Une saison à Longbourn – Avis +

Présentation de l’éditeur

Orgueil et préjugés rencontre Downton Abbey !

Nous sommes au XIXe siècle, au cœur du Hertfordshire. Sur le domaine de Longbourn vit la respectable famille Bennet, constituée de Mr et de Mrs Bennet et de leurs vénérables filles, en âge de se marier. Hélas, point de garçon dans la lignée : Mr Collins, un cousin, deviendra l’héritier légitime du domaine.

Ce qui n’est pas sans inquiéter les domestiques qui veillent sur leurs maîtres sans répit. Matin et soir, ils astiquent, frottent, remplissent, vident, pétrissent et vivent au rythme des exigences et des aventures de leurs bien-aimés patrons. Mrs Hill, l’intendante, règne sur l’organisation de la maison et orchestre la petite troupe d’une main de fer : son époux Mr Hill, la juvénile Polly qui aime les sucreries plus que de raison, Sarah, une jeune idéaliste qui rêve d’aventures et de s’extraire de sa condition et enfin, le dernier arrivé, James, un valet un brin lunaire, ancien soldat.

À mesure qu’Elizabeth, se laisse aller à rêver à un mariage avec le beau Mr Darcy, on assiste, un étage plus bas, à la naissance d’une idylle entre Sarah et James. Mais une histoire d’amour peut en cacher une autre, et qui sait quel secret enfoui risque de ressurgir…

Jo Baker est née dans le Lancashire. Elle a étudié à Oxford et à la Queen’s University, à Belfast. Elle a écrit pour la BBC Radio 4 et a été la directrice artistique du festival littéraire de Belfast entre 2001 et 2003. Une saison à Longbourn est son quatrième roman, le premier publié en France. Elle vit aujourd’hui à Lancaster.

Avis de Claire

Une Saison à Longbourn, de l’anglaise Jo Baker, reprend l’intrigue du classique britannique Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Richement documenté et intelligemment écrit, il propose un angle tout à fait original, le point de vue des domestiques. On a pu voir ça et là une phrase d’accroche qui comparait le roman à Dowtown Abbey, il n’en est rien, nous sommes bien loin du faste de la famille Crawley.

Les Bennet sont une famille de la gentry, certes, mais modeste et provinciale. Jo Baker, qui a confié en interview avoir eu elle-même des ancêtres domestiques au 19e siècle, nous offre donc une véritable version affective et en négatif de cet univers.

La domesticité se résume dans Orgueil et préjugés à une entité de silhouettes, uniquement au service des personnages principaux, une communauté d’ombres bienveillantes et dévouées, à laquelle nous autres lecteurs, il faut bien l’avouer, ne nous sommes jamais vraiment souciés auparavant non plus.

Là où les cinq filles Bennet, relativement privilégiées, passent leurs journées en lectures, flâneries, broderies, causeries ou soupirs, les petites mains des servantes frottent, briquent, astiquent, épongent, réparent et préparent sans relâche et dans un éternel recommencement, chaque jour ressemblant au précédent, aussi long, aussi rempli, aussi rébarbatif, aussi épuisant.

Dans Orgueil et préjugés, on évoque rubans et taffetas, dans Une saison à Longbourn, on vide les pots de chambres et on nettoie la boue des robes de demoiselles. Chez Jo Baker, les odeurs nous assaillent, de la cour de ferme aux cuisines, de l’intimité des chambres aux écuries. C’est incontestablement un autre monde.

C’est dans ce monde-là que règne justement l’extraordinaire Mrs Hill, l’intendante de la maison, la seule qui semble pouvoir tenir tête au maître des lieux, Mr Bennet, comme s’ils partageaient un inavouable secret. Son époux, taciturne, et deux petites bonnes, Sarah et Polly, complètent cette équipe efficace qui fonctionne comme une vraie famille. L’intrigue se déroule essentiellement du point de vue de Sarah, dont on devine assez rapidement les rêves d’ailleurs et d’aventures.

Rythmée par les différents épisodes du roman originel, l’histoire est particulièrement émouvante et creuse des failles que l’on ne faisait qu’entrevoir chez Jane Austen. On pense tout spécialement aux guerres napoléoniennes, qui ne sont qu’évoquées dans Orgueil et Préjugés, mais qui représentent l’un des moteurs de l’intrigue chez Jo Baker, avec le mystérieux personnage de James Smith[[L’auteur précise dans ses notes que James n’est mentionné qu’une seule fois dans le roman de Jane Austen.]], dont Sarah tombe amoureuse, et qui symbolise à lui seul l’écueil entre les deux bans de la société.

Le titre, Une saison à Longbourn, est finalement un peu réducteur, puisque l’on va bien au-delà de ce que l’on connait du roman austenien, on découvre par exemple une Elizabeth Bennet à peine mariée qui prend ses marques à Pemberley, ainsi que la jeune Sarah restée à son service, mais qui se retrouve bien vite broyée par l’incomparable machinerie domestique de la plus puissante propriété du Derbyshire.

On pense également aussi parfois à Tess, dans la description si réaliste et si détaillée des tâches domestiques, mais également pour le destin de Sarah, qui contrairement à l’héroïne de Thomas Hardy, maîtrise toutefois beaucoup mieux ses rêves, ses sentiments et sa destinée, poignante, jusqu’aux dernières pages.

Une adaptation sur grand écran est actuellement en préparation, on s’en réjouit d’avance !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 393
Editeur : Stock
Sortie : 2 avril 2014
Prix : 21,50 €