Western spaghetti

Comme toujours je me pose la question si mes goûts changent trop vite en vieillissant ou si les séries que je lis évoluent dans le mauvais sens.

Durango était une série «western spaghetti», tout simplement. Yves Swolfs dessinait les aventures d’un nettoyeur de villes, chasseur de prime à la moralité un peu spéciale, avec des côtés défenseurs de la veuve et de l’orphelin. On l’a même vu aux côtés de révolutionnaires au Mexique.

Dans le premier épisode, il se fait détruire la main droite, ce qui l’oblige à une rééducation «professionnelle» de la main gauche avec une arme automatique européenne très peu courante dans le western de l’époque.

Les 13 premiers albums étaient pourtant battis sur le même moule : le bon, les méchants, les pauvres agneaux sans défense martyrisés par les méchants et l’élimination des méchants par la poudre avec quelques dégâts collatéraux. Bref, un «western spaghetti» comme on les aime[[Empreint d’une morale américano-américaine primaire qui donne toujours raison à celui qui porte les armes et sait s’en servir, mais baste, passons.]]. Clint Eastwood et Sergio Leone n’auraient pas fait mieux, il ne manque que la musique [[Qui n’est certe pas facile à faire passer en BD]].

L’album précédent prêtait à faire penser que Durango avait trouvé la femme de sa vie, raccrochait le pistolet au porte-manteaux et vivait heureux en ayant beaucoup d’enfants. Ite missa est : la série était bouclée.

Que nenni !

Dans «Un pas vers l’enfer», l’homme aux yeux verts et aux mitaines noires commence à assouvir une vengeance [[Inutile de vous dire que le plomb va pleuvoir autant qu’à Chicago pendant la prohibition !]]. Espérons que la suite du récit sera plus palpitante. Car la fin, telle qu’elle est construite, ne peut qu’amener une suite, même s’il n’est pas mentionné les mots magiques «A suivre ….» ! Pour l’instant, rien que du déjà vu. Par contre, si vous ne connaissez pas la série, cet album peut être un bon moyen de la découvrir.

Ce 14ème album est dessiné non plus par Yves Swolfs, créateur de la série, mais par Thierry Girod [[dessinateur de Wanted]]. Le dessin reprend bien le trait original, mais sans les imperfections, surtout anatomique des personnages. C’est même trop parfait, Durango était un style reconnaissable, il devient une pâle imitation de Blueberry.

Durango (14 albums parus).
Un pas vers l’enfer.
Scénario : Yves Swolfs.
Dessin : Thierry Girod.
Couleur : Jocelyne Charrance.
Aux éditions du Soleil.