Une apparition – Avis +

Présentation de l’éditeur

 » Et enfin, à cinquante-trois ans, j’ai entrepris d’apparaître.  »
Et si tout ce qu’on racontait sur les cheveux blancs était faux ? Et si ces monceaux de teinture, sur des millions de chevelures, aux quatre coins de la planète, cachaient en fait une beauté supplémentaire que les femmes pourraient prendre avec le temps, beauté immense qui les sauverait de bien des angoisses, de bien de servitudes ?

C’est en partant de cette intuition que Sophie Fontanel, un soir d’été, décide d’arrêter les colorations et de regarder pousser ses cheveux blancs. Comme elle est écrivain, elle en fait un livre, sorte de journal romancé de ce qu’elle n’hésite pas à appeler une  » naissance « .

Les semaines, les mois passent : un panache lui vient sur la tête, à mille lieues des idées préconçues sur les ravages du temps. Elle réalise que l’âge embellit aussi les femmes et que les hommes n’ont pas pour les cheveux blancs l’aversion qu’on supposait. Elle découvre que notre société n’attendait qu’un signal, au fond, pour s’ouvrir à une splendeur inédite, d’une puissance extraordinaire.

Ce roman est une fête. Celle de la liberté.

Avis de Valérie

Pour toute femme – gâtée ou non par dame Nature – la cinquantaine est un coup de semonce. Non, pas, obligatoirement que l’on se délite, mais dans le regard des autres, on est souvent passé de l’autre côté de la frontière. L’un des marqueurs le plus visible (avec les rides) est la perte de la mélanine des cheveux.

Les lectrices de Elle connaisse bien Sophie Fontanel, créatrice notamment de Fonelle. Elle a travaillé à donner une structure à la mode afin de la sortir du carcan de la futilité. Et sa plume acérée, mais généreuse, est toujours un moment de lecture agréable quel que soit le sujet. Elle confie ici sa difficile décision d’arrêter de se teindre les cheveux, afin de voir ‘apparaître’ un blanc immaculé. De vilain petit canard, elle devient un cygne élégant. Et cette transformation s’est d’abord faite en elle, la vivant comme une renaissance.

Sophie Fontanel n’élude aucune question, en ponctuant ses chapitres de messages reçus sur blog Instagram. Il s’agit d’encouragements, de questions, et quelques fois mêmes de refus pouvant être vexant. L’un d’eux vient d’une des ses meilleures amies, Inès de la Fressange, qui s’oppose à son projet. Ce qui devient évident, c’est que cette démarche est personnelle et doit se produire au moment où la femme est prête à l’accepter.

On peut lire cet ouvrage de deux façons. Rapidement, en y trouvant des moments d’émotion, d’introspection et de révélation avec en toile de fond ce combat pour s’accepter telle qu’on est sans lâcher prise avec le temps

Mais on peut également prendre son temps, remettre en contexte nombre de petites phrases de Sophie Fontanel qui ne fait pas de philosophie, mais qui parle si bien du fond de son âme que cela fait réfléchir. En acceptant, et choisissant ce que le l’âge lui apporte, elle élimine beaucoup des murs que l’on construit dès notre jeunesse entre ce que nous sommes et ce que nous devons montrer.

Et l’air de rien, son texte nous parle, au delà même de sa problématique première. De plus, à aucun moment Sophie Fontanel n’émet de jugement ou de condamnation. Elle agit avec une bienveillance non forcée de celle qui a souffert et ne souhaite pas ça à son prochain.

C’est aussi une empreinte du milieu de la mode qui heureusement se rajeunit et apporte des valeurs plus intéressantes que le seul paraître. Le paraître avec une âme ! Sophie se révèle à nous comme sa chevelure d’albâtre et cela pousse le lecteur à réfléchir à l’acceptation de son propre physique.

Voici un joli témoignage qui nous emmène plus loin qu’attendu, l’air de rien, avec beaucoup de sensibilité et de d’intelligence.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 252
Editeur : Robert Laffont
Collection : Roman
Sortie : 17 août 2017
Prix : 19 €