Un gentleman déshonoré – Avis +

Présentation de l’éditeur

« C’est l’amour qui fait les bons mariages. » Des idées aussi sottes et sentimentales, lady Victoria Wexhall les laisse aux oies blanches. Elle-même compte bientôt épouser un riche aristocrate mais, tout d’abord, elle va profiter d’un séjour en Cornouailles pour se venger d’un homme qui, trois ans plus tôt, lui a infligé un terrible affront.

Le Dr Nathan Oliver, fils cadet d’un comte, est en réalité un ancien espion soupçonné de vol depuis une mission qui a mal tourné. Lorsque Victoria découvre qu’elle détient la preuve de son innocence, elle lui promet de l’aider à blanchir son nom, à condition qu’il l’associe à son enquête. Cette fois, c’est elle qui mènera la danse ! Mais alors pourquoi perd-elle tous ses moyens au premier baiser échangé ?

Avis de Marnie

Jacquie d’Alessandro s’est spécialisée dans la romance « de divertissement ». Son talent ressort surtout dans sa façon très ludique de relater les évènements… Elle écrit une comédie historique sentimentale et l’assume totalement. Digne héritière d’écrivains comme Georgette Heyer, ses romans visent, non à faire rêver, mais certainement à amuser, charmer, la légèreté (ce qui n’est pas péjoratif ici) étant le maître-mot de cet écrivain.

L’auteur réussit tout à fait son pari avec cette aventure enjouée et pleine de spontanéité. Pour éviter d’être obligée de nous présenter une héroïne trop fidèle à son époque ce qui rendrait alors le déroulement de son récit improbable, Jacquie d’Alessandro va lui mettre entre les mains un livre sulfureux, une sorte de manuel égalitaire avec en prime des cours d’éducation sexuelle, Victoria Wexhall devenant alors une sorte de suffragette avant l’heure (car nous sommes en pleine Régence) fixant sans beaucoup de complexe l’anatomie des garçons, et refusant d’obéir aux ordres qui lui sont donnés.

Le ton ludique et coquin est si sympathique que nous surmontons sans vergogne ces anachronismes. Le rythme assez endiablé nous aide beaucoup, même si nous pouvons regretter une petite faiblesse de « scénario ». Il manque un tout petit peu de péripéties, d’intérêt pour les personnages secondaires qui ne sont qu’ébauchés, ce déséquilibre est dû au fait que l’auteur s’attache vraiment au couple vedette. Le Docteur Nathan Oliver est un héros comme on les apprécie, un peu dépassé par le caractère plus qu’affirmé de la femme vers laquelle il se sent irrémédiablement attiré, séduisant, charmeur, avec un petit côté sombre (il cherche à retrouver son honneur perdu…) il a suffisamment de facettes pour retenir notre attention. Si Victoria a le souhait saugrenu de vouloir se venger de lui pour une broutille d’adolescente, la jeune femme nous paraît bien vite intéressante avec son côté pragmatique, ainsi sa volonté assumée d’épouser un membre de la haute société sans l’aimer (ce qui est totalement cohérent avec son époque) et son entêtement à aider notre héros malgré le danger.

C’est une comédie « champagne »… qui pétille, nos héros virevoltent, courent un peu partout sans que l’on comprenne ni pourquoi ni comment, mais qu’importe ! Le charme qui se dégage de l’ensemble est si entraînant que l’on oublie le manque de profondeur. Les scènes sensuelles sont piquantes et attrayantes, certains moments sont carrément humoristique avec la présence d’animaux incongrus, si bien que nous ne nous ennuyons jamais. Si vous souhaitez passer un bon moment, dans une ambiance gentillette mais jamais niaise, ou vous trouverez émotion, tendresse, et deux heures d’évasion, voici votre roman du moment !

Avis de Domino

Le propre d’un bon écrivain est de parvenir à passionner, émouvoir et faire rire son lecteur avec une intrigue de l’épaisseur d’une feuille de papier cigarette même mainte fois rebattue. Jacquie d’Alessandro dans Un gentleman déshonoré réussit ce tour de force !

Les deux héros se sont rencontrés trois ans plus tôt et après un baiser torride se sont séparés. Lorsqu’ils se revoyent c’est tout d’abord la rancune qui préside à leurs retrouvailles avant que ne flambe de nouveau entre eux la passion. Victoria sous des dehors mondains et sages masque sa nature volcanique et passionnée que Nathan se plaît à stimuler…au risque de se brûler. Nathan de son côté sous un aspect désinvolte cache une âme meurtrie et tourmentée. Trois ans plus tôt les soupçons de sa famille et de ses amis l’ont profondément blessé et il a préféré fuir plutôt que de se justifier. Son retour en Cornouailles est pour lui l’occasion de faire toute la lumière sur les évènements du passé et surtout de laver son honneur terni et sûrement pas de se lancer dans une aventure amoureuse. Le destin facétieux va lui imposer, à son corps défendant, une partenaire, Victoria, la seule femme qui l’ait véritablement troublé.

Le charme du roman est en grande partie porté par la personnalité des héros. Victoria semble être l’incarnation du fantasme féminin de Hitchcock, une femme de feu sous une enveloppe de glace, la seule entorse ici étant que Victoria est brune au lieu d’être blonde ! Sous la perfection glacée de la femme du monde de la Régence vibre une âme passionnée faite de feu et à la sensualité débridée. Cette association pour le moins inattendue ne peut que séduire le fantasque Nathan, lui aussi pétri de contradictions et tout aussi sensuel que Victoria.

Les escarmouches entre Victoria et Nathan pimentent le roman et leurs relations. Ils se battent à coups de mots tentant désespérément de lutter contre le désir puissant qui les pousse l’un vers l’autre, avant que d’y succomber. Le lecteur s’amusera des dialogues légers et drôles tout comme des interventions inattendues de la ménagerie de Nathan.

L’intrigue policière s’efface au profit des scènes sensuelles et apparaît même par moment parfaitement accessoire. Le plus étrange est que le roman n’en pâtit le moins du monde. On s’interroge bien plus sur la façon dont Victoria et Nathan vont s’y prendre pour enfin s’avouer leur amour que sur la découverte des bijoux et du méchant !

L’histoire est si bien menée que l’auteur parvient même à faire oublier des incongruités, des invraisemblances qui dans tout autre roman feraient lever les yeux au plafond. En effet, Victoria assume et revendique sa sexualité comme seule une femme d’aujourd’hui le ferait et certainement pas comme une jeune femme de la bonne société de l’époque. Elle envoie son bonnet et sa virginité par-dessus les moulins avec une décontraction qui laisse pantois. Même la perspective de mentir à son futur mari ne provoque en elle aucune culpabilité. Le plus étonnant est que le lecteur avale tout la ligne, et l’hameçon, sans sourciller !

Jacquie d’Alessandro livre un roman drôle et enlevé qui ne prétend à rien d’autre que de divertir et elle y réussit fort bien. Si vous êtes à la recherche d’un livre qui vous fera passer agréablement les quelques heures lors d’un long voyage en train ou d’une après-midi pluvieuse, ce livre est fait pour vous.

Divertissement assuré !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 314
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 17 mars 2008
Prix : 6,50 €