Tangled – Avis +

Résumé de l’auteur

Rebecca, Lady Cardwell, is inconsolable after her beloved husband is killed during the Crimean War. She is bitterly resentful that it is his foster brother, David, who has survived and come home. Then David asks her to marry him and, despairing of any future happiness, she accepts. But the tangled web of past secrets and future complications brings her alive again–to both pain and ecstasy.

Avis de Marnie

Deuxième livre que je dévore de cet auteur que l’on vient de me faire découvrir, et là encore, c’est une réussite où Mary Balogh fait preuve d’une maîtrise impressionnante. Ce roman de près de 400 pages présente tout ce que l’on attend d’un roman historique, que ce soit :

– les connaissances du contexte sur la guerre de Crimée et l’Angleterre de 1854 en pleine révolution industrielle,
– une intrigue avec peu de rebondissements mais qui prennent à chaque fois une direction totalement imprévisible,
– des héros complexes et torturés, profondément ancrés dans la réalité de l’époque réagissant en conséquence et dont l’introspection de chacun mise en parallèle, passionne le lecteur,
– des personnages secondaires, dont l’évolution certaines fois inattendue, provoque les évènements ; ils enrichissent de leurs réflexions et de leurs caractères nuancés, le récit,
– une écriture, comme toujours chez Balogh, élégante et choisie, où les émotions sont si bien rendues que ce style maîtrisé entraîne irrémédiablement et dès les premières pages, le lecteur dans un maelström de sentiments où il a l’impression de n’être pas seulement le spectateur, mais de les ressentir lui-même.

Rebecca est une héroïne de l’ère victorienne. Elevée, éduquée avec l’idée réelle pour l’époque, que seul son mari est en droit de lui procurer un statut social, la jeune femme n’a jamais ressenti l’envie de se rebeller sauf une fois, lorsque malgré la légère insistance des siens, qui souhaitaient qu’elle se marie avec David, l’héritier du domaine voisin, la jeune femme a préféré s’unir avec celui dont elle est folle amoureuse et qui a été élevé comme le frère du prétendant, Julian, pourvu d’après le regard d’une épouse aveuglée par l’amour, de toutes les qualités. Veuve, deux ans plus tard, désespérée d’avoir perdu l’homme qu’elle adorait, ne se sentant même plus femme après avoir subi deux fausses couches, Rebecca n’existe plus aux yeux de la société, n’a plus d’avenir ni d’espérance…

David, homme sombre et très réservé, a une telle noblesse de caractère et le sens de l’abnégation, qu’il a passé toute sa jeunesse à protéger celui qui est pour lui comme un frère, en endossant toutes les bêtises puis les fautes plus graves commises par un Julian extraverti, charmeur, malicieux et insouciant ne réalisant jamais ou sont les vraies frontières du bien et du mal. David, qui place le sens de l’honneur au-dessus de tout, conscient de ses responsabilités, de son devoir envers les autres, rongé par la culpabilité d’avoir commis un acte terrible et irrémédiable, propose le mariage à une Rebecca réticente, lui promettant une vie où la jeune femme pourra trouver une certaine satisfaction à œuvrer pour le bien de la communauté tout en étant au centre d’une vie sociale bien remplie.

Tout cela ne semble guère palpitant. Pourtant c’est ici qu’intervient ce la qualité la plus passionnante des livres de Mary Balogh : l’introspection. Pour chaque jour qui passe, chaque petit évènement est commenté et disséqué par chaqu’un des deux héros. Dès les premières pages, nous savons que David est fou amoureux, sans espoir, de la femme de Julian, et cette dernière ne le supporte que difficilement, confrontée à certaines répercussions des fautes qu’elle pense qu’il a commises. De malentendus en non-dits, d’interprétations de gestes ou de froncements de sourcils, ils s’interrogent, se trompent, hésitent et font des choix malheureux ou non, David s’efforce avec un certain désespoir de garder intact dans la mémoire de son épouse, le souvenir auréolé de l’homme parfait qu’était Julian. Quant à Rebecca, elle se retrouve impuissante malgré sa bonne volonté, devant un mari froid, introverti, énigmatique, habité la nuit par des rêves horribles dont elle ne comprend pas la signification.

Ils sont tous les deux poignants, dans leurs choix et leur façon d’appréhender l’existence, privilégiant les valeurs de l’époque victorienne, pour lui la noblesse d’âme et le devoir, pour elle l’obéissance et le devoir. Si cela peut étonner le lecteur actuel, ils sont en totale cohérence avec leur propre identité. Toutefois, c’est ainsi que la seule rebellion de la jeune femme (à son corps défendant) vers la fin du livre, aura soudain plus de force et de valeur que tous les aveux réunis.

Ils deviennent assez rares les livres que l’on regrette de refermer au dernier chapitre. C’est le mélo parfait comme on adorerait en lire plus souvent, qui provoque émotion et même larmes… J’avoue que je vais tout faire pour débusquer les autres romans de cet auteur. J’ai l’intuition que même un livre moyen de Mary Balogh doit valoir des dizaines de ce que l’on peut qualifier de bons écrits par la plupart des auteurs actuels !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 384
Editeur : Topaz
Sortie : 1er mars 1994
Prix : épuisé (4,90 $) – disponible sur les sites de vente de livres d’occasion