Sunshine – Avis –

Histoire

On aurait pu l’appeler « Sunchiant », tant on a l’impression de passer deux heures à l’église à attendre la fin de cette messe.

Avec Sunshine, un nouveau plancher dans le domaine du navet est mis au jour et défoncé tout à la fois. Un domaine jusqu’ici inexploré dans le huis-clos philosophico-religio-gnangnan moralisateur est découvert, pour le plus grand malheur de l’audience. Et pour fêter l’évènement, pour la première fois dans l’histoire de ma rubrique « Critique de films », j’accorde une note négative à un tel navet. Faut le faire.

Imaginez Ze Core, mais sans les moments (non prévus par le scénariste) où l’on rigole un bon coup, et avec des acteurs névrosés jusqu’à la moelle, comme s’ils avaient passé leur vie dans une rue sombre de Manhattan, que du reste ils emportent avec eux dans leur vaisseau (« une bombe de la taille de Manhattan« ), vous rajoutez un équipage de bobos pontifiants sans culture scientifique (à l’exception de la belle Michelle Yeoh, qui joue le rôle d’une hippie végétophile diplômée qui fait pousser de la salade dans une laverie automatique), accompagnés d’un psychanalyste obsédé (hep, ils sont nouillorquais, hein). Profitez-en pour rempomper sans recherche et sans vergogne quelques scènes de 2001, Solaris, Event Horizon, Freddy, et même House of Wax (ah, les fesses osseuses de Paris Hilton !), et surtout, invitez tous ces « critiques » -potes de cocktail de l’auteur- à venir chanter les louanges de l’infâme brouet ainsi concocté… vous obtenez alors Sunshine.

Franchement, il faudrait qu’on me paye pour avoir réussi l’exploit de traverser cet épuisant navet de bout en bout. Un conseil : n’allez pas le voir en salle, n’achetez pas le DVD et ne dépensez pas un octet de bande passante pour télécharger ça ; ce sont deux heures de votre vie que vous y risqueriez, réfléchissez ! Ce qui est incroyable, c’est qu’en comparaison, j’aie trouvé des qualités de film d’action à Solaris, du vrai suspense à Event Horizon, et même un fond de vraisemblance scientifique à Ze Core !

Et comme si ce n’était pas suffisant, à la torture mentale du scénario s’ajoute la torture physique de l’écœurant bougé mêlé de flou de la caméra dans plusieurs scènes du film. Le gars doit avoir des actions dans les entreprises de nettoyage de moquettes de salles de cinéma.

Mais le pire, non seulement le film est archi-nul, mais en plus son prétentieux auteur se prend pour un génie de la science-fiction, domaine auquel il est et reste totalement étranger. Il aurait dû se cantonner aux histoires de new-yorkaises ménopausées névrotiques en manque de sexe qui vont se bourrer de crème au chocolat chez leur psychanalyste, à l’image de son public habituel.

Putain, deux heures de ma vie que je ne pourrai jamais plus récupérer…

Comment changer le scenario pour que le film soit moins mauvais

– On envoie l’auteur au goulag pendant 150 ans incompressibles, à gratter au fond d’une mine de sel sans plus jamais voir le Soleil, qu’il a tant insulté avec son étron puant. On y envoie aussi les critiques dithyrambiques qui lui ont accordé une bonne note et ainsi trompé le public, se rendant du même coup coupables de complicité d’escroquerie et de temps de vie perdu. On poste des (vrais) spectateurs de son truc à l’entrée de la mine avec des battes de base ball garnies de clous rouillés pour être sûr que personne ne le laissera plus jamais remettre le nez dehors.

– On engage le scénariste de Ze Core pour refaire les dialogues et gicler toute cette merdasse pseudo-philosophique en la remplaçant par une déconnade sans prétention, mais qui fait pouffer de rire tant c’est ridicule. Important : la mission est toujours officiellement de rallumer le Soleil, toujours sans expliquer par quel miracle celui-ci s’éteint, mais les membres de l’équipage, qui ne sont pas nés de la dernière pluie et savent bien que tout ceci n’est que billevesée physiquement impossible, profitent du voyage pour prendre la poudre d’escampette et se casser du Système Solaire, laissant les derniers terriens, trop stupides pour mériter de survivre, à leur sort inévitable (le Soleil, à la fin de sa vie, deviendra une géante rouge, finissant par engloutir la Terre).

– On en profite pour faire rempiler les acteurs de Ze Core (sauf le constipé qui jouait le rôle du commandant de bord), mais on garde la belle Michelle Yeoh (pour laquelle j’ai un faible, si vous ne vous en êtes toujours pas aperçus) dans le rôle, non plus d’hydroponiste givrée, mais de commandante de bord (on ne négligera pas non plus de la munir d’une épée chinoise, de préférence Green Destiny, accessoire qu’elle manie avec art).

– On invite l’âne bâté insulino-dépendant qui joue le rôle de Néo et la grognasse frigide anorexique qui fait Trinity de Matrix, pour servir de chair à canon dans les scènes de noble sacrifice déchirant. Inutile de préparer plus de deux lignes de dialogue pour eux, un « Whoaaah ! » pour lui et un « Shit ! » pour elle suffiront. De toutes façons, ils ont des voix désagréables. Of course, les vêtements moulants en Skaï (latex ?) noir sont de rigueur pour ces deux-là. Ça nous fera un comic relief tout trouvé lors du dangereux passage dans le champ magnétique de Jupiter.

– Comme il faut respecter le quota de noirs, on récupère Mace Windu de Star Wars – episode 3 pour un numéro de sabre-laser contre l’épée magique Green Destiny de la belle Michelle Yeoh, qui le tient en respect, sans victoire d’un côté ou de l’autre pendant un combat-danse nuptiale haletant de plus de 10 minutes, au bout duquel Mace Windu sauve la vie de la belle Michelle Yeoh en coupant la tête d’un serpent (recyclé d’un autre film avec Mace Windu) qui s’était glissé dans la soute à bagages lors du départ et qui menace opportunément de mordre son petit nez charmant, et c’est le coup de foudre réciproque tandis que le vaisseau dépasse l’orbite de Neptune (les membres de l’équipage n’ont jamais eu l’intention d’aller dans le Soleil et se la jouent cassos, si vous vous souvenez).

– Dans l’ombre de Neptune, à la lumière des bougies fabriquées avec la graisse de Néo, qui s’était noblement sacrifié au passage de Jupiter (pour un motif quelconque laissé en exercice au lecteur), a lieu la scène chaude du film, scène qui justifiera à elle seule le prix du billet et incitera à revenir visionner le film plusieurs fois.

– Et comme il faut terminer sur une note chantante, alors que le vaisseau a traversé le nuage d’Oort et s’envole vers une autre étoile dans le plus pur style « nouveau départ », avec la participation active de Mace Windu et de la belle Michelle Yeoh (qui trombinent toujours gaillardement, à la grande joie des fans qui reviennent voir le film pour la douzième fois) le Soleil se décide enfin à finir ses 10 milliards d’années dans la séquence principale pour passer au stade de géante rouge en accéléré (transition en 30 secondes au lieu d’1 million d’années, comme à Hollywood), débarrassant la Terre de toute infection socialiste (à la fin du film, la France est nettoyée, d’ailleurs).

Cela dit, le type qui a pondu le scénario original étant un gros ponte « respecté » du milieu des amateurs de films chiants, il sera difficile de faire réparer cette catastrophe, et il vaudrait alors mieux recommencer de zéro…

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de Gus