Sukedachi 09 : tome 1 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Véritables incarnations de la loi du Talion dans le Japon féodal, les Sukedachi , des guerriers d’élites, ont disparu après des siècles de présence… mais les voici de retour au sein d’une organisation gouvernementale pour appliquer leur justice : impitoyable, irrémédiable et définitive !

Bras vengeurs, assassins, mercenaires, anges exterminateurs ou démons… qui sont ces guerriers aux multiples noms ? Face à une société moderne qui semble trop laxiste vis-à-vis de la criminalité, les Sukedachi reviennent pour rétablir un justice radicale qui a fait ses preuves.

Mais où s’arrête la justice et où commence la vengeance ?

Avis de Hirone

La natalité au Japon est en baisse et sa criminalité en hausse. Le gouvernement fait alors en sorte d’impulser la remise au goût du jour d’une ancienne loi du talion du Japon féodal, celle encadrant les Sukedachi. Cette loi permet à la partie civile, ici plus spécifiquement la famille de la victime d’un meurtre, de demander lors du procès la peine dite de « condamnation à mort par réparation ».

Cette sanction pénale est toute simple, il est mis à la charge d’un agent du gouvernement, un sukedachi, de mettre à mort le coupable de la même manière dont il a tué la victime pour laquelle la peine est appliquée. L’adage « œil pour œil et dent pour dent » prend ici tout son sens. ce n’est pas tout, car la personne qui a demandé cette peine peut suivre le meurtre du criminel à travers un casque de réalité virtuelle, un petit côté « comme si vous y étiez » afin que la partie civile se puisse se sentir « vengée ».

Il y a tout d’abord sept sukedachis qui seront rejoints, dans ce premier volume, par deux nouvelles recrues. Les conditions d’entrées sont difficiles, car pour en devenir un, il faut comprendre le ressentiment qui existe chez les victimes. Il faut ainsi avoir été soi-même victime directe ou par ricochet d’un crime particulièrement atroce.

Tous les meurtriers ne seront pas forcément punis par cette nouvelle loi, cette dernière ne peut être demandée que par la partie civile, et l’affaire doit répondre à certaines conditions. Il est cependant malheureux que nous n’en sachions pas un peu plus sur les motivations du prononcé de cette peine, car nous avons ici un permis de tuer légal et public aux yeux de la population. Et ce manque de motivation concernant le jugement peut alors nous rendre curieux.

Ce n’est alors pas sans surprise de voir notre héros, Yuji, qui cache sa condition de sukedachi à son amie, Haruka. Cette dernière est journaliste et est intéressée par cette peine et sa mise en œuvre. Yuji est assez particulier, plutôt niais lorsqu’il est avec Haruka et plus ténébreux dans son rôle d’exécutant. Il apparaît également qu’il porte en lui de grandes blessures. Nous n’en savons pas beaucoup plus, mais ce qu’on en voit est qu’elles sont aussi bien physiques que morales, et ça nous intrigue. On est forcément intéressé par son passé, comme on veut savoir quelle histoire se cache derrière chaque sukedachi.

Dans ce premier volume, ça sera la sukedachi Ryoko, une des petites nouvelles, qui va être mise en avant lors de sa première exécution.

Ce manga est intéressant, car il met en avant la réaction des victimes qui ne se sentent pas forcément bien après l’exécution de la peine. Et celles des coupables, face à leur mort, ils sont assez différents mais bien souvent arrogants. Enfin, il y a aussi la vision qu’en a les sukedachis. Ils sont le bras armé – littéralement – du droit pénal et doivent apprendre à se contrôler, ce qui n’est pas bien facile avec leurs antécédents et ce travail.

Concrètement, heureusement qu’on ne fait pas que suivre les exécutions bien que ce soient ce qu’on voit en majorité. Si ce manga ne se résumait qu’à cela, on s’ennuierait vite, mais le mangaka a réussi à glisser quelques débuts d’intrigues. Il y a d’abord avec Haruka, la petite journaliste qui veut comprendre cette loi, mais aussi les anti-sukedachis. Car on ne peut pas nier que la mise en œuvre de celle-ci est parfois curieuse au vu des différences des affaires. On entend les arguments des uns et des autres, mais ce n’est pas toujours facile d’admettre son exécution.

Le manga nous embarque assez rapidement dans son univers violent. La petite touche d’humour qu’on a de temps en temps n’est vraiment pas désagréable, car on nous montre les côtés les plus sombres des humains. Ce premier tome n’emballera cependant pas forcément tout le monde, on peut noter quelques petites coquilles de vocabulaires juridiques, et ceux connaissant un peu le droit pénal vont bien souvent lever les yeux au ciel… Surtout si on pense à le comparer avec notre droit français (chose qu’on déconseille vivement).

Après s’être détaché de nos lois, l’immersion est plus facile et nous découvrons une série vraiment intéressante. Il faut également souligner que les cases sont bien fournies, le dessin est propre et claire, mais on peut remarquer quelques petites incohérences. Cependant, notre intérêt est tenu jusqu’à bout, et on a hâte de voir où cela nous amènera car à part quelques petites pistes soulevées, nous ne voyons pas encore se profiler de grosses intrigues, mais on lira forcément la suite vue la fin qu’on nous offre.

Fiche Technique

Scénario & Dessin : Seishi Kishimoto
Format : poche
Pages : 240 p. noir & blanc, sens de lecture japonais
Éditeur : Kurokawa
Catégorie : Shonen
Sortie : 9 juin 2016
Prix : 7,65 €