Sortilège – Avis +

Présentation de l’éditeur

Je suis un monstre. Pourtant, autrefois, j’étais le type parfait : grand, beau, riche et… atrocement méchant. Je n’aimais que moi et c’est pour cela qu’un sort m’a été jeté. Je suis devenu une bête difforme, velue, monstrueuse. Il me reste deux ans pour être aimé d’une jeune fille, sinon…

Ceci n’est pas un conte de fée. Mon histoire prend place aujourd’hui, en plein coeur de New York. J’espère que quelqu’un va venir à mon secours.

Avis de Claire

Le roman s’ouvre par une parodie de dialogues dans un forum. On y chatte de problèmes existentiels, comme le fait d’être transformé en grenouille, en monstre ou en prince… Vous l’aurez compris, nous sommes dans un hommage aux contes de fées de notre enfance, le modérateur du forum s’appelle d’ailleurs M. Anderson, comme un certain Hans Christian d’un autre siècle…

Sortilège, cependant, se revendique clairement comme une réécriture du fameux conte de Madame Leprince de Beaumont, écrit en 1757, La Belle et la Bête[[Ecrit à partir d’une nouvelle de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve dans le recueil La Jeune ‘Amériquaine’ et les contes marins, lui-même inspiré de l’italien Jean François Straparole de Caravage, qui publia les premiers contes de fées au XVe siècle]]. On y retrouve la trame originelle : avec sa position de nanti et son allure de top-modèle, Kyle Kingsbury se sent supérieur aux autres et agit comme tel.

Son caractère très exagérément pédant va l’amener à commettre l’irréparable : attiser le courroux d’une sorcière. Humiliée, celle-ci va se venger en le transformant en monstre. Carrément. Avec des griffes, des poils, une vraie bête. Comme dans le conte, notre héros va devoir faire pénitence et remonter tout un véritable chemin de croix pour se racheter. Lequel chemin sera d’autant plus ardu tant le héros est extraordinairement malotru.

Tout l’argent de son père vedette de la télévision ne peut rien y faire, aucune médecine, aucune chirurgie esthétique ne peuvent l’aider. Son seul espoir est de se faire aimer pour lui-même, mais vu qu’à l’intérieur il est aussi laid qu’à l’extérieur… Nous sommes à New York, au XXIe siècle et personne ne peut rien pour lui. Il choisit de s’enfermer et de changer d’identité, il sera donc Adrian King.

Et parce que l’on est à New York et au XXIe siècle justement, la solution viendra peut-être d’un pauvre camé qui propose un arrangement très lâche à Kyle : il lui laisse sa fille pour ne pas aller en prison… La jeune fille va donc se retrouver prisonnière d’un monde confortable et feutré où elle va peu à peu apprivoiser le monstre grâce à sa personnalité entière et raffinée.

De livres en livres (Jane Eyre, Le Fantôme de l’Opéra, Notre-Dame de Paris… qui ont tous en commun l’homme défiguré amoureux de l’héroïne), d’effleurements en discussions, un lien émouvant et profond va irrésistiblement et naturellement se créer entre les deux jeunes gens…

Le roman de Alex Flinn se lit très agréablement, parce que exactement calqué sur la trame du conte originel que l’on connaît si bien. Elle a su parfaitement adapter cette histoire universelle aux codes de notre époque, ainsi internet y joue un rôle non négligeable, ce qui ne manque pas d’humour…

Notons également en filigrane, une critique acerbe de cette mentalité du tout-parfait, monnaie courante aux États-Unis où de très jeunes gens ont recours à la chirurgie esthétique.

A découvrir si l’on aime les jolies histoires d’amour !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 352
Editeur : Hachette
Collection : Black Moon
Sortie : 15 juin 2011
Prix : 14,90 €