Traîne pas trop sous la pluie – Avis +

Quatrième de couverture

 » Je suis arrivé devant l’hôpital posé à quai comme un cargo la nuit.
Ses lumières immobiles sous la pluie. Planté là sous le néon, dégoulinant de l’averse. Le vent frissonne sur les flaques.

Quelqu’un marche vite. Un taxi ferme sa lumière.

J’y suis.

J’ai demandé au toubib, perdu au milieu des perfus, des chariots, des solitaires sans un son, et puis d’autres qui en ont marre.

On sait plus si c’est de la vie.

J’ai demandé au toubib s’il me gardait cette nuit.

Il a dit oui.  »

Avis d’Enora

Terrassé par une infection virale, Richard Bohringer est hospitalisé lors d’une nuit pluvieuse. La fièvre, la douleur, la mort ; il s’évade de ce corps malmené, surfe sur son délire et part au pays des souvenirs, des blessures qui ne cicatrisent jamais, de l’inoubliable, de l’amour, de l’amitié. L’homme à la mémoire balafrée, de grosses rayures à l’âme mais l’envie de finir ce combat et d’être un survivant.

Du petit garçon seul, membre actif de la tribu des désespérés, qui pleure sa mère et qui essaiera plus tard de combler ce creux au ventre à grand renfort de drogue et d’alcool, à l’homme qui a appris à pardonner aussi bien aux autres qu’à lui-même, en passant par l’amoureux de l’Afrique, c’est le combat d’une vie qui nous est ainsi livré. Les amours, les amis, vivants ou morts, sa mère, sa mamie, le renvoient toujours à la solitude profonde de la condition humaine. La maladie, pause obligée, arrête le tourbillon de mouvement de cet homme infatigable, alors il s’enfouit, s’enfuit, dans l’imaginaire et la mémoire.

L’écriture est percutante, chaloupée, musicale et s’égraine au rythme des battements de son cœur malade qui, tel le tam-tam africain ou le bongo colombien, maintient la trame rythmique d’une vie en escale.

Leçon de vie, leçon d’espoir, l’espoir de retrouver la curiosité de chaque instant, de devenir sans amertume l’homme qu’il veut être et « d’entendre l’arbre, la nuit, se retourner dans son lit d’écorce ».

Récit d’un homme qui semble enfin réconcilié avec lui-même, d’un homme bien, d’un homme debout : « Il faudra vivre en portant la valise. Tu vois, jeune homme, j’y crois. Il est vrai que l’escalier grimpe haut et qu’il tourne à chaque étage. J’y croiserai d’autres humains qui redescendent découragés de toutes ces marches. Je n’aurai de regard que vers le ciel, là-haut. »

Bouleversant !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 171
Editeur : Flammarion
Sortie : 15 septembre 2010
Prix : 15 €