siècle, qui, sous l’impulsion de la modernité s’affranchit du style victorien, moralisateur et puriste.

Le dandy est présent partout, fer de lance du mouvement de « l’art pour l’art » en Angleterre. Alors que Théophile Gautier en jetait les bases dans la préface de son roman Mademoiselle de Maupin: « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid », les Britanniques auront l’intuitive intelligence d’aller au-delà de cela, le Beau sera dans toute chose, même dans les objets du quotidien, presque à portée de tous.

Le Musée d’Orsay présente justement des pièces parmi les plus belles de créations de papiers peints de William Morris, ou encore des meubles ou des faïences, comme ceux qui ont brillé à l’Exposition Universelle de Londres en 1862, et qui mettaient ainsi au goût du jour l’art japonisant. Les divers objets design crées par Christopher Dresser en sont un exemple frappant.

Accueilli par une pleine brassée de lys blancs, le visiteur comprend d’emblée que le beau est le maître-mot de cette balade au pays de l’art. Nombreux sont les artistes représentés, amis de Wilde ou admirés par lui. On pense notamment au génial Aubrey Beardsley dont les illustrations élégamment gothiques de Salomé [[pièce de Oscar Wilde rédigée en français à Paris en 1893 pour Sarah Bernardt]], ont poussé le concept à son sommet.

De nombreux peintres préraphaélites, Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, William Morris ou encore l’américain James Abbott McNeill Whistler magnifient par leurs tableaux, croquis ou dessins, cette rétrospective aussi fascinante que réussie.

Merveille parmi les merveilles, la sublime Sainte-Cécile du peintre John William Waterhouse [[ce peintre a fait l’objet d’une grande rétrospective à Londres il y a deux ans à la Royal Academy of Arts, John William Waterhouse : le préraphaélite moderne, la première depuis 1978]].

D’ailleurs, c’est bien le seul reproche que l’on pourrait faire à cette splendide exposition. Alors que ce tableau a été choisi pour servir d’illustration à l’affiche (magnifique), il est bien dommage que ce dernier ne soit pas plus mis en valeur dans le catalogue de l’exposition. Une explication sur le choix de ce tableau ainsi qu’une présentation plus poussée de ce peintre auraient été bienvenues.

Fiche technique

Adresse : 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris

Horaires : ouverture tous les jours de 9h30-18h, 21h45 le jeudi, fermé le lundi

Tarif Musée : 8 € (Accès à l’exposition avec le billet musée)